Chaque jeudi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Dans la lignée de la chronique de la semaine dernière sur la thématique sport et femmes, nous retrouvons cette semaine Eva Jacomet de Sport et Citoyenneté. Eva, vous nous parlez d’un sujet encore peu exploré : la féminisation des formations et métiers de l’encadrement sportif. L’encadrement sportif c’est tout ce qui touche aux métiers du sport c’est ça ?
En effet, l’encadrement sportif ce sont tous les postes d’éducateurs et éducatrices sportives, les entraineurs et encadrants. Ce sont des postes très stratégiques, parce qu’on est en contact direct avec les pratiquants. L’éducateur ou l’éducatrice sportive c’est le référent de l’activité, celui ou celle à qui on peut s’identifier, sur qui on peut prendre exemple. Le fait qu’il y ait peu de femmes est donc problématique car cela pose un souci de visibilité et de représentation.
Et pourtant on sait à quel point le poids des roles models est déterminant. C’est l’idée que ce qui n’est pas vu, n’existe pas : s’il y a peu de femmes qui font ces métiers, difficile pour une jeune fille d’imaginer qu’elle pourrait en faire son métier plus tard. Plus d’éducatrices sportives ça peut aussi permettre de créer des environnements plus sensibles aux questions d’équité, où certaines jeunes filles vont se sentir plus à l’aise.
Quelles différences constate-t-on entre femmes et hommes dans l’accès à ces formations et métiers ?
Les femmes représentent 40% des personnes qui travaillent dans le secteur d’activités du sport. A première vue c’est pas mal, mais ne vous y trompez pas ; quand on entre dans le détail des métiers qu’elles peuvent exercer, on voit un déséquilibre de représentation dans les fonctions occupées.
Elles représentent par exemple 55% des salariés dans des fonctions périphériques à l’activité sportive comme la communication, le marketing, la gestion des partenariats. En revanche, dans l’encadrement sportif elles représentent seulement 36.1% des éducateurs sportifs généralistes.
Ces inégalités sont présentes dès le départ, dans l’accès aux formations. On ne compte que 29% d’étudiantes en STAPS, même chose dans les Brevets professionnels de la Jeunesse, de l’Education populaire et des Sports (BPJEPS) où elles représentent moins d’1/3 des diplômées et seulement 13% en BPJEPS sports collectifs. Et pourtant le grand paradoxe, c’est que si elles sont moins nombreuses à s’engager que leurs collègues masculins dans ces formations, quand elles y vont, globalement elles réussissent mieux que les hommes.
Pourquoi ces inégalités et concrètement comment peut-on y remédier ?
Le sport reste un milieu empreint de stéréotypes liés au genre et l’encadrement sportif n’échappe pas à cette règle. D’autant plus que ce sont des métiers aux contraintes fortes : souvent des emplois à temps partiel, des horaires pas toujours évidents à concilier avec les contraintes familiales dont on sait qu’elles pèsent encore beaucoup sur les femmes.
Pour lever ces freins, il est important d’accompagner ces femmes et créer un environnement plus accueillant pour les publics féminins. Des initiatives existent, par exemple, Sport et Citoyenneté est partenaire du projet Des Métiers Pluri’Elles aux côtés de la Fédération Nationale Profession Sports & Loisirs, la Fédération Française de Cyclisme et Femix’Sports. L’objectif de ce projet est d’accompagner les femmes vers les formations du sport puis dans leur insertion professionnelle. En 2021, il a permis d’accompagner une centaine de femmes vers ces formations. Dans le cadre du projet, on organise également des conférences dans plusieurs régions. L’objectif de ces conférences est de faire dialoguer les acteurs du monde sportif, de l’insertion professionnels et les collectivités territoriales sur cet enjeu et tisser de nouvelles synergies entre ces acteurs.
La féminisation de l’encadrement sportif représente un défi à venir pour le mouvement sportif et nous remercions Paris 2024 qui s’est engagé à nos côtés et nous soutient financièrement sur ce projet.
Clara Gauthier au micro de Cécile Dauguet