Dividendes : le grand flou des gouvernements
Written by Loïc Masson on 30 mars 2020
Le gouvernement français, comme la plupart de ses homologues, légifère en ce moment aussi vite que possible, pour endiguer la crise sanitaire, mais aussi économique. Dans la précipitation, difficile de prendre des décisions fortes sans les réajuster dans la foulée, à l’image du blocage des dividendes.
300 milliards d’euros de prêts garantis par l’État et encore 45 milliards pour aider les sociétés à survivre à la crise. C’est la promesse initiale du gouvernement, affichée dès le début de l’épidémie. Pour éviter que les actionnaires ne dilapident l’argent des plans de relance en le récupérant sous formes de dividendes, les États-Unis et l’Allemagne par exemple, ont immédiatement conditionné le versement de ces aides. La France s’est avérée bien plus timide.
Dans un premier temps, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, s’est contenté d’appeler je cite « les grandes entreprises à la plus grande modération ».
Je demande à toutes les entreprises, notamment les plus grandes, de faire preuve de la plus grande modération sur le versement de dividendes. C’est un moment où tout l’argent doit être employé pour faire tourner les entreprises. @franceinfo #COVIDー19
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) March 24, 2020
Dont acte, plusieurs sociétés dont BNP ont annoncé, dans la foulée, le montant record des dividendes qu’elles s’apprêtaient à verser.
Vendredi, la Baque centrale européenne a donc été bien plus ferme : pas de dividendes pour les banques de la zone euro avant octobre 2020. Dans la foulée, Muriel Pénicaud, ministre du travaillera étendu la règle aux entreprises où l’État est actionnaire. Le recadrage de la BCE aurait été entendu par Emmanuel Macron qui l’aurait lui même appliqué à Bruno Le Maire.
Samedi, les avertissements sont devenus des actes : un projet de loi pour encadrer strictement les dividendes dans les sociétés qui bénéficient de reports d’échéances doit être soumis au Premier ministre.
Toutes les grandes entreprises qui auraient bénéficié de reports de charges sociales et fiscales et qui versent en même temps des dividendes devront rembourser cette avance de trésorerie de l’État avec des pénalités d’intérêt. #COVID19 pic.twitter.com/VWRhLcix5G
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) March 27, 2020
Pendant ce temps là, l’entreprise allemande Adidas, 2 milliards d’euros de bénéfices en 2019, et le géant suédois H&M ont décidé d’arrêter de payer le loyer pour leurs magasins fermés. Une décision jugée, je cite, « indécente et inacceptable », par la ministre de la justice allemande, Christine Lambrecht.