Nouveau rendez-vous dans le studio d'Euradio Paris. Chaque mois, les Jeunes Européens se penchent sur un thème et le décryptent. En novembre, c'est Nathan et Charles des Jeunes Européens-Paris qui abordent le sujet du glyphosate.
Le 15 décembre prochain, l’autorisation d’utilisation du glyphosate au sein de l’UE prendra fin. La Commission européenne avait soumis un projet de ré-autorisation pour 10 ans, avec certaines conditions et restrictions. Le 16 novembre, les représentants des Etats membres ne sont pas parvenus à dégager une majorité qualifiée pour adopter ou rejeter la proposition de la Commission. Le Parlement européen a, quant à lui, échoué à utiliser son droit à une objection. La Commission disposant du dernier mot en l’absence de majorité, on se dirige donc vers une ré-autorisation.
Quels sont les enjeux de celle-ci ? Pourquoi tant de controverses autour de cette molécule ?
Rappelons tout d’abord que le glyphosate n’est autre que l’herbicide le plus utilisé en Europe. On le retrouve dans le fameux produit phytosanitaire « Roundup », utilisé pour éliminer les plantes « indésirables ». Le glyphosate est notamment utilisé en arboriculture et en viticulture. Mais de quelle controverse parlons-nous ? Le débat est d’abord scientifique. En 2015, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), classait le glyphosate comme « probablement cancérigène pour les humains ». Dans son rapport final rendu public en septembre dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) affirme ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique » à même d’exclure l’autorisation du glyphosate. Problème ? Certains reprochent aujourd’hui à l’EFSA de trop s’appuyer sur des rapports produits par les industriels eux-mêmes.
De quoi faire monter au créneau celles et ceux qui militent pour l’interdiction de la molécule, notamment des ONG. Ces dernières invoquent principalement ses effets néfastes sur l’environnement et la santé humaine.
Le débat est aussi judiciaire : de nombreuses affaires, devenues médiatiques, ont vu des individus atteints de cancers ou de maladies neurologiques imputer leur pathologie à une exposition au glyphosate et ainsi demander des comptes aux fabricants. La dernière en date est le cas de Théo Grataloup, dont l’exposition prénatale au glyphosate serait la cause de sa malformation selon la justice française.
Le débat est enfin politique. Rappelons que les Etats membres demeurent responsables des autorisations nationales des produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate, ce qui signifie qu’ils peuvent toujours restreindre son utilisation au niveau national ou régional, voire l’interdire. Le sujet est devenu si sensible politiquement que la France et l’Allemagne, deux grandes puissances économiques de l’UE, se sont abstenues, à cause du manque d'alternatives et d’unanimité nationale sur l’utilisation du glyphosate.
Pour conclure, ce renouvellement de l’autorisation du glyphosate pose la question du modèle agricole que nous, citoyens européens, voulons pour demain. Comment sortir du glyphosate sans pénaliser pour autant les agriculteurs qui aujourd’hui en ont besoin pour produire ? Quelles sont les alternatives viables à notre disposition ? Voilà des questions qui, à n’en pas douter, seront au cœur des élections européennes de juin prochain.
Retrouvez une nouvelle chronique des Jeunes Européens dès janvier 2024 !