Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Vendredi 27 novembre

Aujourd'hui en Europe - Vendredi 27 novembre

Brexit, la perspective du No Deal inquiète l'UE, qui redoute des conséquences économiques désastreuses ; l'Allemagne s'attaque à l'extrémisme et au racisme avec un nouveau plan de plus d'un milliard d'euros ; transition énergétique, l'Europe souhaite devenir autonome dans la production de batteries électriques.

Pour cette édition, intéressons-nous au Brexit ! Le temps passe et les négociations n’ont toujours pas été conclues. Cela fait des mois que Bruxelles et Londres tentent de négocier un accord commercial. La période de transition arrive à sa fin le 1er janvier 2021. Sans un accord, de nombreux acteurs craignent des conséquences économiques désastreuses. A Bruxelles, les dirigeants européens ne cachent pas leur exaspération.

La perspective d’un No Deal, de l’absence d’un accord fait grincer des dents à Bruxelles. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, s’est adressée mercredi au parlement européen. Elle a souligné certaines avancées notamment en matière de coopération policière et de biens et services. Néanmoins, les Britanniques se montrent intraitables sur trois points : l’accès de l’UE aux zones de pêches britanniques ; le cadre juridique concernant la concurrence entre entreprises ; et enfin, les recours possibles en cas de non-exécution. Ursula von der Leyen ne s’est pas montrée optimiste, loin de là.

Pourtant, même si un accord est signé dans les plus brefs délais, il est peu probable qu’il entre en vigueur avant le 1er janvier ?

Non, en effet ! Tout accord commercial nécessite la signature de chaque partie mais aussi la ratification des parlements respectifs. Pour l’UE, il faudra l’approbation du parlement et également celle du Conseil européen, l'institution qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernements des 27. Ces deux institutions devront alors analyser un texte qui pourrait faire jusqu’à 1800 pages. Vu le délai serré qui reste jusqu’au 1er janvier 2021, la procédure serait probablement accélérée. Cela aura des conséquences sur le processus démocratique.

Pouvez-vous nous dire ce qui se passerait si aucun accord n’était signé d’ici le 1er janvier 2021 ? Quelles seraient les conséquences pour la France ?

En cas d’échec des négociations, il est possible que Bruxelles et Londres s’accordent sur un accord temporaire. Il n’y aurait en tout cas pas d’extension des négociations. Ce n’est pas légalement possible selon les termes de l’accord de sortie signé en 2019.

En ce qui concerne la France, l’absence d’accord pourrait avoir des conséquences néfastes sur de multiples domaines. Les exportations de produits agricoles, la pêche, et le commerce à partir des zones portuaires de la façade atlantique. Le tourisme pourrait également encore davantage souffrir et ce, dans les deux sens. Néanmoins, les relations commerciales entre la France et le Royaume-Uni sont très importantes. Il paraît peu probable que les deux gouvernements ne signent pas un accord bilatéral approfondi dans le futur.

Tournons-nous vers l’Allemagne ! Le gouvernement lance un plan ambitieux de lutte contre l’extrémisme de droite et le racisme. Un comité interministériel spécial a publié un catalogue de mesures à prendre pour lutter contre la discrimination raciale. Il s’agit d’un véritable plan d’envergure qui concerne 7 ministères et de multiples acteurs. Pouvez-vous nous expliquer ce que l’Allemagne veut accomplir ?

Oui, l’Allemagne a décidé de débloquer plus d’un milliard d’euros dans le but de financer de multiples projets entre 2021 et 2024. Ce plan inclut les plus hauts acteurs politiques allemands. Le comité interministériel rassemble notamment la chancelière Angela Merkel, le ministre de l’intérieur, Horst Seehofer, et le ministre des finances Olaf Scholz. La volonté des autorités est de fournir un meilleur soutien aux victimes de racisme et de terrorisme. De plus, il s’agira de mieux prévenir ces actes en s’inspirant des différentes pratiques en Europe. Les autorités veulent également supprimer le mot « race » de la Constitution allemande.

Ces mesures s’inscrivent dans une prise de conscience en Allemagne de la prégnance de mouvances radicales au sein des forces de l’ordre ainsi qu’une montée du terrorisme d’extrême droite ?

En effet, plusieurs scandales ont éclaté ces derniers mois concernant des groupuscules néo-nazis au sein de la police. L’un de ces incidents avait entraîné la démission du patron de l’agence de contre-espionnage militaire. De plus, l’indice international du terrorisme, un rapport publié chaque année, pointe la montée en puissance du terrorisme d’extrême droite. Une tendance qui devrait être exacerbée par les conséquences socio-économiques de la pandémie.

Terminons en évoquant l’autonomie énergétique de l’Union européenne ! A l’heure de la transition écologique, les batteries électriques prennent énormément d’importance, notamment pour les véhicules. D’ici 2025, la Commission européenne ne veut plus dépendre de l’importation pour la fabrication de ces batteries !

Tout à fait ! La Commission affiche sa volonté d’atteindre l’autonomie stratégique dans de multiples domaines, la santé, l’énergie ou encore l’innovation. Dans le but d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, l’UE veut produire localement toutes les batteries électriques nécessaires. Maros Sefcovic, vice-président de la Commission, a déclaré vouloir produire, je cite, « les batteries les plus vertes du monde ».

Cette initiative n’est pas étonnante. L’Allemagne assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. Elle pousse ce projet notamment en raison du fait qu’elle est le plus gros producteur de voitures en Europe. L’industrie automobile allemande veut se saisir du marché des voitures électriques.

Au niveau européen, il s’agit aussi de diminuer la dépendance vis-à-vis des pays tiers. Par exemple, la Chine produit aujourd’hui 80% des batteries au niveau mondial.

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Christoph Scholz, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons