Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 5 novembre

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 5 novembre

Elections américaines; alors que la comptabilisation des votes se poursuit, Donald Trump saisit la justice et demande la suspension des dépouillements dans plusieurs Etats; en Europe, le plus long tunnel sous-marin du monde reliera bientôt l'Allemagne au Danemark; énergie, le Belarus a inauguré ce mardi la première centrale nucléaire du pays.

Pour cette édition, continuons à suivre  l’élection présidentielle américaine et ses conséquences pour l’Europe. Les votes dans 6 Etats américains doivent encore être comptés. Joe Biden, le candidat démocrate, semble se diriger vers une victoire. Néanmoins, ce qui inquiète aux Etats-Unis comme en Europe, c’est le comportement du président sortant, Donald Trump. Certains observateurs craignent qu’il ne laisse pas la victoire filer si facilement. 

En effet ! Déjà au cours de la campagne, Donald Trump avait déjà laissé planer le doute quant à l’acceptation d’une éventuelle défaite. Mercredi, alors même  que l’élection était loin d’être terminée, il s’est permis de clamer sa victoire, demandant même l’arrêt des dépouillements. Les plateformes Twitter et Facebook ont publié des mises en garde sur plusieurs de ses déclarations, considérées comme trompeuses. De plus, Donald Trump a régulièrement accusé l’autre camp de fraude et mis en doute la légitimité du système électoral. Mercredi, il a déposé un recours en justice pour suspendre le vote dans l’Etat-clé de Pennsylvanie. 

Tout cela ne contribue pas à apaiser le climat politique dans un pays fortement polarisé. Cette lutte autour de la légitimité du résultat à laquelle vous avez fait référence inquiète l’Europe.

Tout à fait, la classe politique européenne observe la situation avec perplexité. La ministre de la défense allemande a souligné le risque d’une possible crise constitutionnelle aux Etats-Unis. Iratxe Garcia Perez, membre du parti socialiste européen, a critiqué le comportement de Donald Trump qui, je cite, sape les fondements démocratiques. Le premier ministre slovène, Janez Jansa, s’est quant à lui, placé à rebours de ces discours. Le dirigeant populiste a félicité Trump pour sa victoire avant la fin du comptage des votes. Il a aussi accusé les médias de masquer la vérité. 

Est que l’instabilité qui règne aux Etats-Unis pourrait remettre en question la coopération transatlantique avec l’Europe? C’est ce que traduisent en tout cas plusieurs déclarations, notamment celle de Guy Verhofstadt, eurodéputé et ancien premier ministre belge.

En effet, face au désordre en cours aux Etats-Unis, Guy Verhofstadt considère que l’Europe doit s’affranchir de Washington. La présidence de Donald Trump a entrainé des divergences croissantes entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Divergences qui devraient subsister peu importe le résultat de l’élection, selon Bruno le Maire, ministre des Finances français. Assez naturellement, Josep Borrell, le représentant de la politique extérieure de l’UE, a assuré de son côté vouloir maintenir une coopération approfondie. 

Dirigeons-nous maintenant vers le Nord de l’Europe ! L’Allemagne et le Danemark sont sur le point d’établir un record du monde avec la construction du plus long tunnel sous-marin qui devrait relier ces deux pays.  Pouvez-vous nous en dire plus sur  ce projet ? 

Et bien, il s’agit d’un projet appelé « Fehmarnbelt », qui s’étirera sur 18 km de long sous la mer Baltique. L’objectif est de relier l’île de Lolland-Falster au sud de Copenhague à la région allemande du Schleswig-Holstein. Si tout se passe bien, il devrait ouvrir en 2029. A titre de comparaison, le tunnel sous la Manche est pourtant plus long, 50 km, mais il est construit sous terre. Le Fehmarnbelt sera lui constitué de tubes assemblés sous l’eau. C’est l’un des projets de construction les plus ambitieux en Europe. Il devrait coûter jusqu’à 7 milliards d’euros. 

Un projet qui avait suscité néanmoins une vive opposition mais après plusieurs années de bataille judiciaire, c’est un tribunal allemand qui a donné mardi le feu vert pour ce projet. 

Tout à fait, depuis plusieurs années, deux acteurs très différents s’opposent au projet. D’une part, des militants écologistes craignent pour l’impact environnemental pour les coraux d’eau froide et la faune marine. D’autre part, plusieurs entreprises de transport maritime soulignent les risques en matière de concurrence économique. Le tribunal administratif de Leipzig les a débouté en raison de l’absence, je cite “de risque majeur pour l’environnement et la concurrence”. Néanmoins, la Cour de Justice de l’Union européenne, la plus haute instance de l’Union, est également saisie par plusieurs plaintes. Sa décision devrait tomber en novembre. 

Terminons en nous tournant vers le Bélarus. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de parler de la mobilisation massive anti-régime qui continue d’agiter le pays depuis trois mois malgré la forte répression du régime. Mais à son secteur énergétique, le Belarus vient de rendre opérationnel sa première centrale nucléaire mardi. 

Oui, le Bélarus lance en effet sa première centrale alors que le pays est encore marqué par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. En 1986, un réacteur d’une centrale soviétique explosa au nord de l’Ukraine non loin du Bélarus. 250.000 personnes avaient du être déplacées, l'ensemble entraînant des conséquences sanitaires et environnementales dramatiques. Une zone d’un rayon de 30 km, à cheval entre le Bélarus et l’Ukraine, est encore aujourd’hui difficilement accessible et surveillée par les autorités. 

Pourtant, le projet est important pour le Bélarus. Financé par l’agence nucléaire russe, Rosatom, la centrale devrait fournir un tiers des habitants du pays en énergie. La centrale sera équipée d’un réacteur de troisième génération. Celui-ci a donc été élaboré en tenant compte des catastrophes passées comme Tchernobyl ou Fukushima. 

La Lituanie, pays voisin, s’oppose d’ailleurs de manière véhémente à ce projet. Pour cause, la centrale est très proche du territoire lituanien. 

Tout à fait, la centrale est située à Astraviets, une petite ville au nord-ouest du Bélarus, tenez-vous bien, à 50 km de centre de Vilnius, de la capitale lituanienne. Le ministre lituanien de l’énergie, Zygimantas Vaiciunas, a dénoncé une « menace pour la sécurité nationale ». Selon lui, le projet n’offre pas les garanties de sécurité suffisantes. 

Environ 920.000 Lituaniens vivent dans un rayon de 100 km. Le gouvernement a déjà organisé un exercice d’urgence en 2019, et a distribué des comprimés d’iode, qui protège en cas d’accident nucléaire. Depuis la mise en opération de la centrale mardi, la Lituanie a cessé tout achat d’énergie venant du Bélarus.

La centrale devrait fonctionner à plein régime à partir de 2021. 

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Pixabay