Chaque jeudi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Nous retrouvons cette semaine Clara Gauthier de Sport et Citoyenneté, pour aborder une nouvelle thématique, le sport et les femmes. C’est un vaste sujet, encore une fois, mais par où commencer ?
Par une évidence, dans la pratique sportive elle-même, dans la médiatisation, dans l’histoire des sports, l’égalité ne va pas de soi. Elle a été et reste une égalité à construire. En effet, les sports sont et demeurent malheureusement un « monde d’hommes »Une grande différence existe encore entre les femmes et les hommes dans l’accès à la pratique sportive. Selon l’étude Eurobaromètre la plus récente, 45 % des hommes font de l’exercice une fois par semaine, contre 37 % des femmes. La différence est encore plus marquée dans la tranche d’âge des 15-24 ans, à une période où s’ancrent les habitudes de vie, avec 75% pour les hommes, contre seulement 55% pour les femmes.
Mais comment s’explique une telle différence ?
Plusieurs facteurs l’expliquent, mais cela vient principalement du fait que, dans le sport, les constructions sociales de la masculinité et de la féminité sont encore bien ancrées. Associé à la virilité, le sport est, et reste un phénomène hyper genré. Si les bienfaits d’une pratique sportive ne sont plus à démontrer, sa pratique demeure vectrice d’inégalités.
Pendant longtemps, les femmes ont été exclues des compétitions et privé d’accès aux lieux d’entraînement (et donc aux sports eux-mêmes). Des sports créés par les hommes pour les hommes. Par exemple, en 1900, elles ne représentent que 2,2% des athlètes à participer aux Jeux Olympiques. On rappelle la déclaration scandaleuse de Pierre de Courbetin, affirmant qu’aux Jeux Olympiques, leur rôle devrait être surtout de couronner les vainqueurs. Bon, nous en sommes plus là, et heureusement. Aux jeux de Tokyo, c’est 48,6 % des athlètes qui étaient des femmes. Mais au-delà de la participation, le chemin des femmes est semé d’embuche. Prenons l’exemple du football français. Certaines sportives ne sont pas, contrairement aux hommes, « professionnelles » mais encore sous le statut « amateur ». Certaines joueuses de l’équipe de France de football sont ainsi obligées de travailler à mi-temps en plus de leurs entraînements. Le montant des primes par match reçu par les joueuses était dix fois moins élevé que celui des joueurs. Sans oublier qu’elles avaient dû, en pleine préparation de leur Coupe du Monde, laisser Clairefontaine à leurs homologues masculins qui devaient, quant à eux, jouer un match de qualification à l’Euro 2020.
Effectivement, les chiffres et les faits ne trompent pas, nous le constatons aussi beaucoup dans les médias, mais cette visibilité ne tend pas à s’améliorer ?
Alors oui, vous faites bien de le remarquer, même si la route est encore longue pour parvenir à l’égalité dans le monde du sport, nous pouvons constater une légère amélioration et une présence accrue dans les médias.
Par exemple, le 24 janvier, c’est la Journée internationale du sport féminin. Lancée en 2014 à l’initiative du Conseil supérieur de l'audiovisuel français, en collaboration avec le Comité national olympique et sportif français, cette journée est née d’un constat : celui de la sous-médiatisation du sport féminin. À l’origine appelée « 24h pour le sport féminin », l’objectif est d’améliorer la visibilité du sport féminin dans les médias. Toutefois, en 2022, force est de constater que les sportives restent fortement dévalorisées par rapport à leurs homologues masculins. Et c’est là que le poids des modèles est déterminant. Si nous voulons que davantage de femmes et de jeunes filles participent aux activités physiques et sportives, il est nécessaire que davantage de femmes travaillent dans le secteur sportif à des postes d’entraîneuse, d’encadrante, de dirigeante ou d’arbitre. Dans ces emplois en prise directe avec les pratiquantes, une représentation féminine plus importante pourrait faire une réelle différence. Et c’est spécialement cette thématique qui sera abordée la semaine prochaine. Alors, à bientôt !
Clara Gauthier au micro de Cécile Dauguet