Fin septembre, le bus du cœur des femmes a fait une halte de 3 jours à Lille, place Rihour. Un projet porté par l'Association "Agir pour le cœur des femmes", dont l'objectif est de sensibiliser aux maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité chez les femmes en Europe, devant le cancer du sein. Chaque jour en France, 200 femmes meurent d'une maladie cardiovasculaire. C'est pour inverser cette tendance que le Bus du Cœur des femmes propose des dépistages gratuits depuis maintenant 2 ans.
Pour en parler, Euradio a reçu Vincent Morel, coordinateur national de l'action du Bus du cœur des femmes.
Euradio : Le bus a fêté ses deux ans le 29 septembre, journée mondiale du cœur. C'est un dispositif qui est né en 2021, est-ce que vous pouvez nous raconter comment est née cette idée ?
VM : L'idée est née de plusieurs constats. D'abord, il y a vraiment une urgence sanitaire et sociétale sur ces maladies cardiovasculaires chez les femmes. Contrairement aux idées reçues, la première cause de mortalité chez les femmes, ce n'est pas le cancer du sein. Ce sont bien les maladies cardiovasculaires, qui touchent les femmes de plus en plus jeunes. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'on peut éviter à ces femmes de rentrer dans la maladie avec une prévention efficace.
Euradio : Donc avec une prévention précoce, on peut vraiment sauver des vies ?
VM : Dans 8 cas sur 10 on peut éviter de rentrer dans la maladie. Et la vocation de ce bus, c'est d'aller chercher des personnes qui sont un peu éloignées du parcours de soin, grâce à des structures relai comme la CPAM, les centres sociaux ou les associations du territoire. A l'issu des dépistages, l'idée est vraiment de mettre les femmes en lien avec les acteurs de la santé.
Euradio : Parce qu'après avoir été dépistées ici, dans le bus, les femmes continuent d'être suivies ?
VM : Oui, nous mobilisons toutes les structures de soin et de santé du territoire pour qu'elles assurent le dépistage, et aussi des consultations de suivi en cardiologie et gynécologie. A chaque étape du Bus, on offre ce dépistage à 250 à 300 femmes, ce qui donnera lieu à une cinquantaine de rendez-vous de suivi.
Euradio : Et quand le bus n'est pas là, comment faire pour être dépistée ?
VM : Il est possible de se rapprocher du Pôle ressource de la CPAM. Le Pôle santé de la mairie de votre ville peut aussi vous guider. Aussi, l'Association Agir pour le cœur des femmes a pour vocation de mettre en place des actions de prévention mais aussi des outils de dépistage. L'Association peut être support pour que les acteurs locaux mettent en place des actions ciblées de dépistage en région.
Euradio : Comment vous expliquez que cette opération fonctionne si bien ?
VM : Déjà, c'est de plus en plus compliqué et long d'obtenir un rendez-vous chez un spécialiste. Ici, l'offre est packagée, on peut faire un bilan complet. Mais il y a surtout l'accompagnement que le Bus propose, qui fait que des femmes isolées, si elles sont accompagnées, vont au bout du parcours de dépistage.
L'ambition était de sauver 10 000 femmes en 5 ans, c'est-à-dire découvrir à une femme 2 facteurs de risques cardiovasculaires qui étaient on connus et non contrôlés. Et c'est malheureusement le cas de 9 femmes sur 10 que l'on voit dans le bus.
Euradio : Depuis 2 ans, vous avez pu, grâce au bus, dépister près de 7 500 femmes. Cela vous a permis de mettre au point un Observatoire. Qu'en est-il ressorti ?
VM : Nous avons collecté à peu près 170 données médicales par patiente. Nous les avons exploitées de manière anonyme au CHU de Lille. Nous avons par exemple découvert que pour un âge médian de 52 ans, 34 % des femmes avaient une hypertension non connue avant le dépistage. Et c'est un facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires.