Lundi 14 novembre vers 16 h, ils étaient plusieurs dizaines d’employés, de clients, professionnels et particuliers, de la Tricyclerie, rassemblés devant la mairie de Nantes. Tous voulaient apporter leur soutien à la coopérative, placée, suite à des difficultés financières, en liquidation judiciaire jeudi dernier. La Tricyclerie récoltait les biodéchets à vélo à Nantes depuis 2016.
L’annonce de la liquidation judiciaire a surpris les clients de la coopérative, tel Claire Déchan du restaurant végan l’Éthiquête.
“Ça nous a surpris et on ne s’y attendait pas. Nous-même on a des difficultés financières, mais on ne savait pas qu'eux-mêmes étaient encore plus en difficulté financière”.
Clients et employés de la coopérative qui le désiraient, ont été reçus à la mairie par Mahel Coppey, élue municipale en charge des déchets. Au terme de la réunion, les participants n’ont pas semblé convaincus par les réponses apportées par la municipalité. Nous avons tendu notre micro à Claire Deschamps ainsi qu'à Laurence une cliente.
Est-ce que vous avez, avec cette réunion, eu l’impression d’avoir des réponses à vos questions ? "Oui j’ai la réponse, c’est qu'il n'y a pas de réponse. Du moins on va continuer, nous les plus militants, à devoir se débrouiller avec les initiatives locales plus qu’avec les collectivités finalement."
"En fait, j’avoue que j’ai pas vraiment de réponse. Et j’ai partagé la réunion avec les restaurateurs. Et eux sont comme nous, particuliers, ils ne comprennent pas pourquoi ça s’est arrêté aussi vite. Et pourquoi la municipalité n’était pas derrière.”
Critiquée, la municipalité indique ne pas pouvoir venir en aide directement aux entreprises. Et dit avoir voté en octobre une aide coup de pouce, aide qui doit arriver en décembre. Aide dont ne bénéficiera donc pas la Tricyclerie qui cesse son activité. Alors même que la loi rend obligatoire le tri des déchets alimentaires en 2024.
Clients et employés espèrent, malgré l’arrêt de la Tricyclerie, voir les vélos circuler à nouveau dans Nantes. Comme nous l’affirme, Colline Billon, fondatrice de la Tricyclerie.
“Nous, globalement ce qu'on espère c’est que l’activité puisse reprendre, via une autre structure. Pour que les établissements bénéficient toujours de ce service, et qu’il soit fait à vélo. Et qu’il y ait plus d’interventions de la métropole."
Pour l’instant, deux organismes se sont positionnés pour reprendre l’activité. La décision du tribunal de commerce devrait intervenir fin novembre. Pour autant, prévient Laurence Goubet, de l’association les bouillonnantes, organisatrice du rassemblement. Les restaurateurs seront attentifs au dispositif qui sera mis en place par un éventuel repreneur.
“Les critères sont importants, c’est à la fois le critère humain, de proximité, de régularité, de vélo. On le dit, les restaurants du centre-ville ne veulent pas que leur activité génère encore plus de camions. Parce qu’ils sont aussi sensibles à ça. Je pense qu’on a aussi un rôle à jouer aujourd'hui, à dire au repreneur, on veut ce service là et on viendra vers vous, car vous êtes ce type d’entreprise qui possède ce type de service.”
Sur cette question des déchets alimentaires à l’échelle européenne, la France semble quelque peu en retard. Nombre de pays voisins, tels l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, l'Italie ont déjà, pour certains depuis plus d’une dizaine d’années, opté pour une collecte séparée.
Reportage réalisé par Vincent Le Pape.