Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 17 février

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 17 février

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Recours historique de la Pologne et la Hongrie à la Cour de justice européenne
  • Turquie : Six partis s'allient pour écarter le président autoritaire Recep Erdogan
  • Rapport sur les disparités territoriales publié par le Comité européen des régions

Recours historique de la Pologne et la Hongrie à la Cour de justice européenne

Débutons l’édition d’aujourd’hui en nous intéressant aux derniers rebondissements entre la Pologne, la Hongrie et Bruxelles. Mercredi dernier, la Cour de justice européenne a rendu une décision qualifiée d’”historique” par la presse européenne. Pouvez-vous nous rappeler l’historique de ce contentieux ? 

Cette décision fait suite à un recours introduit par la Hongrie et la Pologne, qui conteste l’adoption d’une nouvelle réglementation budgétaire européenne. Cette dernière conditionne le versement des fonds de l’Union à des normes en matière d’Etat de droit. S’il est mis en place ce mécanisme pourrait empêcher certains Etats présentant des manquements majeurs à l’Etat de droit, d’accéder aux fonds européens. Cette proposition de loi présentée en 2020 avait suscité de nombreuses oppositions au sein des Etats membres, notamment de la Pologne et de la Hongrie qui ont décidé de saisir la Cour de justice européenne à ce sujet.

Un recours que la Cour de justice a décidé de rejeter. Pour quelles raisons ?

Mercredi dernier, la plus haute juridiction de l’UE a confirmé la compatibilité de ce mécanisme avec le droit communautaire de l’Union. Concrètement, Bruxelles a le droit de réduire les fonds alloués aux pays jugés coupables d’entorses aux règles de l’État de droit, car cette nouvelle loi relève du pouvoir de l’UE de créer des « règles financières » lors de la mise en œuvre du budget.

Une décision vivement critiquée par la Hongrie et la Pologne mais acclamée au Parlement européen. 

C’est vrai, à la suite de la décision de la Cour de justice, les deux pays se sont plaints de la partialité supposée de l’UE à leur égard. Le vice-ministre polonais Janusz Kowalski a accusé l'UE je cite “de tenter d'affamer financièrement” la Hongrie et la Pologne. "C'est la fin de l'UE telle que nous la connaissons ! Nous devons défendre la souveraineté de la Pologne", a-t-il déclaré. De son côté, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola a dit “attendre de la Commission européenne qu'elle applique rapidement le mécanisme de conditionnalité".

Les deux pays sont régulièrement pointés du doigt pour leur défiance vis-à-vis des institutions européennes. 

Tout à fait ! La Hongrie et la Pologne sont les deux pays les plus susceptibles de perdre des financements dans le cadre de cette nouvelle réglementation. Les deux sont d'ores et déjà visés par la procédure de l’article 7 du traité de l’UE,  qui a pour but de pénaliser les États membres qui s'écartent des valeurs fondamentales de l'Union. Une procédure qui reste aujourd’hui au point mort, car bloquée par le Conseil européen.

Turquie : Six partis s'allient pour écarter le président autoritaire Recep Erdogan

Continuons ce journal en nous tournant vers la Turquie. Le régime du président Erdogan ne cesse depuis des années de renforcer le caractère autoritaire du régime. Une situation qui pourrait être amenée à changer ? 

Depuis 2017, le président Recep Erdogan a obtenu les pleins pouvoirs, au sein d’un système présidentiel qu’il a lui-même mis en place en 2016. Pourtant, samedi dernier, six partis d’opposition ont conclu une alliance visant à écarter du pouvoir le président, en poste depuis maintenant près de vingt ans. Leur objectif est simple : mettre fin à ce système autoritaire et renforcer le rôle du Parlement, sapé par Recep Erdogan. 

Une alliance qui se concrétise alors que la Turquie traverse aujourd’hui une grave crise économique. 

Oui selon ces partis d’opposition, la crise que connaît actuellement le pays serait la responsabilité de Recep Erdogan. Depuis plus d’un an déjà le cours de la livre est en chute libre et l’inflation approche des 50%. Une situation insoutenable pour les ménages qui voient leur pouvoir d’achat et leur épargne s’effondrer, malgré l’adoption de réformes électoralistes du président Recep Erdogan qui a prévu d’augmenter de 50% le salaire minimum turc. 

De plus en plus isolé sur la scène diplomatique, le président Recep Erdogan tente pourtant de renouer avec des investisseurs étrangers. 

En effet, le chef d’Etat turc s’est rendu lundi et mardi dernier aux Emirats arabes unis afin de conclure une série d’accords de coopération. La chute spectaculaire de la livre turque crée des opportunités pour les investisseurs étrangers et notamment émiratis qui souhaitent obtenir des parts à bas coût dans les entreprises turques dévaluées.

Rapport sur les disparités territoriales publié par le Comité européen des régions

Terminons ce tour de l’actualité européenne en nous attardant sur le dernier rapport publié par le Comité européen des régions cette semaine. Un rapport qui présente plusieurs solutions pour réduire les disparités territoriales. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

Oui, ce “rapport sur la cohésion” publié lundi dernier par le Comité européen des régions met en évidence les atouts de la politique de cohésion à l’échelle européenne mais aussi les risques croissants de disparité régionale. Le rapport évalue également les progrès accomplis dans la réduction des disparités économiques, sociales et régionales dans l'UE et la manière dont les politiques nationales et communautaires ont contribué à cet objectif. 

Quels sont les principaux facteurs de disparité régionale ? 

Le Comité européen des régions identifie quatre pôles de risques majeurs : la disparité numérique, la fuite des cerveaux, la crise démographique, et le manque d’investissements dans des domaines innovants. Le rapport publié cette semaine appelle  à inverser la donne. En effet, la politique de cohésion des régions est l’une des valeurs fondamentales de l’Union européenne. 

Une communication récente de la Commission européenne affirme d’ailleurs que les différences entres les régions de l’UE se réduisent de plus en plus. 

Effectivement, le 9 février dernier, le 8ème rapport sur la cohésion a été publié par la Commission. Selon ce dernier, le PIB par habitant des régions les moins développées dans l’UE devrait augmenter de près de 5% d’ici à 2023. Une tendance qui se confirme depuis 2001, puisque les régions les moins développées de l’est de l’Europe rattrapent peu à peu leur retard par rapport au reste de l’UE.

Juliane Barboni - Romain L'Hostis

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