L'éco de Marc Tempelman

La famille royale britannique est-elle rentable ? - l'Eco de Marc Tempelman

La famille royale britannique est-elle rentable ? - l'Eco de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Et cette semaine, impossible de ne pas parler de la famille royale d’Angleterre

Mais je vous propose de le faire sous l’angle économique. Car l’accession au trône du roi Charles III est l’occasion pour de nombreux contribuables britanniques de s’interroger sur l’utilité de la famille royale, notamment au regard de ce qu’elle peut coûter. Pour parler cru, la famille royale est-elle rentable ?

C’est sans doute une question légitime quand on entend les sommes astronomiques qui ont été dépensées pour les funérailles de la reine Elizabeth II. Commençons peut-être par le début. Combien coûte cette famille royale ?

Le coût total de la famille royale est simple à obtenir. Car “la Firme” - c’est ainsi qu’on appelle la famille royale depuis que le roi George VI lui a attribué ce surnom - publie chaque année ses chiffres. Le dernier, datant du 29 juin dernier, fait état d’un budget total de 102,4 millions de livres. C’est-à-dire 119 millions d’euros.

Attention - une partie considérable de cette somme est dédiée à la rénovation du palais de Buckingham. Sur la subvention de la famille royale — Sovereign Grant — d’environ 100 millions d’euros, 40 millions sont consacrés à la rénovation du palais. Restent donc un peu plus de 60 millions d’euros pour financer les activités de la firme — voyages de représentation, les employés, la sécurité, etc.

Cette subvention de 100 millions, est-elle directement prélevée auprès des contribuables ?

C’est un peu plus compliqué que cela. La somme prend la forme d’une rétrocession accordée par le gouvernement britannique sur les profits réalisés par le Crown Estate. Le Crown Estate regroupe le gros des des actifs immobiliers et des terres qui appartiennent au monarque régnant.
Qui sont de taille ! En plein centre de Londres, citons la totalité de la fameuse Regent Street et de St James. Puis plusieurs châteaux, dont celui de Windsor, et des lieux emblématiques comme l’hippodrome
d’Ascot. Il y a aussi tout le sol marin qui entoure l’île. Ce dernier a pris énormément de valeur, puisque c’est là où les parcs d’éoliennes sont installés. Le tout vaut plus de 15 milliards de livres.

Donc les membres de la famille touchent une partie des profits réalisés par ce fameux Crown Estate ?

Exactement. 15 de profits pour être précis jusqu’en 2016. Aujourd’hui ilest de 25% pour financer les travaux de Buckingham Palace.

Donc si on rapporte cela par contribuable, on tombe sur un montant relativement modeste, n'est-ce pas ?

Oui, rapporté par contribuable, le coût de la famille royale revient donc à 1,29 livres, soit 1,50 euros par citoyen par an ! Si l’on déduit de cette somme les dépenses extraordinaires liées au programme de rénovation de Buckingham Palace, on tombe à moins d’un euro par tête.

Pour répondre à la question, nous pouvons imaginer que la Firme rapporte beaucoup plus que cela au pays. Et donc que la famille royale est bien rentable pour le Royaume-Uni ?

Vous avez raison. Rien que pour le tourisme, elle génère 600 millions de livres de revenus. Ce qui couvre 5 fois son coût. Mais son impact économique va bien plus loin. Car les voyages officiels des membres de
la famille royale servent également à faire avancer les intérêts de l’économie britannique. À commencer au sein du Commonwealth, l’organisation qui réunit les anciennes colonies de l’Empire britannique.
Et enfin, la continuité de la monarchie britannique constitue un facteur de stabilité politique et sociale. Malgré ce qu’en disent ses opposants, la famille royale contribue indéniablement à l’unité nationale.

Donc sans rentrer dans un débat sur la légitimité de leur statut et de leur poids réel dans la gouvernance du pays, nous pouvons confortablement affirmer que la famille royale britannique est financièrement rentable
pour le pays.

Au regard du très grand nombre de réactions suite au décès de la reine Elizabeth, on peut aussi avancer que son impact va bien bien au-delà de simples considérations financières…

Entretien réalisé par Laurence Aubron