Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 20 Octobre

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 20 Octobre

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Profonde détérioration des relations entre la Russie et l'OTAN
  • Prostitution en Espagne : dernières annonces du gouvernement
  • La Turquie convoque les ambassadeurs d'Etats Occidentaux soutenant Osman Kavala

Profonde détérioration des relations entre la Russie et l'OTAN

Commençons ce journal en évoquant les derniers remous diplomatiques entre la Russie et l’OTAN. Si les tensions entre les deux parties sont continues depuis l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, elles connaissent cette semaine un nouveau rebondissement. Lundi dernier, la Russie a décidé de suspendre ses relations avec l’OTAN.

Un nouveau pas a effectivement été franchi dans la détérioration des relations entre la Russie et l’OTAN, puisque Moscou a pris la décision lundi 18 octobre de suspendre sa mission de représentation à Bruxelles. Une annonce qui intervient deux semaines après le retrait par l’Alliance atlantique des accréditations de huit émissaires russes, soupçonnés d’espionnage. Ces derniers, membres de la mission russe à Bruxelles, sont accusés d’être des “agents de renseignement non déclarés”. 

Une situation qui sert de prétexte pour Moscou selon certains observateurs. 

Effectivement, la décision russe est avant tout symbolique et sans grandes conséquences dans l'immédiat, puisque depuis l’annexion de la Crimée en 2014, l’OTAN a considérablement réduit ses contacts avec Moscou. En réalité, c’est le projet d’intégration de l’Ukraine et de la Géorgie au sein de l’Alliance atlantique qui constitue la véritable pierre d’achoppement entre la Russie et l’OTAN. Moscou reproche à l'Alliance atlantique son ambition de s’étendre à ses frontières, en  cherchant à intégrer deux anciennes républiques soviétiques qu’elle considère comme faisant partie de sa sphère d’influence. 

La suspension de la mission de Moscou à Bruxelles est une marque de plus d’une défiance de plus en plus profonde entre la Russie et l’OTAN. Et cela n’augure rien de bon pour le futur des relations.

C’est vrai Thomas. Depuis plusieurs mois, les forces militaires russes mettent fréquemment au défi les membres de l’OTAN dans la région. En juin dernier par exemple, des navires de guerre hollandais et britanniques qui évoluaient au large de la Crimée ont été ouvertement menacés par les forces russes.

Le moment choisi par Moscou pour suspendre ses relations avec l’OTAN n’est pas non plus anodin, puisqu’il correspond à l’arrivée du secrétaire américain à la Défense en Géorgie. Ce dernier effectue une tournée qui doit le conduire en Ukraine et en Roumanie.  Un programme considéré comme une intrusion dans le pré-carré russe.

Prostitution en Espagne : dernières annonces du gouvernement

Continuons ce journal en nous intéressant à l’Espagne et aux dernières annonces de Pedro Sanchez concernant la prostitution, lors du congrès socialiste du week-end dernier. Bien que l’activité soit très répandue dans le pays, elle n'est pas réglementée par la loi. Une situation qui devrait être amenée à changer si l’on en croit le Premier ministre qui a annoncé vouloir abolir la prostitution dans le pays.

En effet, en Espagne, la prostitution est une activité alégale, c’est-à-dire qu’elle n’est ni prohibée par le Code pénal, ni encadrée par une quelconque loi. Dans les faits elle est donc autorisée. Les seuls actes poursuivis pénalement sont le proxénétisme et la pratique ostentatoire de la prostitution sur la voie publique. Un état des choses qui ne peut plus durer pour Pedro Sanchez, qui a affirmé que “la prostitution asservit les femmes” partout en Espagne. 

Une ambition qui a du mal à faire consensus.

C’est vrai ! Bien que l’abolition de la prostitution fasse partie des promesses de 2019 de Pedro Sanchez, la situation coince quant à l'attitude à avoir à l’encontre des clients. Si les socialistes autour du Premier ministre souhaitent les pénaliser lourdement, une autre partie de son gouvernement dont le groupe Podemos considère qu’il faut, avant tout, s’en prendre aux trafiquants.

Une grande majorité des travailleuses du sexe sont en effet victimes de trafic pour entrer dans le pays en tant que prostitués.

Oui, selon le ministère de l’Intérieur ce chiffre s’élèverait à près de  80%. Une statistique inquiétante alors que lundi dernier marquait la 50ème journée européenne contre la traite des être humains qui, chaque année, s'attaque à plusieurs dizaines de milliers d’individus. En cherchant à abolir la prostitution dans le pays, le gouvernement espère donc également démanteler un trafic international qui entretient un réseau de plus de 300 000 prostitués en Espagne.

Les ambassadeurs d'Etats Occidentaux soutiennent Osman Kavala, la Turquie les convoque

Terminons ce journal par un détour en Turquie. Le ministère turc des Affaires étrangères a convoqué hier les ambassadeurs de dix pays après leur soutien public au philanthrope et homme d'affaires Osman Kavala, prisonnier politique depuis quatre ans. Les ambassadeurs dénoncent une détention abusive dans un communiqué publié lundi dernier.

En effet, une dizaine d’Etats occidentaux, dont la  France, l'Allemagne et les Pays-Bas ont appelé la Turquie à libérer l’opposant politique. Osman Kavala est emprisonné depuis 2017 par les autorités turques bien qu’il n’ait jamais été condamné. Une situation qui va à l’encontre de l’Etat de droit et de la transparence du système judiciaire selon les ambassadeurs. Les avocats d’Osman Kavala dénoncent, eux, un procès politique et un acte d’accusation vide de toute preuve matérielle.

Osman Kavala avait notamment appelé au boycott du référendum organisé par le président Recep Erdogan en 2017, dans le but d’étendre ses prérogatives de chef d’Etat.

Oui, le philanthrope, fervent défenseur de l’Etat de droit, avait été arrêté dans le contexte des purges qui avaient suivi la tentative de coup d’Etat de 2016. Il devient dans le même temps, un symbole de la dérive répressive du gouvernement de Recep Erdogan.

Une dérive qui met à mal ses relations avec le reste des puissances occidentales et notamment l’Union européenne.

Oui car le gouvernement d’Ankara a amorcé depuis 2016 un virage régionaliste le conduisant à se détourner de ses partenaires occidentaux, et notamment européens. Pourtant, la Turquie est candidate à l’adhésion à l’UE depuis 1987. Aujourd'hui  néanmoins les négociations sont au point mort notamment du fait de l’escalade autoritaire de Recep Erdogan. 

Dans ce contexte, le cas d’Osman Kavala participe à la dégradation des relations entre Bruxelles et Ankara. Les autorités turques enjoignent d’ailleurs les diplomates européens à ne pas outrepasser leurs prérogatives. Un avertissement à peine discret.

Juliane Barboni - Thomas Kox

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