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Avec CoMÉT’, "certains chefs-d’œuvre de cinéma ne durent que 5 minutes"

Jakob Owens Avec CoMÉT’, "certains chefs-d’œuvre de cinéma ne durent que 5 minutes"
Jakob Owens

Le temps d'une pause café ou dans la salle d'attente du médecin, on n'a pas toujours le temps de regarder un film pour s'occuper. Mais avec CoMÉT', c'est possible. CoMÉT', c'est la contraction de court et métrage, et vous l'aurez compris, c'est un peu le Netflix du court-métrage. Mais son siège n'est pas en Californie dans la Silicon Valley, mais bien à Pérenchies, dans le Nord de la France.

De la comédie à l'horreur en passant par l'animation et le documentaire, l'ambition de CoMÉT' est bien de monter au grand public que "certains chefs d'œuvre du cinéma ne durent que 5 minutes". 

Pour en parler aujourd'hui, euradio reçoit Raymi Tancrez, le fondateur de CoMÉT'. 

euradio : Pour commencer Raymi, est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qu'est CoMÉT', comment est né ce projet, de quelle envie ? 

R.T : CoMÉT', c'est une plateforme de vidéo à la demande, qui propose des formats courts : des courts-métrages et des mini-séries, et qui essaye de rendre ce format le plus accessible possible pour le grand public. Le court-métrage, c'est un format que j'ai découvert en festival, et je suis tombé complétement amoureux de ce format, que je trouve particulièrement frappant. J'admire beaucoup sa capacité à émouvoir en très peu de temps. A la sortie de ce festival, j'étais encore en étude, mais j'avais déjà envie d'aller plus loin. En ligne, le court-métrage est assez difficile à trouver, c'est très peu catégorisé. A la fin de mes études, de fil en aiguille, je me suis formé à l'entreprenariat et j'ai créé cette plateforme, en proposant d'abord du court-métrage, puis de la mini-série. En ce moment, CoMÉT' est en plein renouveau, elle est en train d'être reconstruite parce qu'elle n'était pas viable dans sa forme initiale. 

euradio : En ce qui concerne le catalogue de films qui est disponible sur CoMÉT', comment vous choisissez justement les films que vous allez proposer, et comment vous faites pour obtenir les droits ? Est-ce que vous devez systématiquement contacter les cinéastes pour obtenir leur accord ?

R.T : Le détenteur principal des droits reste généralement le cinéaste, mais je passe souvent aussi par des distributeurs, comme l'Agence du court-métrage ou Autour de minuit, qui est spécialisé dans les films d'animation par exemple. Mais je n'hésite pas non plus à contacter directement les ayant droits quand leurs films me plaisent. Et de plus en plus, je suis sollicité par les réalisateurs qui veulent me proposer leurs films. Ensuite il y a une sélection pour voir si le film correspond ou non à la ligne éditoriale de CoMÉT', qui essaye de présenter des films de qualité professionnelle, en tout cas sur le plan technique, car il peut y avoir évidemment des films réalisés par des cinéastes émergents. L'idée est de présenter de manière assez équitable tous les genres, et de montrer que les films sont accessibles au grand public puisque le court métrage peut vraiment parler à tout le monde

euradio : Est-ce que vous proposez des courts-métrages exclusivement français, ou vous allez chercher des films au-delà de nos frontières, ailleurs en Europe ou même à l'international ?

R.T : J'essaye autant que possible d'aller à l'international. En France, on fait de supers courts-métrages, mais c'est aussi très intéressant de voit ce qu'il se passe ailleurs. Un des films qui a confirmé mon envie de créer cette plateforme, c'est Jestem Tutaj d'une réalisatrice polonaise, Julia Orlik. Le film dure une quinzaine de minutes et m'a scotché. Julia Orlik a fait partie des premières réalisatrices que j'ai directement contacté, sans passer par un distributeur. 

euradio : Ici à Lille, on a le Festival du court-métrage qui se tient tous les ans fin septembre. Mais est-ce que vous avez pu trouver votre public, que ce soit ici dans la région, ou plus largement en France, voire dans d'autres pays ?

R.T : Le public visé par CoMÉT' est surtout francophone, d'abord parce que je suis seul derrière le projet, et ce serait beaucoup trop chronophage pour moi de devoir traduire chaque film. Le public est essentiellement européen, parce qu'au niveau des droits, ça peut vite coûter très cher de sortir de la zone européenne. Mais pour l'instant, c'est la grosse difficulté de CoMÉT' de trouver son public. CoMÉT' n'a jamais eu énormément d'abonnés, par manque de communication. Et c'est quelque chose que j'espère pouvoir changer avec la campagne de crowdfunding qui a été lancé. 

euradio : Justement vous en parlez, vous avez lancé votre campagne de crowdfunding tout récemment, le 5 janvier. Combien vous espérez récupérer, où est-ce que vous en êtes pour l'instant, et qu'est-ce que vous comptez faire de la somme que vous allez récolter ?

R.T : L'objectif a été fixé à 10 000 euros. Ces 10 000 euros pourraient permettre de reconstruire le site, renouveler le catalogue de films, et surtout continuer de faire évoluer la plateforme en prenant en compte le retour des utilisateurs. La campagne dure jusqu'au 28 janvier. Désormais, il faut voir l'investissement et l'intérêt que les gens ont pour le court-métrage. 

Interview réalisée par Lolla Sauty-Hoyer