Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 13 février

De gauche à droite, les ministres des affaires étrangères allemands, français et polonais Crédit photo : France Diplomatie Aujourd'hui en Europe - Mardi 13 février
De gauche à droite, les ministres des affaires étrangères allemands, français et polonais Crédit photo : France Diplomatie

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. 

Au programme : 
- La réunion du triangle de Weimar
- Les bons chiffres de la croissance en Russie annoncés par le FMI
- La cour d'appel de la Haye ordonne aux Pays-Bas de cesser les livraisons de pièces d'avions F-35 à Israël

Bonjour Joris, à la une de ce journal la réunion, non loin de Paris, des membres du triangle de Weimar, ce groupe composé de la France, de l’Allemagne et de la Pologne.

Pour rappel, le triangle de Weimar c’est cette alliance fondée à la fin de la guerre froide à l’origine pour faciliter la réconciliation entre Berlin et Varsovie. Mais aujourd’hui encore des réunions ont fréquemment lieu, la dernière par exemple remonte à juin 2023. L’objectif affiché étant de discuter de différents sujets allant de la construction européenne aux politiques de défense. Des réunions qui peuvent avoir leur importance à l’échelle européenne, les trois États pesant à eux seuls plus du tiers de la population totale de l’UE.

Pour la Pologne, cette réunion du 12 février était d’ailleurs l’occasion de rétablir le dialogue avec ses alliés européens, après plusieurs années de troubles.

C’est la première réunion entre les représentants des trois États depuis le départ du PiS, le parti eurosceptique qui a dirigé le pays pendant 8 ans et qui a volontairement rompu le dialogue avec ses voisins. Pour le nouveau Premier ministre Donald Tusk, ancien Président du Conseil européen, cette réunion vise donc également à fluidifier une relation mise à mal par 8 ans de gouvernement PIS. Donald Tusk a d’ailleurs rencontré le président français Emmanuel Macron en marge de cette réunion et devrait rencontrer le chancelier allemand dans la semaine.

Cette réunion, a été dominée par les récents propos de Donald Trump sur l’OTAN.

Oui l’ancien président américain Donald Trump, probable candidat à l’élection présidentielle du mois de novembre, a déclaré ce week-end qu’en cas de réélection, il laisserait la Russie attaquer un membre de l’OTAN sans réagir, si la contribution financière de ce dernier à l’alliance militaire n’était pas suffisante. Une phrase qui a suscité l’indignation chez les partenaires des États-Unis, y compris au sein de l’Union européenne. Le Haut-représentant de l’UE aux affaires étrangères, Josep Borrell, a d'ailleurs rappelé en réaction à ce discours que, je cite, l’OTAN n’est pas une alliance à la carte.

Face à l’éventualité d’un retour de Donald Trump au pouvoir, le triangle de Weimar prône pour une plus grande indépendance de l’Europe sur le plan de la défense.

Les représentants des trois pays ont insisté sur leur volonté d’unité face à la menace russe. Le ministre français des affaires étrangères Stéphane Séjourné a également rappelé que l’OTAN bénéficiait également aux Américains. En revanche, l'imprévisibilité bien connue de l’ancien et potentiel futur président des Etats-Unis Donald Trump devrait pousser les États membres de l’UE à faire encore davantage d’efforts sur le plan de la défense. En témoigne le fonds de défense européenne de 100 milliards d’euros proposé par le commissaire au marché intérieur Thierry Breton.

Et poursuivons ce journal en Russie, où selon le Fonds monétaire international, la croissance se maintient en 2023 malgré les sanctions internationales.

Oui, après avoir connu la récession en 2022, la Russie a connu une croissance d’environ 3% de son PIB en 2023. Le FMI annonce également des chiffres similaires pour l’année 2024. Des chiffres déjà annoncés par le président russe Vladimir Poutine au mois de décembre, mais validés pour la première fois par un observateur international. 

Qu’est ce qui explique ce rebond de l’économie russe ?

Principalement l’effort de guerre qui a énormément dopé l’industrie du pays. Selon des sources citées par le Figaro, le complexe militaro-industriel générerait entre 35 et 50% de cette croissance, les commandes militaires ayant fortement augmenté avec la guerre en Ukraine. 

Le contournement des sanctions occidentales a également joué dans cette reprise.

Oui, même si les exportations de produits pétroliers ont par exemple chuté de 93% en direction de l’Europe, celles-ci ont explosé en direction de l’Inde et de la Chine. Moscou enregistre malgré tout une perte de 14% de ses revenus dans le secteur, mais c’est très loin de ce que les Européens espéraient après neuf vagues de sanctions.

Cependant, l’économie russe est loin d’être à la fête.

Oui, la croissance n’est qu’un indicateur économique parmi tant d'autres, comme l’inflation par exemple, toujours très haute en Russie. De nombreux économistes pointent ainsi une situation probablement plus inquiétante que ce qu’en dit le Kremlin. La présidente de la banque centrale russe le déclarait d’ailleurs elle-même il y a quelques semaines que cette apparente bonne tenue de l’économie ne pourrait pas durer.

Les pertes démographiques, avec la fuite de nombreux cadres, sans parler des morts lors du conflit, pourraient coûter très cher à la Russie à long terme. D’après l’économiste Vladislav Inozemtsev, le pays pourrait même perdre une grande partie de sa capacité industrielle dans les prochaines années à cause de la pénurie de main-d'œuvre, provoquant une contraction de 10 à 15% de son PIB d’ici à la fin des années 2020.

Concluons ce journal en évoquant la décision de la cour d’appel de la Haye qui ordonne aux Pays-Bas de cesser la livraison de pièces d’avions de combat F-35 à Israël.

Le tribunal a expliqué le 12 février que ces pièces pourraient être utilisées dans le cadre d’actions allant contre le respect des droits humains. Un groupe d’organisations de défense des droits humains avait porté cette question en justice il y a plusieurs semaines, alors que le Premier ministre démissionnaire Mark Rutte était au cœur d’une polémique pour avoir autorisé ces livraisons.

Le gouvernement néerlandais avait d’ailleurs rétorqué que ces livraisons permettaient de conserver de bonnes relations avec Israël et les États-Unis

Oui ces pièces ne sont en réalité pas produites par les Pays-Bas, ce sont simplement des pièces américaines stockées sur le territoire. En revanche l’argument du maintien de bonnes relations avec les deux États a été jugé irrecevable par la cour, qui a ordonné la suspension dans la semaine de ces livraisons. Selon le Ministre du conseil de guerre israélien, qui a rencontré Mark Rutte dans la journée du 12 février, ce dernier souhaiterait faire appel à cette décision pour maintenir les exportations vers Tel Aviv

Un journal de Joris Schamberger et Ulrich Huygevelde