Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - vendredi 18 septembre

Aujourd'hui en Europe - vendredi 18 septembre

5G la polémique continue... Après l’incendie du camp de Moria, vers une vraie refonte du système d’asile européen ? Les critiques d’Ursula von der Leyen envers les politiques polonaises stigmatisantes contre les minorités LGBT.

La  technologie de la 5G est enjeu majeur des années à venir. Pour rappel, la 5G, pour « 5e génération », est un système de téléphonie mobile qui multiplie par dix le débit internet sans fil. Le président Macron, a récemment ironisé sur les critiques de la 5G les comparant à des Amish. Cette sortie qui n’a pas manqué de susciter la polémique nous donne l’occasion de revenir sur ce débat.

La 5G devrait conduire à une véritable révolution. De nombreuses avancées technologiques en bénéficieront ou seront rendues possibles. par exemple, le fonctionnement des voitures sans chauffeur, ou les opérations chirurgicales faites à distance. Elle permettra aussi de faciliter l’échange d’informations et de connecter de multiples objets qui pourront éventuellement améliorer notre quotidien.

Ca, c’est pour le côté plus positif, mais certains craignent de possibles dérives ?

Tout à fait, Olivier Tesquet, journaliste spécialiste des nouvelles technologies, souligne l’usage qui pourrait être fait de la 5G dans la surveillance de nos sociétés, notamment en connectant les nombreuses caméras qui parsèment nos villes. Cette innovation nous interroge sur la question du traçage des citoyens. Elle nous pose aussi la question de savoir dans quelle société nous voulons vivre.

L’arrivée de la 5G va aussi avoir un impact considérable sur l’environnement, n’est-ce pas ?

C’est un autre grand aspect du débat. La 5G ne sera pas compatible avec la plupart des téléphones. Cela obligera la plupart d’entre nous à acheter de nouveaux appareils, avec toutes les conséquences que nous connaissons déjà et qui sont bien documentées : l’épuisement des métaux rares servant à la confection des batteries, ou au niveau de la consommation en général.

Les défenseurs de la 5G retorquent que celle-ci sera plus efficace et consommera moins d’énergie que la 4G à utilisation constante. Pas sûr cependant, car la demande de services connectés devrait exploser.

Qu’en est-il de l’impact sur la santé ?

Selon l’OMS, aucune étude n’a prouvé de véritable effet néfaste sur la santé. Néanmoins, en vertu du principe de précaution, les ondes 5G font partie de la catégorie « peut-être cancérigènes ». La semaine passée, 70 élus français de gauche ont demandé un moratoire sur le déploiement de la 5G. En 2017, 180 scientifiques avaient déjà demandé la même chose à la Commission européenne. En France, un rapport de l’Agence nationale de la santé est attendu pour l’année prochaine et devrait éclaircir certains doutes.

Victor revenons maintenant sur un autre sujet d’actualité qui pourrait avoir d’importantes conséquences. L’incendie du camp de Moria sur l’Ile de Lesbos au large de la Grèce, survenu le 9 septembre. Un incendie qui a privé 13.000 réfugiés de leur camp déjà terriblement précaire. Alors que l’incendie est encore dans toutes les têtes Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a déclaré mercredi vouloir faire une vraie refonte du système d’asile européen, appelé Dublin III.

Oui Thomas, ce sinistre a remis la gestion de l’afflux des réfugiés sur le devant de la scène. Pour rappel, le système Dublin III actuellement en vigueur au sein de l’Union européenne établit que toute demande d’asile d’un réfugié sera traitée par le premier pays européen où il a été accueilli. Les pays de la Méditerranée se sont régulièrement plaint du manque de solidarité de ce système qui leur impose la gestion des réfugiés.

Cela fait déjà depuis plusieurs années que l’Italie et la Grèce demandent une réforme de cette réglementation. Quel système pourrait remplacer le système Dublin III ?

Les deux pays voudraient qu’un système de répartition automatique des réfugiés soit mis en place. De cette manière, tous les Etats européens se répartiraient les réfugiés de manière moins inéquitable. Cette idée n’est pas nouvelle, elle n’a simplement pas abouti dans le passé, faute de volonté politique.

Connait-on déjà la position des autres Etats européens ?

C’est difficile à dire à ce jour. Il faudra attendre la proposition concrète de la présidente de la Commission, la semaine prochaine. Certains pays se sont déjà engagés à accueillir des réfugiés mais chacun à la mesure de son enthousiasme, semble-t-il. 1500 pour l’Allemagne, jusqu’à 150 pour la Belgique, 4 enfants non accompagnés pour l’Irlande.

La question migratoire est un enjeu électoral particulièrement sensible. Difficile de dire quelle sera la réponse des gouvernements. Par exemple, en Allemagne, des responsables politiques traditionnellement opposés à plus de migration, ont changé leur position.

Un des pays qui a toujours freiné des quatre fers sur la question de l’accueil des réfugiés sur son sol, la Pologne, a aussi été pointé du doigt par la présidente de la commission dans son discours sur l’Etat de l’Union, mercredi. Ursula von der Leyen, a ainsi critiqué les politiques polonaises stigmatisantes envers les minorités LGBT.

En effet, plusieurs municipalités polonaises se sont déclarées fin 2019, je cite la formule, « zones libres de l’idéologie LGBT ». Ces municipalités refusent de reconnaître la validité des droits LGBT. Ursula von der Leyen a eu sur cette question des mots forts, en déclarant que ces zones étaient sans humanité. Un rapport du parlement européen, publié lundi passé, souligne le harcèlement et les pratiques d’intimidation subies par la société civile.

Cela constitue une épine dans le pied de l’Union européenne car cela s’ajoute à d’autres politiques anti-démocratiques de la Pologne. Varsovie a notamment sapé l’Etat de droit en mettant davantage le système judiciaire sous le contrôle de l’exécutif.

La réponse de Varsovie a été cinglante. Le ministre de la Justice polonais, Zbigniew Ziobro, a dénoncé une attaque des élites européennes contre la démocratie polonaise.

Oui car les autorités polonaises ont beaucoup de mal à accepter que les institutions s’immiscent dans leurs affaires internes. Le rapport du parlement appelle l’Union à adopter des sanctions à l’égard de la Pologne. Néanmoins, cela semble peu probable, celles-ci requérant l’unanimité des Etats membres.

Victor D'Anethan - Thomas Kox