D'où ça vient le chômage ?

 D'où ça vient le chômage ?

Le phénomène a connu une hausse record dès le mois de mars. C’est “l’armée de réserve du capitalisme”, d’après Karl Marx. Forcément structurel, vu tous ses va-et-vient, il expose les plus jeunes et ceux qui prennent de l’âge. Mais au fait, d’où ça vient, le chômage ?

Déjà soyons clair, sa définition est régulièrement tordue dans tous les sens, on y reviendra.
Le sens retenu par Eurostat, c’est l’état d’une personne
qui n’a pas travaillé du tout pendant une période donnée
mais a fait des démarches pour y remédier.
Dans nos sociétés occidentales, le chômage est bien souvent synonyme
de pauvreté, d’exclusion et de crise.
Le terme vient pourtant du grec kauma “chaleur”
et de l’Occitan caumare “se laisser reposer”.
Avant l’ère industrielle, au XIXe siècle, on parle de chômage
pour toutes les périodes de repos forcé des agriculteurs :
une sécheresse, une tempête, une inondation.
L’Egypte et la Grèce antique, pour éviter les problèmes de surpopulation,
envoient l'excédent volontaire établir des colonies.
A Rome, l’otium, à la fois le loisir et l’oisiveté complète le negotium, la profession.
Au Moyen-age, les royaumes européens hésitent sur la conduite à tenir
face aux vagabonds : tantôt la charité, tantôt les travaux forcés.
Avec l’industrie, l’avènement du salariat, le chômage prend un sens social.
On le mesure le plus souvent avec le taux de chômage,
bien que l’OCDE recommande plutôt l’usage du taux d’emploi.
Et c’est là que les balises de la définition posent problème.
Pour faire baisser un taux de chômage, il suffit d’en ajuster la définition :
prendre en compte ou non l’emploi à temps partiel, le handicap,
modifier la quantité et la nature des démarches de recherche d’emploi, etc.
Les prémices de la robotisation promettaient d’ailleurs une toute autre société :
on remplace les travailleurs humains par des machines,
ce qui dégage aux humains du temps et de la richesse pour se consacrer
à autre chose, comme le bénévolat ou les arts.
C’est peu ou prou le principe du revenu universel, ou revenu de base,
qui fait plus ou moins son chemin en Espagne après avoir été débattu
un peu partout en Europe.
L’idée fait bondir les partisans du travail comme une valeur cardinale,
structurante, libératrice et porteuse de sens.
Et pourtant, il y a peut-être confusion, entre travail et production, entre travail et fonction.
L’illustration la plus frappante de ce principe, c’est la santé,
secteur improductif par excellence qui n’a eu de cesse d’être précarisé
et qui s’avère, on le voit en temps de crise, indispensable à nos sociétés.
Et tout le monde ou presque en conviendra, la santé mérite
d’être mieux, beaucoup mieux, rémunérée.