Sages-femmes : rendre l'accouchement optimal pour tous

 Sages-femmes : rendre l'accouchement optimal pour tous

"C'est vrai que c'est compliqué d'accepter, pour les femmes d'être seules lors de l'accouchement et pour les pères, de ne pas pouvoir les accompagner. Ils se sentent carrément impuissants, et complètement rejetés."

Marie-Josée Falevitch, sage-femme dans le Gard, explique les mesures actuelles mises en place pour les accouchements ; alors que certains pères étaient jusque-là contraints d’assister à la naissance de leur enfant par vidéo interposée. Le but : limiter les risques de transmission du Covid-19 : "Sur le plan national, en fait, c'est très variable. La plupart des services sont revenus sur leur décision et ont autorisé que les pères soient présents en salle de naissance. Et dans quelques rares endroits, ils ont commencé à les autoriser en chambre, seulement s'ils restent confinés (avec les mamans, NDLR). Et finalement, ce qui s'est passé, c'est que les papas vont et viennent (pour la plupart d'entre eux, NDLR). Et cela devient ingérable pour le personnel soignant, qui est déjà sous pression. Donc la plupart des services sont revenus à autoriser le père en salle de naissance, mais c'est tout."

Elle se veut toutefois rassurante sur une éventuelle absence physique du père, lors de l’accouchement : "On travaille dans la dynamique où l'on suppose que le papa sera là, mais où j'essaye de leur faire accepter qu'il puisse ne pas y être ; et que si tel était le cas, elles ne perdraient pas de chances de bien accoucher. Toute la force, elles l'ont en elles. Et leurs conjoints restent là, même s'ils ne sont pas à quelques centimètres d'elles. Elles sortiront de toute façon beaucoup plus tôt (qu'avant la pandémie, NDLR). Et dans tous les cas, la 'vraie vie', elle se passe à la maison ; et là, elles seront bien accompagnées par leurs conjoints, dans ce confinement et dans toute la période post-natale."

Malgré les quelques dons de masques, le manque de ce matériel, aujourd’hui vital, se fait aussi ressentir du côté des sages-femmes : "Avant, on a toujours travaillé sans masque. Dans la première dotation, le premier décret faisait apparaître les sages-femmes au même niveau que les pharmaciens avec des masques chirurgicaux. Ensuite dans le décret suivant, on a été oublié. Carrément ! Le Conseil de l'ordre s'est alors mobilisé : nous sommes revenus sur le décret. Mais à raison de six masques par semaine ; à ne mettre que pour les patientes dites 'Covid+', donc pour les patientes avérées malades. Or, le gros soucis, dans ce virus, c'est que l'on peut tout à faire être porteur asymptomatique (et transmettre le virus quand même, NDLR)."

Nous l’interrogeons aussi sur les potentiels risques pour les nouveaux-nés issus d’une “maman Covid+” : "A priori, il n'y a pas de transmission de la mère à l'enfant. Les bébés ne semblent pas à risque d'être infectés. Mais bien sûr, nous allons les surveiller un peu plus que les autres."

En Allemagne, un débat similaire sur la présence ou non des pères a fait beaucoup d’émoi. Et la situation semble, une fois de plus, différente d’un hôpital à l’autre ; poussant certains futurs parents à signer des pétitions en ligne, comme à Potsdam. Et certaines structures ont fini par baisser la garde, autorisant même les parents les plus proches à rendre visite à la mère et à l'enfant, chose actuellement impensable en France.