Chaque jeudi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Nous avons longuement parlé, sous plusieurs aspects, de l’inclusion sociale par le sport comme une priorité de Sport et Citoyenneté. Votre projet FIRE en est la preuve. Et maintenant, pouvez-vous nous dire pourquoi vous vous êtes intéressés à cette thématique ?
Vous l’avez compris, favoriser l’inclusion par le sport, notamment des réfugiés, est au cœur des activités de notre Think tank. Notre objectif est de responsabiliser, soutenir et permettre aux organisations sportives de travailler avec le groupe cible.
Et cela se matérialise concrètement au travers de nombreux projets, notamment au sein du club de football de Kraainem. Suite à la crise migratoire de 2015, le FC Kraainem a décidé de lancer une initiative accueillant quotidiennement des réfugiés mineurs non accompagnés. C’est cette initiative qui a inspiré notre projet FIRE, et qui a ensuite rejoint notre réseau.
Ce projet s'appuie sur un accord de partenariat entre le club et Fedasil, l'organisation gouvernementale en charge de l'accueil des demandeurs d'asile. Ce club a toujours été convaincu que le football est un moteur important de l'intégration sociale. Il a mis sur pied un projet unique, pionnier dans l'intégration des jeunes réfugiés et demandeurs d'asile. Et c’est ce genre d’initiative que nous voulons mettre en avant aujourd’hui.
Nous accueillons Benjamin Renauld, gestionnaire du projet ‘We Welcome Young Refugees’. Votre travail au sein du FC Kraainem a fait ses preuves, avec plus de 3000 jeunes réfugiés accueillis au cours des six dernières saisons. Mais comment s’organise ce projet au jour le jour ?
Nous accueillons plusieurs jours par semaine des groupes de 6 à 10 jeunes réfugiés et demandeurs d’asile. Il s’agit pour la plupart de MENA (mineurs étrangers non-accompagnés), filles et garçons, qui résident dans des centres d’accueil de Fedasil ou de la Croix-Rouge. Nous allons chercher ces jeunes en camionnette et les amenons au club où ils suivent tout d’abord des tables de conversation en français, néerlandais ou anglais, animées par une équipe d’enseignants bénévoles.
Après les cours, les jeunes sont dispersés dans les différentes équipes du club, en fonction de leur âge. Il est important de s’assurer que la répartition se fasse par petits groupes de deux à trois joueurs par équipe et qu’un lien se crée ainsi entre jeunes réfugiés et jeunes du club afin de faciliter leur intégration au sein de celui-ci. Le Club accorde beaucoup d’importance à intégrer les groupes de MENA au sein de ses équipes de jeunes et non pas de leur donner un entrainement spécifique où ils se retrouveraient entre eux et resteraient marginalisés de la vie du club.
Lors de ces entrainements, tous les MENA sont habillés en footballeur par le Club et dans la tenue du Club. Ils sont ensuite conviés à un repas chaud à la cafétéria du club qu'ils partagent avec leurs coéquipiers et avec les bénévoles du Club avant d’être ramenés dans leur centre d’accueil.
Chaque saison sportive, certains d'entre eux sont affiliés au Club et peuvent ainsi disputer les matchs le week-end dans leur équipe du Club. Nous organisons d’ailleurs traditionnellement un tournoi à la fin de la saison, intitulé ‘Football and Freedom’, en collaboration avec les centres d’accueil de Fedasil.
Ce tournoi est donc organisé tous les ans ? Comment cette initiative tend à promouvoir l'inclusion dans et en dehors des terrains ?
En effet, et la particularité de ce tournoi est qu’il rassemble des équipes participantes qui sont toutes composées d’un mix de joueurs des clubs invités et de résidents de centres Fedasil ou de centres de la Croix-Rouge. Ces jeunes qui ne se connaissaient pas, jouent ensemble pour la même équipe et portent le même maillot le temps d’une journée. Cette rencontre c’est la clé, car elle permet de jeter des ponts entre les communautés.
Cet événement est pour nous l’occasion de promouvoir notre initiative et de sensibiliser d’autres clubs de football et centres d’accueil à la thématique de l’inclusion sociale par le sport. Nous collaborons notamment avec la Fédération Belge de Football et avons été à l’initiative de la création d’un réseau de clubs belges engagés dans l’inclusion de réfugiés et de demandeurs d’asile : ‘Tous sur le terrain’. Ce réseau compte aujourd’hui plus de cinquante clubs amateurs et professionnels, répartis sur tout le territoire du pays.
Nous pensons que c’est par la multiplication de ce type d’initiatives sur le terrain que nous pourrons véritablement avoir un impact et faciliter le processus d’inclusion sociale de ces jeunes.
Clara Gauthier au micro de Cécile Dauguet