Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 19 novembre

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 19 novembre

Balkans et Union européenne, la Bulgarie met son veto à la demande d'adhésion de la Macédoine du Nord ; climat, le rapport de l'ONG Climate Transparency montre que malgré les efforts de chaque Etat membre, les émissions de GES ne baissent pas en Europe ; accord en vue entre l'UE et Moderna pour l'acquisition de millions de doses de vaccin.

Dirigeons-nous pour cette édition vers les Balkans ! La Macédoine du Nord tente depuis plusieurs années de rejoindre l’Union européenne. Mardi, la Bulgarie a officiellement mis son veto quant au lancement des négociations ! En cause, des désaccords historico-linguistiques entre les deux pays. La Macédoine du Nord détournerait des éléments de l’histoire bulgare, selon Sofia. Pouvez-vous nous expliquer quels sont ces éléments qui sèment la discorde ?

Cette décision n’est pas surprenante. En octobre dernier, le gouvernement bulgare avait déjà exprimé son intention de mettre son veto. Les désaccords concernent des enjeux linguistiques et des figures historiques communes. Pour les résoudre, ils ont créé une commission d’historiens en 2017. Néanmoins, les discussions sont à l’arrêt.

La Bulgarie exige que la Macédoine du Nord modifie sa vision de l’histoire si elle veut intégrer l’UE. La ministre des affaires étrangères bulgares, Ekaterina Zakharieva, a émis 3 conditions.

Premièrement, la Bulgarie préfère l’appellation « langue officielle de Macédoine du Nord » plutôt que langue macédonienne. En effet, Sofia considère le macédonien comme un dialecte bulgare. Ensuite, la Bulgarie veut que les négociations avec l’UE intègrent un traité de bon voisinage, signé entre les deux pays, en 2017. Enfin, la Bulgarie refuse de reconnaître une quelconque minorité macédonienne sur son sol. Pour Sofia, les macédoniens slaves ne sont ni plus ni moins des bulgares.

La réaction de la Macédoine du Nord ne s’est pas faite attendre. Les autorités macédoniennes ont déclaré que leur identité et leur langue étaient non-négociables.

Tout à fait ! Surtout que la Bulgarie n’est pas le seul pays à bloquer des négociations pour un enjeu de ce type. Jusqu’en 2019, la Macédoine du Nord s’appelait encore Macédoine, comme la région du nord de la Grèce. Suite au lobby forcené d’Athènes, les deux pays ont signé un accord pour entériner le nom de Macédoine du Nord.

Et que va-t'il se passer au niveau européen ?

Une autre réunion est prévue au niveau européen le 8 décembre. Néanmoins, la Bulgarie est déterminée à bloquer le processus. Le veto bulgare bloque indirectement les négociations avec l’Albanie, engagée dans la même procédure. Selon Angelos Chryssogelos, professeur de politique européenne, les négociations d’adhésion sont devenues un instrument inefficace. Des pays comme la Bulgarie les utilisent aujourd’hui pour arracher des concessions aux candidats.

Intéressons-nous maintenant aux ambitions climatiques de l’Europe. L’ONG Climate Transparency a publié mercredi un rapport sur les performances écologiques des pays du G20. Le G20 regroupe 19 Etats dans le monde et l’Union européenne qui totalisent 75% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Pour l’Europe, ce sont l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France qui en font partie. Le rapport pointe des résultats insuffisants dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les émissions de gaz à effet de serre n’ont pas baissé depuis 1990. Je prends 1990 car c’est la date du début des efforts mondiaux en matière de climat. C’est seulement en 2020 que l’ONG Climate Transparency relève une baisse de 0,1% du total des émissions des pays du G20. En effet, les Etats ont diminué leur consommation d’énergies fossiles, et ont développé les énergies renouvelables. Pourtant, les émissions globales ont continué à augmenter. Il faut néanmoins reconnaître que les pays du G20 ont des politiques climatiques très inégales. S’y trouvent par exemple la Chine et les Etats-Unis, parmi les plus grands pollueurs.

Le rapport souligne les efforts de l’Union européenne mais dénonce néanmoins leur caractère insuffisant.

Tout à fait ! l’ONG considère que le pacte vert européen ne ne devrait pas permettre d’atteindre les objectifs de l’Union. A savoir une réduction de 55% des émissions par rapport à 1990. La France tient l’une des meilleures places en matière de réduction de gaz à effet de serre. Néanmoins, en l’absence de politique plus ambitieuse, la France n’aura réduit ses émissions que de 24% au lieu de 40% pour 2040. Malgré tout, l’ONG reconnaît que le plan de relance français constitue une bonne initiative. La France va en allouer 30% à la transition écologique.

De manière générale, le rapport souligne que les efforts mondiaux sont malgré tout insuffisants pour enrayer le réchauffement prévu de 1.5 C°.

Terminons par un état des lieux des mesures sanitaires en Europe. Un accord entre l’Union européenne et l’entreprise Moderna est en passe d’être signé. Le vaccin de l’entreprise est quasiment prêt et l’UE devrait acquérir jusqu’à 160 millions de doses. De leur côté, que font les Etats ?

En matière de vaccin, l’Espagne a autorisé les derniers tests cliniques d’un vaccin réalisé par l’entreprise américaine Johnson & Johnson. Le Portugal compte prolonger l’Etat d’urgence de deux semaines face à de sérieuses difficultés. En Belgique, après avoir été le pire pays d’Europe en matière de contamination, les indicateurs sont à la baisse. En France, le Conseil de défense s’est réuni mercredi pour discuter du futur déconfinement, qui sera progressif.

En Allemagne, la police a répondu à coups de canon à eau aux 10.000 manifestants rassemblées à Berlin contre les mesures sanitaires.

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Dimitris Vetsikas de Pixabay