Eglises orthodoxes – L’édito d’Ulysse Guttmann-Faure
Écrit par Euradio sur 25 avril 2022
Ulysse, pour votre dixième chronique de l’année, vous avez souhaité nous parler de religion, entre tradition et actualité, notamment autour des églises orthodoxes…
Tout à fait, de religion, chrétienne plus précisément, chrétienne orthodoxe. Concernant la tradition et l’histoire, savez-vous déjà ce qui distingue la branche orthodoxe de la branche catholique au sein du christianisme ?
Tous deux issus de ce que l’on appelle le « christianisme ancien », Catholiques et orthodoxes croient en Dieu et en Jésus-Christ qu’ils considèrent comme le messie, et s’appuient sur le même livre sacré, la Bible. En 1054 pourtant, un profond désaccord divise le patriarche de Constantinople et le pape Léon 9 (IX), dont on a célébré la fête, jour anniversaire de sa mort, il y a quelques jours le 19 avril. La rupture entre grecs et latins est consommée lorsque le pape annonce interpréter son statut comme lui conférant une autorité canoniques sur les autres patriarches, marquant ainsi la séparation des Églises d’Occident, romaine, catholique, d’Orient, orthodoxes, pour qui seul le Christ est chef de l’Eglise.
Et, au delà de l’histoire, qu’est ce qui différencie catholicisme et orthodoxie aujourd’hui ?
Visuellement d’abord, comparez les lieux de culte des deux églises et la différence vous sautera aux yeux, notamment la richesse des églises orthodoxes, avec du velours, de l’Or, des pierres précieuses, etcétéra. Ainsi en Bulgarie par exemple, visitez sans hésiter la Cathédrale Saint-
Alexandre-Nevski de Sofia, sous ses 45m de haut et sa coupole dorée à l’Or fin. Comprenant cinq nefs et trois autels et pouvant contenir près de 10 000 fidèles, il s’agit de la deuxième plus vaste cathédrale des Balkans après l’église Saint-Sava de Belgrade.
Pour continuer sur les différences, l’orthodoxie se caractérise d’avantage par une atmosphère mystique, associant prières répétitives, jeux de lumière des cierges et symbolique des icônes.
Par ailleurs, les orthodoxes font le signe de croix avec 3 doigts de la main droite et en touchant le front, la poitrine, l’épaule droite puis l’épaule gauche. À l’inverse, les catholiques se signent de gauche à droite.
Enfin, pour en rester là, l’Église catholique impose le célibat quand les prêtres orthodoxes peuvent être mariés et avoir des enfants si l’union a été prononcée avant l’ordination.
Sans oublier une différence notable relative aux calendriers suivis….
Absolument et il ne faut pas l’oublier ! Depuis le pape Grégoire XIII, l’Eglise catholique suit le calendrier introduit par ce dernier, le calendrier grégorien. C’est celui qui s’est imposé dans la majeure partie du monde comme en france, grâce auquel nous pouvons dire que nous sommes en avril 2022, mois comportant 30 jours. L’Eglise orthodoxe s’appuie quant à elle toujours sur le calendrier julien. Calendrier solaire introduit par l’empereur Jules César en 46 av. J.-C., il comprend des mois de 31 jours quand d’autres en ont 29, comme le mois d’avril. Conséquence : les fêtes de Pâques ne tombent pas toujours le même jour. Pâques a eu lieu le 24 avril pour les orthodoxes, une semaine avant chez les catholiques.
Et une fois ce cadre posé et ces quelques rappels faits, vous vouliez revenir sur l’actualité au sein même de l’Eglise orthodoxe.
Absolument! Vous l’avez remarqué, je parle depuis tout-à-l’heure DES églises orthodoxes, celles-ci étant séparées, schématiquement, par Pays… et l’invasion de l’Ukraine met la lumière sur les séparations entre églises orthodoxes. En effet, depuis 2018, une nouvelle Eglise orthodoxe d’Ukraine est créée, distincte de la grande église orthodoxe de Russie couvrant historiquement le
territoire de l’URSS. Cette séparation est vécue comme un affront pour le patriarche russe, fervent soutient de Poutine, alors que les décisions de ce dernier notamment suite à l’invasion de la Crimée seraient la cause de la rupture. La guerre actuelle vient aggraver les fractures : côté ukrainien, on défend la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine. Côté russe, on soutient inconditionnellement le régime, malgré les conséquences sur le « peuple frère », d’après le surnom consacré.
À ce moment de la chronique, il pourrait être important de s’interroger : où sont les valeurs défendues par la religion lorsqu’une guerre éclate ?
Au sein de l’Union européenne, environ 40 millions de personnes seraient orthodoxes, principalement issus de Chypre, de Roumanie, de Bulgarie et de Grèce. Dans ce dernier pays, histoire et religion sont intimement liés… Sujet tant vaste que passionnant, qui pourrait à lui tout seul faire l’objet d’une chronique dédiée.