L'éco de Marc Tempelman

Le capitalisme responsable : l'édito de Marc Tempelman

Le capitalisme responsable : l'édito de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour Simon. Je pensais dans le contexte du confinement, que nous pourrions aborder le sujet délicat de la réputation d’entreprise en étudiant la façon dont certains grands groupes ont réagi face à cette crise sanitaire et financière.

Très bien. Nous allons donc parler de capitalisme responsable ?

En effet, avant que le Covid 19 ne mette à l’arrêt les grandes économies du monde, les dirigeants des grandes entreprises promettaient quasiment tous d’adopter un style de gestion qui prenne en compte l’intérêt des employés, des clients, des actionnaires et de la planète. Et donc de laisser tomber l’ancien format du capitalisme pur et dur, qui plaçait les intérêts de l’actionnaire au-dessus de tout. C’est dans une situation de crise comme celle que nous vivons aujourd’hui que nous pouvons vérifier dans la pratique, quelles sociétés adhèrent véritablement à ce nouveau mode de fonctionnement … et aussi identifier les entreprises pour qui le capitalisme responsable n’était qu’un beau concept théorique.

Avez-vous des exemples à nous donner ?

Bien sûr. Et juste pour être précis, je ne pense bien évidemment pas que les grandes multinationales soient responsables de la pandémie. Mais il est intéressant d’observer la diversité des réactions face à cette crise. Il y a, en gros, deux camps : ceux qui cherchent à protéger et aider leur personnel et la population le mieux possible, et ceux qui essayent de profiter de la situation.

Commençons par quelques vilains ! 

Très bien. Le PDG de JD Wetherspoon, une grande chaîne de pubs au Royaume-Uni a été fortement critiquée pour s’être opposée le plus longtemps possible à la fermeture de ses bars et restaurants, exposant ainsi plus longtemps que nécessaire son personnel et ses clients au virus. 

Plusieurs ministres Allemands ont ouvertement critiqué Adidas d’avoir suspendu le paiement des loyers de ses magasins en Allemagne. Une loi avec des mesures d’urgence incluant la possibilité de suspendre le paiement des loyers a bien été votée. Donc Adidas est dans son droit. Mais le ministre des finances a rappelé au fabricant de vêtement sportifs que la mesure était sensée aider les entreprises souffrant d’un stress financier prononcé provoqué par la crise sanitaire, pas par des grands groupes disposant de liquidités importantes.

Dernier exemple. La société pharmaceutique américaine Gilead a dû faire marche arrière, quand il est apparu qu’ils avaient tout fait pour sécuriser l’exclusivité sur un de leurs médicaments expérimentaux contre le Coronavirus. Cette exclusivité leur aurait notamment permis d’en fixer le prix pendant 7 ans, tout en bénéficiant de certaines aides fiscales. Accusé publiquement de faire des calculs de profitabilité morbides, la société n'a stoppé sa demande d’exclusivité que quelques heures avant son obtention.

Et quelles sociétés pouvons-nous classer du côté des plus civiques ?

Eh bien, parmi les compagnies pharmaceutiques nous pouvons citer AbbVie, qui a volontairement renoncé à la protection de son brevet sur son médicament en cours de développement Katera qui pourrait être efficace contre le Coronavirus et qui met ainsi la solidarité avant ses potentiels profits.

Ou nous pouvons citer les marques de luxe Chanel et Hermès qui ont publiquement annoncé qu’ils n’allaient pas mettre au chômage partiel leurs salariés aujourd’hui désoeuvrées, alors que la loi leur y autorise. Elles ont choisi de continuer de verser les pleins salaires à la totalité du personnel pour ne pas alourdir la charge financière de l’Etat. Hermès va plus loin en faisant un don aux Hôpitaux Publics et en réduisant un peu les dividendes qu’elle verse aux actionnaires. Elle a aussi décidé d’annuler des hausses de salaires pour ses dirigeants, afin de faire contribuer actionnaires et cadres supérieurs à cet effort. Enfin, la société a décidé, comme LVMH d’ailleurs, de temporairement réaffecter plusieurs lignes de production pour fabriquer des masques et des gels hydroalcooliques.

Nous voyons donc bien la réelle personnalité des grands groupes se dessiner, et il faut reconnaître que bon nombre d’entre eux font le maximum pour contribuer à la sortie de crise. Et pour ceux qui ne le font pas, reconnaissons aussi la puissance des réseaux sociaux et des médias, pour les ramener dans le droit chemin de la solidarité.