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La Ressourcerie Créative : réemployer avant de recycler pour être plus écologique

© Mathilde Leroy La Ressourcerie Créative : réemployer avant de recycler pour être plus écologique
© Mathilde Leroy

Du 18 au 26 novembre, c’est la semaine européenne de la réduction des déchets.  À cette occasion, Euradio Paris s’est rendu à la Ressourcerie Créative, dans le 14e arrondissement de Paris. L'objectif de ce lieu est de récupérer et de réemployer un maximum de choses. Notre journaliste Mathilde Leroy a tendu son micro à Sabine Arondelle, coordinatrice de la Ressourcerie. 

Euradio : Pour commencer, est ce que vous pouvez m'expliquer comment est née la Ressourcerie Créative ?

Sabine Arondelle : La Ressourcerie Créative est née en septembre 2015. Je travaillais dans la communication automobile et j’en ai eu marre donc je me suis orientée vers l'associatif. Il y avait un beau tiers-lieu qui devait ouvrir dans le 14e sur le site de l'ancien hôpital Saint Vincent de Paul. J’ai donc rejoint le projet pour créer cette ressourcerie sur un site qui a eu pas mal de succès. 

Euradio : Comment fonctionne la ressourcerie créative ?

Sabine Arondelle : La Ressourcerie est une association loi 1901, donc on a des salariés, mais on a aussi beaucoup de bénévoles. Notre modèle économique repose sur les dons. Les gens nous donnent ce qui les encombre, ce dont ils ne se servent plus et qu’ils n'utilisent plus. On va aussi chez les particuliers et les entreprises pour récupérer directement des collectes sur site. On récupère en moyenne une tonne par jour de dons.

Euradio : Une fois que vous avez récupéré ces dons, comment les valorisez-vous ? 

Sabine Arondelle : Une fois les dons récupérés, c'est un peu le début de notre vrai travail. On a tout un cycle de valorisation qu'on se dispatche par typologie de dons. On a une unité de valorisation pour les livres et la papeterie, les jouets, le textile, les bibelots et la vaisselle, une autre pour tout ce qui est électrique, électronique et enfin les meubles. A chaque fois, on a un responsable de pôle qui est un salarié et des bénévoles en support pour trier, remettre en rayon, mettre des prix... Pendant ce tri, on met de côté tout ce qui ne peut pas être remis en boutique directement. Cela peut être des beaux vêtements auxquels il manque un bouton, des bijoux auxquels il manque des perles ou qui sont abîmées... On se dit que si on récupère certaines perles, on peut en faire autre chose. Ces objets, mis de côté, sont réparés ou retravaillés pendant nos ateliers. Le mardi c'est tout ce qui est textile. Le mercredi, c'est tout ce qui est papeterie : on va prendre des cadres qui sont un peu moches, on va leur remettre un petit coup de neuf, on va faire de l'encadrement avec de jolies matières. Le jeudi, ce sont les bijoux et le vendredi, c'est un peu touche-à-tout. Le samedi, on a des ateliers bien spécifiques pour le grand public où l’idée est de faire découvrir à chacun différentes techniques pour prendre du plaisir en fabriquant des choses de ses mains. 

Pour avoir un exemple de ce qui se fait à la Ressourcerie, écoutez ce reportage de Mathilde Leroy : 

Euradio : Comment fait-on pour participer à ces ateliers ?

Sabine Arondelle : Les inscriptions à nos ateliers peuvent se faire en ligne. C’est sur notre site : https://www.laressourceriecreative.com/. Pour ceux qui ne sont pas adeptes d'Internet, vous pouvez aussi venir vous inscrire en boutique. Après, il ne faut pas tarder parce que les places sont chères. On a entre 5 et 7 places par atelier donc ça se remplit vite.

Euradio : Quelle est la proportion de déchets que vous avez valorisée cette année ou l’année dernière ? 

Sabine Arondelle : Comme je vous disais tout à l'heure, on récupère environ une tonne de dons par jour. Donc, cette année, on a valorisé entre 250 et 300 tonnes de dons. 75 % est remis en vente.  Pour les 25 % restants, on a d'autres associations derrière nous. On donne à des associations qui s’occupent des gens dans le besoin ou d’autres comme Amelior qui a une autre façon de faire du réemploi. Eux, ils ont beaucoup de membres pour valoriser la matière. Ils la vendent ensuite sur des marchés libres. Ce qu'ils n'arrivent pas à vendre, ils le mettent dans des filières de recyclage. On arrive donc à écouler énormément de choses. Ce qui part vraiment en déchets ultimes, ce sont les emballages et les choses cassées qu’on ne peut pas réparer. 

Euradio :  Quelle différence faites-vous entre le réemploi et le recyclage ?

 Sabine Arondelle : Bon, voilà, on est au cœur du sujet.

Beaucoup de personnes font l'amalgame. Le recyclage, c'est très bien, mais en amont du recyclage, on a le réemploi Sabine Arondelle

On récupère quelque chose qui a un usage, par exemple une chaise. Nous, on prend cette chaise, on la récupère et elle reste une chaise. Entre-temps, elle peut avoir été nettoyée, réparée, transformée, mais en tous les cas, un meuble reste un meuble. Alors que pour le recyclage, l'idée, c'est de prendre cette chaise, la broyer pour récupérer la matière, et refaire du neuf. Nous, notre matière, elle fait de la seconde main. On remet en circulation l'objet pour son même usage. Cela est bien plus louable en termes d'impact carbone et ça nécessite très peu d'énergie hormis la nôtre.

Euradio : Qu'est-ce-que vous faites quand vous n'arrivez pas à vendre en boutique certains objets que vous avez mis à vendre ?

Sabine Arondelle : Alors par exemple, pour les vêtements, toutes les semaines, on enlève ce qui est depuis un moment dans la boutique. Puis on fait une opération qu'on appelle coquelicot. Là, on propose à tous les bénévoles qui viennent nous aider régulièrement à la ressourcerie de se servir dans ces sacs. Beaucoup sont des personnes dans des situations très précaires : hébergées en foyer d'urgence ou sans revenu. Cela leur permet de se vêtir, de prendre du linge… 

Ecoutez cette interview complète, réalisée par Mathilde Leroy !