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"Les garcons dans l'eau" : projection à Strasbourg

Euradio Strasbourg "Les garcons dans l'eau" : projection à Strasbourg
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Le 12 mai dernier, au sein de l'Université de Strasbourg, s’organisait la projection “des garçons dans l'eau”, moyen métrage indépendant réalisé et scénarisé par Thomas Pavel Larue, jeune breton de 22 ans. En parallèle d'une industrie du cinéma mise à l'honneur ce mois-ci, lors du prestigieux Festival de Cannes, ce dernier cherche à mettre en avant une autre vision de son art. 

Peux-tu nous décrire plus précisément l'histoire "des garçons dans l'eau" ?

 L’idée c’était : qu'est-ce que j'ai pas envie de raconter en fait, qu'est-ce que je vois tout le temps tout le temps tout le temps au cinéma, et qui m'agace tu vois ! Il y a des choses qui se répètent, des représentations qui sont toujours les mêmes aussi, parce qu'elles sont souvent faites par toujours les mêmes personnes, à savoir pas nous (rire du journaliste).

Voilà, et du coup je suis un peu partie de ça, et je me suis dit : bah voilà typiquement, par exemple des histoires d'amour queer, en dehors de Paris, en dehors des villes en fait de manière générale, c'était un truc qui me manquait énormément. Moi, j'ai grandi à la campagne, j'ai grandi en tant que personne queer à la campagne, donc ça c'était un truc que j'avais envie de raconter. 

Je sais que les histoires d'amour avec des personnes trans dedans, on est très souvent du point de vue des personnes cis, moi j'avais pas du tout envie d'adopter ce truc là, et j'étais en mode : on va vraiment être avec la personne trans, qu'est-ce qu'elle ressent, et aussi un truc qui m'intéressait c'était que ce soit une relation transpédé. Dans les clichés, un peu autour des représentations trans au ciné, dans les séries, dans tout un peu ce qu'on peut trouver comme ressources, ce sont souvent des relations hétéro, vraiment, alors qu'en vrai, des transpédé il y en a plein ! C’est une histoire qui est pas vraiment racontée, alors que c'est un truc qui peut amener plein de questionnements, qui est intéressant…

 Cinéphile ayant fait ses armes au travers de projets antérieurs (Le petit bleu…), son parcours de vie influe indubitablement sur son œuvre. Il serait cependant réducteur de qualifier “les garçons dans l'eau” dans la case de simple film militant : 

Pawel : En vrai, je crois que, typiquement, sur un projet comme “les garçons dans l'eau ou même “le Petit Bleu” avant, c'est une question que je me suis déjà posé, tu vois ; [mais] j'ai l'impression qu'en fait, le film en soi n'est pas spécialement militant, en tout cas nous on l'a pas fait dans cette démarche là,

on était pas : voilà, ce film c'est pas du tout un étendard ou un manifeste tu vois, pour quoi que ce soit ! En revanche, je pense qu'il peut servir comme objet pour des choses qui, elles, peuvent être militantes. Ce soir, par exemple, mais même [plus tard] il y en a d'autres qui sont prévus, il y a des projos qui vont être organisés, des projections qui, souvent, sont suivies de débats , qui sont suivies de choses comme ça, et ça moi, je trouve ça intéressant !

Et, c’est ce que je te disais avant, c'est [que] moi, je trouve ça hyper précieux quand un film, et du coup je pense que nous c'était un peu notre démarche sur les garçons dans l'eau, quand un film n'est pas une fin en soi, et qui peut vraiment servir tu vois, en tant que moyen à faire émerger genre une discussion après, à faire émerger des questions… 

Ce dernier n'hésite cependant pas à prendre position pour des causes comptant à ses yeux, comme en témoigne sa réponse laconique autour de l'affaire Adèle Haenel : 

Le milieu du cinéma aujourd'hui, enfin, il est pourri jusqu'à la moelle à tout point de vue ! Enfin, en vrai, c'est aussi un milieu, et elle le dit aussi, mais qui est extrêmement raciste, qui est hyper… Il n’y a pas plus hiérarchique par exemple qu'un tournage. Voila, c'est un milieu en vrai qui est pourri quoi, c'est un milieu dans lequel, en fait, toutes les dynamiques de dominations de la société sont là, autant qu'ailleurs voir même plus qu'ailleurs tu vois ! 

Un reportage de Tristan Fovelle