La Commission européenne annonce débloquer 276 millions d’euros pour améliorer les conditions d’accueil de migrants en Grèce ; le projet sur la transparence fiscale des entreprises franchit un nouveau cap. En Hongrie, une enquête révèle une distribution très inégale des aides publiques entre les principales villes du pays.
L'UE va débloquer 276 millions d’euros pour la construction de structures d’accueil de migrants en Grèce.
Débutons ce journal par la visite en Grèce de la commissaire européenne aux affaires intérieures Ylva Johansson.
La commissaire suédoise Ylva Johansson s’est rendue lundi en Grèce pour rencontrer des organisations locales et régionales chargées de l’accueil des réfugiés. Les îles grecques sont, on le sait, en première ligne face aux flux migratoires. Environ 14 000 demandeurs d’asile y vivent dans des conditions précaires.
L’hiver a été particulièrement rude, notamment pour les 8 000 migrants qui doivent séjourner dans des logements temporaires pour la plupart totalement insalubres suite à l’incendie survenu dans le camp de Moria sur l’île de Lesbos en septembre 2020.
L’Union européenne souhaite qu’un nouveau camp soit construit au plus vite.
Tout à fait, la commissaire européenne accompagnée du ministre grec chargé des migrations a annoncé le déblocage de 276 millions d’euros pour améliorer les conditions des demandeurs d’asile.
Mais la construction de ces structures d’accueil prend du retard car elle se heurte à l’opposition des autorités et de la population locale. En témoigne la colère de quelques centaines d’habitants de Lesbos rassemblés à l’endroit même où se déroulait la conférence de presse de la Commissaire suédoise.
Lors de cette visite, il a aussi été question du retour des migrants de la Grèce vers la Turquie voisine.
En effet, Ylva Johansson a par ailleurs demandé à la Turquie de « réadmettre d’urgence les migrants » renvoyés de Grèce. Le ministre hellénique des migrations a en effet rappelé lundi qu’Athènes avait demandé à la Turquie de reprendre sur son territoire 1.450 personnes qui avaient été déboutées du droit d’asile. Car en 2016, l’UE et la Turquie ont passé un accord qui prévoit notamment le retour des migrants n’ayant pas obtenu le droit d’asile en Europe.
Mais les relations entre Bruxelles et Ankara restent très tendues. Il y a un an, le pays avait, dans un geste de défiance envers l’Union, partiellement ouvert ses frontières vers l’Europe aux migrants sur son sol. Notamment en mer Egée où la Turquie est accusée d’avoir envoyé des navires dans les eaux grecques.
Une récente décision du président Recep Tayyip Erdogan a aussi relancé les tensions entre Bruxelles et Ankara même si l’UE et la Turquie affirment vouloir améliorer leur relation.
Oui, le gouvernement turc s’est retiré de la convention européenne d’Istanbul qui vise à lutter contre les violences faites aux femmes. Néanmoins, l’UE dit vouloir maintenir une certaine entente avec la Turquie qui, rappelons-le, est toujours formellement candidate à une adhésion à l’Union même si cette perspective est aujourd’hui totalement improbable.
Les présidents de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Conseil européen Charles Michel se rendront à Ankara le 6 avril pour y rencontrer le président Recep Tayyip Erdogan.
L'Europe franchit un nouveau cap vers la transparence fiscale des entreprises.
Dirigeons-nous à présent vers Bruxelles où des négociations sur une proposition de la Commission européenne pour lutter contre l’évasion fiscale ont débuté lundi.
Oui, après plus de cinq ans de blocage entre les États membres, le projet de la Commission européenne sur la transparence fiscale des entreprises a franchi un nouveau cap. Lundi, des représentants des pays membres ainsi que des eurodéputés se sont réunis pour trouver un compromis sur la mise en place du texte dit du « reporting public pays par pays ». Il obligerait les grandes entreprises à dévoiler publiquement leurs activités dans chaque pays où elles sont présentes. Notamment leur les bénéfices réalisés, le nombre d’employés, ou encore les montants des impôts payés et où ils sont versés.
Le Parlement européen et les 27 vont donc devoir se mettre d’accord sur les détails de cette proposition qui devrait concerner les entreprises enregistrant un chiffre d’affaires de plus de 750 millions d’euros. Ce texte devrait s’appliquer aussi aux multinationales non européennes exerçant des activités dans l’union. Un premier pas salué par plusieurs parlementaires mais certains pays craignent que l’UE perdre en attractivité avec la mise en place de cette nouvelle réglementation.
En Hongrie, une enquête révèle une distribution très inégale des aides publiques entre les principales villes du pays.
Terminons ce journal en Hongrie, où une enquête réalisée par le média d’investigation hongrois ‘G7’ montre l’inégale distribution des aides publiques entres les villes administrées par le Parti conservateur au pouvoir Fidesz et les mairies d’opposition.
En effet, comme le rapporte le média français ‘Courrier d’Europe Centrale’, l’investigation menée par G7 dévoile qu’en 2020, les villes de plus 10 000 habitants dirigées par le Parti Fidesz ont reçu 470 fois plus d’aides publiques covid que les communes de l’opposition.
Ainsi, les mairies Fidesz ont reçu près de 32 milliards de forints hongrois, soit 88 millions d’euros, quand les mairies de l’opposition en ont reçu seulement 68 millions, soit 190 000 euros. L’enquête dévoile aussi l’inégale répartition des fonds européens lors de la dernière décennie. Notamment les 500 milliards de forints du programme « Széchenyi 2020 » pour améliorer les infrastructures du pays.
Une tendance qui s’est encore accentuée depuis les dernières élections.
Oui, plus frappant encore, après la conquête de près de la moitié des principales villes du pays par l’opposition lors des élections municipales de 2019, ces communes ont reçu moitié moins d’aide que les villes aux mains du Parti au pouvoir si l’on tient compte des 19 préfectures hongroises.
Enfin, le média G7 observe que les villes les plus riches et fidèles au Fidesz reçoivent en moyenne plus que les communes d’opposition les plus pauvres. Un traitement de faveur que les élus concernés ne cessent de dénoncer. Le maire de Budapest pro-européen qui a battu le candidat sortant du Fidesz lors des dernières élections avait ainsi lancé une campagne d’affichage pour alerter sur les difficultés financières de la capitale, en accusant directement le gouvernement hongrois.
Thomas Kox - Armand Duthil
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