Les 1001 héroïnes

Miss Marx - Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin #26

Miss Marx - Les 1001 héroïnes de Eléonore Stevenin #26

Bonjour et bienvenue dans cet épisode de 1001 héroïnes, une chronique qui vous fait découvrir chaque semaine des héroïnes européennes de livres ou de films ! 

Je suis militante, féministe, syndicaliste et je m’appelle Eléonore, autant de points communs avec Eleanor Marx dont j’ai envie de vous parler aujourd’hui. Car un long métrage sur cette figure oubliée de l’histoire sort demain au cinéma sous le nom de Miss Marx, et je vous le conseille pour plein de raisons différentes. 

La première, c’est justement le fait qu’elle soit une oubliée de l’histoire, comme tant d’autres femmes avant et après elle. Née en 1855, fille de Karl Marx, elle mérite pourtant amplement de sortir de l’ombre de son célèbre père ! Car au-delà des fortes convictions politiques issues de son éducation, Eleanor Marx a été “la première” pour plein de choses : première traductrice en anglais de Madame Bovary, première surtout à mettre sur la table plusieurs sujets de société importants : le travail des enfants d’abord, les inégalités entre femmes et hommes ensuite. Brillante théoricienne politique, militante, féministe, syndicaliste, traductrice, actrice… il fallait bien un film pour raconter son histoire, et la réalisatrice Susanna Nicchiarelli l’a fait.

Et alors, au-delà de ce qu’il raconte, il est comment ce film ? 

Vraiment convaincant ! C’est un beau film d’époque, avec de beaux costumes et décors, et surtout une mise en scène et des choix musicaux modernes, qui mettent en avant l’avant-gardisme d’Eleanor Marx. On entend du punk rock contemporain, notamment dans une scène où Eleanor laisse éclater sa rage. C’est un film dense aussi, car raconter 15 ans de vie si riche en 110 minutes tient de l’exploit : il aurait presque fallu en faire une série, pour mieux comprendre toutes les facettes de cette héroïne !

Alors oui, des choix ont dû être faits, et on passe un peu vite sur certains combats. Les scènes s'enchaînent parfois sans trop de transition et j’aurais aimé que certaines de ses amitiés avec des femmes, comme l’intellectuelle sud-africaine Olive Schreiner, soient davantage développées… mais c’est largement assez pour donner envie de faire quelques recherches pour mieux comprendre tout ce qui vient de se passer devant nos yeux ! On a aussi aimé le jeu des acteurs, toutes et tous convaincants, et notamment Romola Garai qui joue l’héroïne.

Bon, l’histoire d’Eleanor Marx ne se termine pas vraiment très bien …

Non, effectivement. Morte à 43 ans, sa vie est aussi très marquée par une relation toxique avec Edward Aveling, socialiste et dramaturge, qui occupe une grande partie du film. C’est tragique de la voir combattre fièrement en public, énoncer des discours résolument féministes… mais être brisée dans l'intimité par cette histoire d’amour. De la voir s’engager pour l’égalité, mais que son couple soit très loin de cet idéal d’égalité. La fin est inexorable et quel dommage ! J’aurais adoré pouvoir changer la réalité pour permettre à la militante de poursuivre ses combats, mais il parait que ce n’est pas possible ! Tant pis, parler d’elle la fait revivre un petit peu, tout comme ce film : alors foncez voir Miss Marx au cinéma dès demain !

Et pour découvrir d’autres longs métrages avec des héroïnes, rendez-vous sur le site 1001heroines.fr : 750 œuvres y sont référencées ! Bonnes découvertes et à la semaine prochaine !