Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - jeudi 24 septembre

Aujourd'hui en Europe - jeudi 24 septembre

Vers un apaisement des relations entre la Grèce et la Turquie. Recep Tayyip Erdoğan a affirmé être prêt à dialoguer avec la Grèce, pour la première fois depuis 2016 ! A Malte bonne nouvelle pour la lutte anti-corruption, l’ancien chef de cabinet de l’ancien premier ministre Joseph Muscat, Keith Schembri, a été arrêté mardi ; la Belgique, toujours enlisée dans d’interminables négociations pour former un gouvernement. Le pays a battu récemment son propre record de la plus longue crise politique, établissant un nouveau record mondial.

On semble se diriger vers un apaisement des relations entre la Grèce et la Turquie. Erdoğan a affirmé être prêt à dialoguer avec la Grèce, pour la première fois depuis 2016 !

Je rappelle que de fortes tensions ont émergé ces derniers mois entre les deux pays. La Turquie avait déployé un navire pour rechercher des gisements de pétrole et de gaz, à proximité des côtes grecques, déclenchant l'ire d’Athènes. Une attitude considérée comme une provocation côté grec. L’Union européenne craignait une escalade d’autant plus lourde de conséquences que, rappelons-le, la Grèce et la Turquie font partie toutes deux de l’OTAN même si Ankara ne cesse, depuis des mois, de prendre des libertés voire ses distances avec l’Alliance. 

Mais effectivement on semble s’orienter vers une détente. Le ministre grec des affaires étrangères a confirmé que des pourparlers auraient bientôt lieu à Istanbul. La date n’est pas précisée. 

Quel a été selon vous le rôle de l’Union européenne dans ce processus ?

Vraisemblablement, la menace de sanctions européennes à l’égard de la Turquie a dû peser dans la balance. Le rôle de médiateur joué par le président du Conseil européen Charles Michel et la chancelière Angela Merkel y a peut-être également contribué. 

Il faut savoir que la Turquie est isolée sur la scène internationale. Outre sa querelle avec la Grèce et donc l’Union européenne, elle est très présente en Syrie où elle a mené des opérations contre les Kurdes du nord du pays, ce qui lui vaut la rancune de nombreux pays arabes. 

Le contexte économique ne peut aussi qu’inciter Erdoğan à un peu plus de tempérance. Son discours agressif envers l’Europe a ainsi contribué à entraîner une chute assez marquée du cours de la monnaie turque. Le président n’avait probablement pas d’autre choix que d’adopter une attitude un peu conciliante.

Toujours en Méditerranée, nous partons maintenant vers Malte avec une bonne nouvelle pour la lutte anti-corruption ! L’ancien chef de cabinet de l’ancien premier ministre Joseph Muscat, Keith Schembri, a été arrêté mardi. Il aurait facilité l’octroi de passeports maltais à de riches citoyens non-européens contre monnaie sonnante et trébuchante. Notamment, des russes, des chinois et des ressortissants des monarchies du Golfe. 

Oui, dans la nuit de mardi à mercredi, la police a débarqué à son domicile. Son comptable a également été arrêté, leurs avoirs et ceux de leur famille ont été gelés. Le renseignement maltais avait déjà repéré ces pratiques en 2016. Mais c’est la fameuse journaliste d’investigation, Daphne Caruana Galizia, qui a dénoncé toute l’affaire dite des « passeports dorés ». 

La journaliste qui a d’ailleurs payé de sa vie les révélations qu’elle avait faites sur les turpitudes de la classe politique maltaise

Dans une scène qui rappelle les films de gangsters, sa voiture a explosé lorsqu’elle a voulu la démarrer. C’était en octobre 2017. Daphne Galizia s’était fait beaucoup d’ennemis en investiguant les pratiques frauduleuses des élites politiques locales. 

L’affaire des passeports a éclaté deux ans plus tard en novembre 2019. Le premier ministre Joseph Muscat avait alors été contraint de démissionner, suivi de son chef de cabinet, Keith Schembri.. 

Tournons notre regard vers la Belgique. Le pays est toujours enlisé dans d’interminables négociations pour former un gouvernement. Le pays a battu récemment son propre record de la plus longue crise politique, établissant un nouveau record mondial.

En effet, la Belgique a battu son propre record, peu glorieux malheureusement ! En 2011, les Belges avaient dû attendre 541 jours avant de voir une coalition se former. A l’époque, la Belgique avait dépassé la Côte d’Ivoire et l’Irak dans cette triste compétition. Aujourd’hui, cela fait bien plus de 600 jours que le blocage politique persiste. 

Néanmoins, la situation pourrait enfin se débloquer autour d’une nouvelle coalition que d’aucun jugeront improbable et à laquelle les médias ont déjà trouvé un nom « Vivaldi ». Ce scénario inclurait 7 partis politiques ! Les partis libéraux, socialistes et écologistes flamand et francophones. Le tout soutenu par les chrétiens flamands. Ce faisant, la coalition jouirait d’une majorité très étriquée.

Pourtant il y avait bien un gouvernement à la barre dans ce contexte particulier de l’épidémie ?

Oui il y a un gouvernement avec à sa tête la libérale francophone Sophie Wilmès. Mais c’était un gouvernement par interim avec une confiance limitée dans le temps et sur quelques thématiques. 

Une solution temporaire et où la constitution a été tordue temporairement comme on en a souvent l’habitude à Bruxelles.

Pouvez-vous nous expliquer les raisons de tels blocages politiques ? 

Et bien, l’Etat belge repose sur une construction alambiquée et fragile qui est censée “protéger” les intérêts des trois groupes linguistiques, flamand, francophone et germanophone. Les Wallons et Flamands ont chacun leur partis politiques différents. 

Autre élément majeur du problème, traditionnellement, la Wallonie penche très largement à gauche et la Flandre très à droite voire à l’extrême droite.

Dans ce contexte la création de gouvernements nécessite la formation de coalitions qui sont de plus en plus difficiles à mettre en place

Si la nouvelle coalition dont on parlait parvient à se former, pas sûr que cette éviction des deux principaux partis Flamands dans ce gouvernement, qui tous visent l’indépendance de la Flandre n’amène pas à un raidissement supplémentaire des électeurs flamands.

Déjà dans les sondages la NVA et la Vlams Belang sont crédités de plus de 50 % des voix si l’élection avait lieu aujourd’hui.

De quoi peut-être faire vaciller le Royaume qui doit normalement féter son bicentenaire dans 10 ans.