Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 3 mars

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 3 mars

La Commission européenne présentera prochainement son projet de passeport vaccinal ; les îles Canaries demandent l'aide de l'UE pour gérer les arrivées massives de migrants ; plainte déposée contre plusieurs dirigeants d'Arabie Saoudite pour crime contre l'humanité.

La Commission européenne présentera prochainement son projet de passeport vaccinal

La Commission vient d’annoncer lundi 1er mars qu’elle présentera ce mois-ci une proposition législative visant à créer un passeport vaccinal commun aux 27 Etats de l’Union européenne.

Oui, effectivement ce document devrait mentionner si une personne est vaccinée, immunisée par la maladie, ou si elle a obtenu un test négatif, ce qui lui permettra de se déplacer librement dans l’UE. En faisant cela, la Commission européenne reconnaît que le retour à la normale n’est pas prévu avant plusieurs mois, alors que le franchissement des frontières internes est censé se faire sans contrôles dans l'espace Schengen.

Ce futur passeport vaccinal répond à une demande du Conseil européen, l‘institution qui réunit les chefs d’Etats des 27. On se rappelle que certains Etats comme la France ou l'Allemagne étaient pourtant réticents à un passeport qui donne le droit de voyager, car cela posait selon eux des risques pour la protection des données, ainsi qu’une discrimination pour ceux qui refusent ou qui n’ont pas encore été vaccinés. Qu'est-ce qui a fait évoluer leur position ? 

C’est surtout la propagation des variants de coronavirus et le retour des fermetures des frontières nationales qui contraint les Etats à envisager d’autres solutions que celle d’attendre la fin de la campagne de vaccination. Des pays comme la Grèce, Chypre et l’Espagne, très dépendants du tourisme, sont impatients de rétablir la liberté de mouvement des personnes en Europe avant la saison estivale. 

Pour pallier au risque que ce passeport devienne discriminatoire, la Commission assure une certaine souplesse de ce document qui reconnaîtra le droit de voyager aux vaccinés, mais aussi aux détenteurs d’un test Covid-19 négatif, ou à ceux ayant déjà été malades. 

Mais le débat n’est pas terminé et le succès de ce passeport dépend aussi de la rapidité de la campagne vaccinale. 

C'est vrai, aujourd’hui seulement 6,4% des Européens sont vaccinés, alors que la Commission prévoit d’immuniser 70% de la population adulte avant l’été notamment grâce à davantage de commandes de vaccins passées à Moderna et Pfizer-BioNTech, et à la prochaine mise sur le marché européen du vaccin du laboratoire Johnson & Johnson.

Certains Etats n’ont pas attendu le document européen pour déjà mettre en place des solutions au niveau national ou entre deux Etats. 

Oui, en Grèce, le premier ministre Kyriakos Mitsotakis a conclu un accord avec Israël permettant à leurs citoyens vaccinés de voyager librement entre les deux pays. Il a ajouté penser à conclure le même type d’accord avec le Royaume-Uni dont la campagne de vaccination est parmi les plus avancées. Chypre a également passé un arrangement avec Israël, et des discussions sont en cours avec Malte. 

En Estonie comme en Pologne, les passagers sont exemptés de quarantaine à l’arrivée s’ils peuvent montrer une attestation de vaccination. 

Canaries: face à l'arrivée massives de migrants, le gouvernement demande l'aide de l'UE

Tournons-nous maintenant vers l’Espagne, où le président de l’archipel des Canaries Angel Victor Torres a une nouvelle fois appelé l’Union européenne à agir davantage pour résoudre le problème du nombre croissant des arrivées de migrants sur son territoire. 

Oui, en 2020 les Canaries ont accueilli sept fois plus de migrants que l’an passé, avec 23 000 arrivées. Le Président de la Communauté autonome des Canaries a réclamé que le nouveau pacte sur les migrations et l’asile, actuellement en cours de négociation au niveau européen, inclue une solidarité « non pas volontaire » mais « contraignante ». Ce « nouveau Pacte sur la migration et l’asile » a été présenté le 23 septembre 2020 par la Commission européenne pour mieux aider les pays de première arrivée de migrants, comme la Grèce, l’Italie ou Malte. 

La commissaire chargée des migrations Ylva Johansson a reconnu qu’une aide plus structurelle aux Canaries est nécessaire face à une situation qu’elle qualifiait déjà “d’insoutenable” en octobre dernier. 

Le nouveau pacte des migrations devrait selon elle prendre la forme d’un financement à long terme, mais aussi et surtout d’une amélioration des accords de réadmission déjà passés avec les pays de transit comme la Mauritanie, afin de réduire les causes de départ, mais aussi de faciliter le renvoi des personnes non éligibles à l’asile dans l’UE.

L’eurodéputé espagnol du Parti populaire Juan Ignacio Zoido a pour sa part estimé que les gouvernements espagnol et des Canaries devraient assumer leur responsabilité face à cette crise, plutôt que de “chercher des excuses devant les institutions européennes”. L’eurodéputée Sira Rego du groupe de la gauche au Parlement européen (GUE/GNL) est allée jusqu’à considérer le nouveau plan de migrations comme un “modèle d’île-prison qui porte atteinte aux droits de l’homme”.

Plainte déposée contre plusieurs dirigeants d'Arabie Saoudite pour crime contre l'humanité

Dirigeons nous enfin vers l’Allemagne, où l’ONG Reporters sans frontières a porté plainte contre certains dirigeants d’Arabie Saoudite pour crime contre l’humanité.

Vendredi dernier, les Etats-Unis avaient déjà fait une annonce officielle pour désigner le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman comme le commanditaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi qui avait eu lieu en 2018. Lundi 1er mars, Reporters sans frontières est allé plus loin : ils ont déposé une plainte pour persécution de journalistes en Arabie saoudite. La plainte vise Mohammed Ben Salman ainsi que quatre autres responsables saoudiens, et dénonce le fait que 34 journalistes, économistes, féministes ou critiques du gouvernement soient actuellement emprisonnés dans le royaume. 

La plainte a été déposée devant le procureur général de la cour fédérale de justice de Karlsruhe, en Allemagne, car ce pays européen bénéficie du principe de compétence universelle, qui l’autorise à juger des violations des droits humains, même si le crime n’implique ni le territoire ni les citoyens allemands. 

Oui, dans un communiqué publié mardi 2 mars, l’ONG déclare qu’une majorité des journalistes arrêtés ont été soumis à de la torutre, et demande que ces actes soient jugés comme crimes contre l’humanité en raison du caractère généralisé et systématique de cette répression étatique. Antoine Bernard, le conseiller en contentieux de RSF, reconnaît toutefois le côté incertain du processus, car c’est la première fois qu’une telle démarche est entamée pour des crimes contre des journalistes. Enfin, le procureur général allemand doit encore décider s’il ouvre ou non une enquête préliminaire. 

Thomas Kox - Romain L'Hostis

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Image : Gerd Altmann