Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme du jour :
- La présentation du livre blanc pour le réarmement européen
- Le scandale de corruption au Parlement européen
- La conférence des donateurs pour la reconstruction de la Syrie.
Bonjour Gaspard, on commence ce journal en évoquant la présentation du nouveau plan de la Commission européenne pour le réarmement européen. Appelé livre blanc pour une défense européenne, ce projet définit une nouvelle approche de la défense et recense les besoins d’investissements.
Oui en effet, face à la guerre en Ukraine et au désengagement américain en cours, l’Europe travaille actuellement à un réarmement dans l’urgence. Avec ce livre blanc, le plan se précise avec des objectifs clairs fixés pour 2030.
Ursula von der Leyen a déclaré «L'ère des dividendes de la paix est révolue. L'architecture de sécurité sur laquelle nous nous sommes appuyés ne va plus de soi. L'Europe est prête à monter en puissance.” Avant d’insister sur les mesures prises pour investir dans la défense et de présenter la feuille de route à l’horizon 2030. Au-delà du soutien apporté à l’Ukraine, l’Europe voit plus large et veut aussi se renforcer à long terme et doper la compétitivité européenne.
Le plan proposé par la Commission européenne sera au programme du sommet organisé ce jeudi à Bruxelles entre les 27.
Oui, ce sera sans nul doute la priorité de ce sommet et la raison pour laquelle les 27 se réunissent une nouvelle fois. En raison de la situation en Ukraine, il y a urgence pour l’Union européenne de reprendre son destin en main après des années de sous-investissements comme l’a rappelé le commissaire à la Défense, Andrius Kubilius.
Au programme de ce jeudi, les 27 évoqueront également la guerre au Proche-Orient, la situation commerciale avec les Etats-Unis ou encore l’avenir du multilatéralisme.
Le livre blanc mis en place pour le plan de réarmement de l’Europe n’évoque pas de perspective d’armée commune contrairement à ce qui a pu être évoqué.
Oui, c’est ce qu’a tenu de rappeler l’exécutif communautaire dans sa communication. La défense est et restera une compétence relevant des Etats membres. Les 27 restent maîtres de leur doctrine militaire mais l’Europe apporte une valeur ajoutée avec son cadre d’action.
Ce plan invite à investir rapidement dans différents domaines essentiels de la défense. La Commission propose aux capitales l’instrument “Safe” qui sera doté de 150 milliards levés sur le marché, transformés en prêts pour soutenir les investissements. En utilisant cet instrument, il faudra respecter une règle de préférence européenne pour l’achat dans des programmes de défense. Une règle qui permettra de doper l’industrie européenne et réduira la dépendance aux Etats tiers.
Les Etats membres sont encore loin de consacrer les dépenses recommandées pour la Défense.
Oui, selon les chiffres évoqués par Ursula von der Leyen, on n’est pas encore au niveau espéré mais on est sur la bonne voie. L’an dernier, les Etats membres ont consacré 326 milliards d’euros aux dépenses militaires selon les chiffres de l’Agence européenne de la défense. Le total atteint 1,quatre-vingt dix neuf% du PIB soit presque les 2% attendus. Le montant est en hausse de 30% en 3 ans mais reste faible par rapport aux 3,38% américains ou encore les 9% russes.
On continue ce journal en revenant sur le scandale de corruption qui secoue actuellement le Parlement européen. Huawei, le géant chinois des communications est soupçonné de mettre en place une corruption de grande ampleur à Bruxelles.
Oui, en effet, le parquet fédéral belge a déclaré qu’il enquêtait sur une corruption supposée qui aurait eu lieu au profit de l’entreprise chinoise Huawei. Les enquêteurs s’intéressent notamment à quinze anciens et actuels eurodéputés. Les faits qui leurs sont reprochés vont de rémunérations pour des prises de positions à des cadeaux démesurés pour promouvoir des intérêts commerciaux dans le cadre de prises de positions politiques.
Huawei aurait investi des millions d’euros depuis le milieu des années 2010 dans des campagnes de lobbying et de relations publiques en Europe.
Si au départ, les faits dénoncés étaient surtout des fêtes somptueuses dans des lieux prestigieux, la corruption a ensuite pris un tournant plus grave. A partir de 2019, Huawei a joué de son influence pour repousser les pressions européennes.
A la suite des accusations envers l’entreprise chinoise, Huawei aurait versé d’énormes sommes auprès de parlementaires et journalistes bien placés. L’Union européenne est devenue plus méfiante au cours des dernières années face à ce géant chinois des communications et a limité l’utilisation des réseaux 5G d’Huawei, diminuant fortement son influence en Europe.
Malgré l’adoption de mesures en septembre 2023 cette nouvelle affaire montre qu’il reste du travail en matière de lutte contre la corruption.
Oui, le Parlement songe à nouveau à redéfinir les relations entre les lobbyistes et les parlementaires pour éviter de nouveaux scandales après celui du Qatargate en 2022 et maintenant Huawei.
En réaction à cette affaire de corruption, le Parlement et la Commission ont interdit aux lobbyistes de revenir dans leurs locaux. Et le porte-parole chargé de la transparence, Olof Gill, a également déclaré que la Commission demandait de “suspendre tous les contacts et les réunions avec Huawei”.
On clôture ce journal en évoquant la conférence des donateurs réunie à Bruxelles cette semaine, qui vise à financer la reconstruction de la Syrie.
En 14 ans, il s’agit de la neuvième conférence de ce type, mais c’est pourtant la première fois que des représentants syriens y participent. Le régime de Bachar al-Assad, qui vient de tomber en décembre, n’y était pas convié du fait de ses crimes.
À l’issue des discussions, la commissaire européenne pour la Méditerranée Natacha Franceschi, a annoncé un engagement financier de 5,8 milliards d’euros, répartis entre 4,2 milliards de dons et 1,6 milliard de prêts.
Une aide financière conséquente, mais en baisse : 7,5 milliards d’euros avaient été mobilisés l’an dernier. Une réduction en grande partie due au désengagement des États-Unis, laissant l’Union européenne prendre le relais.
Un soutien financier crucial puisque l’ONU estime qu’au rythme actuel, il faudra au moins un demi-siècle pour que la Syrie retrouve son niveau économique d’avant-guerre. Sans soutien international, le pays risque en outre de replonger dans l’instabilité.
Les 27 insistent sur la nécessité d’une transition maîtrisée et estiment voir dans les récentes violences contre la minorité alaouite un épisode isolé, plutôt qu’un signe d’un retour au chaos. Bruxelles exige néanmoins du nouveau régime syrien qu’il prenne ses distances avec Moscou et Téhéran. Pour rappel, Bachar al-Assad a trouvé refuge en Russie après la chute de son régime.
Un journal de Gaspard Timmermans et Robin Job.