Chaque jeudi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Nous retrouvons Rodolphe Doité, responsable des affaires européennes du Think Tank Sport et Citoyenneté, pour cette dernière chronique sur la mesure de l’impact social du sport. Et aujourd’hui, nous allons dépasser un peu le cadre de votre organisation, mais surtout de votre ambition de réunir différents partenaires autour de cette thématique. D’où cette ambition est-elle née ?
C'est vrai qu’aujourd’hui, j'ai un positionnement un peu différent de celui de mes collègues. Vous l’avez compris, la mesure de l’impact social du sport est un sujet clé pour le sport de demain et qui nous est particulièrement cher chez Sport et Citoyenneté. Mais au fur et à mesure de traiter ce sujet, nous nous sommes aussi rendu compte qu'il était en fait important pour de nombreux acteurs.
Cela s’est matérialisé dans une conférence sur la question de la mesure de l'impact social du sport en juin dernier. Malheureusement, à cause du covid, nous avons dû annuler cette conférence. Nous avons toutefois reçu de nombreux messages et de témoignages d’intérêts. Nous avons soumis une proposition à la Commission européenne d'organiser cette conférence dans le cadre de la semaine européenne du sport, dont nous sommes partenaires. Et cette proposition a été retenue.
Nous avons donc organisé une conférence en ligne, regroupant de nombreux acteurs européens, Paris 2024, des acteurs adamiques, la Commission européenne, Décathlon, l’OCDE, et j'en passe. Et le constat a été clair, personne ne peut mesurer seul l'impact social du sport.
C’est un constat intéressant ! Mais pouvez-vous nous l’expliquer ?
De nombreuses organisations en Europe, dont Sport et Citoyenneté vont développer des méthodologies de mesure de l'impact social de leurs projets sportifs. De nombreux indicateurs vont être créés, des grilles d'entretien, des processus et de nombreux autres outils. Et une méthodologie n’est pas nécessairement meilleure que les autres, mais reflète surtout une approche singulière, propre à chaque organisation. On pourrait même dire qu’il existe autant de méthodologies que de manières de concevoir ce qu'est "l'impact social du sport'.
Et comme nous l’avons dit précédemment, si la mesure de l’impact social du sport vise à analyser les effets sociaux d’un projet sportif sur les parties prenantes, ne serait-il pas mieux d'avoir une méthodologie commune, harmonisée, utilisée par tous ? Cela permettrait par exemple de comparer les effets sociaux de différents projets dans différents contextes et d'identifier des leviers d'action avec plus de facilité.
De la coopération plus que de la compétition donc, ça parait être une bonne idée ! Mais comment la mettre en œuvre concrètement ?
Et bien, nous avons initié deux démarches différentes.
La première relève d'une démarche de lobbying assez classique. Quand le député européen Tomasz Frankowski, vice-président de l’intergroupe sport au Parlement, nous a auditionné pour la rédaction d’un rapport sur le futur de la politique sportive de l'Union européenne, nous y avons porté la question de la mesure de l’impact social du sport. Nous en sommes fiers car ce rapport appelle désormais la Commission à développer une méthodologie pour mesurer et évaluer l'impact social des projets sportifs. Nous espérons maintenant que ce rapport sera voté en session plénière du Parlement européen.
Mais nous souhaitons aller aussi plus loin, et être moteur dans l'élaboration de cette méthodologie. Suite à notre conférence, nous avons sorti un Mémorandum of Understanding appelant toutes les organisations intéressées à nous rejoindre dans un réseau appelé the « Sport Social Impact Network ». L’objectif n'est pas encore de créer cette méthodologie. Mais nous souhaitons montrer à la Commission que de nombreuses organisations sont prêtes à travailler sur ce sujet.
Et la devise européenne étant « Unis dans la diversité », il n’y a pas de raison que ça ne marche pas, ou on l’espère en tout cas.
Rodolphe Doité au micro de Cécile Dauguet