Nouvelles sanctions de l'UE à l'encontre des responsables du coup d'Etat en Birmanie ; L'UE adopte un fonds à 5 milliards d'euros pour la paix ; Les régions "ultrapériphériques" de l'UE demandent un meilleur soutien.
Nouvelles sanctions de l'UE à l'encontre des responsables du coup d'Etat en Birmanie.
L’UE a de nouveau pris des sanctions contre les responsables du coup d’Etat qui a eu lieu le 1er février en Birmanie, et qui a vu l’armée renverser la dirigeante Aung San Suu Kyi. Depuis, les militaires répriment de manière sanglante les manifestations pro-démocratie qui se déroulent sans interruption dans le pays.
Lundi 22 mars, les ministres européens des affaires étrangères ont pris des mesures contre "le renversement illégitime du gouvernement démocratiquement élu et la répression brutale exercée par la junte contre des manifestants pacifiques". Les cibles des sanctions européennes sont notamment le chef de la junte au pouvoir, le général Min Aung Hlaing, ainsi que pour neuf haut gradés de l’armée. Les sanctions consistent en une interdiction de se rendre ou de transiter par l’UE et un gel de leurs avoirs au sein de l’Union. L’UE a aussi maintenu son embargo sur les armes et autres équipements susceptibles d’être utilisés à des fins de répression interne.
L’UE a également adopté une modification du régime de sanctions à sa disposition, afin de pouvoir bientôt sanctionner des entités économiques.
Oui, l’idée est de pouvoir sanctionner ceux qui coopèrent financièrement le gouvernement. Pour devancer une telle décision, l'entreprise française EDF a par exemple décidé, vendredi 19 mars, de suspendre le développement d'un projet de barrage hydroélectrique en Birmanie, au nom du "respect des droits humains fondamentaux". En revanche, ce n’est pas le cas du groupe pétrolier Total qui a par exemple versé, entre 2015 et 2019, l’équivalent de 600 millions à Myanmar Oil and Gas Enterprise, une entreprise publique désormais contrôlée par l’armée.
Depuis le 1er février, la dirigeante Aung San Suu Kyi est gardée au secret, tandis que les manifestations pro-démocratiques sont réprimées de plus en plus violemment. Samedi le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a déclaré que “le meurtre de manifestants pacifiques et les arrestations arbitraires, y compris de journalistes, sont tout à fait inacceptables”.
En effet, sur place les arrestations sont nombreuses parmi les grévistes et les forces de l’ordre tirent désormais à balles réelles sur les manifestants. Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques, une organisation birmane de défense des droits de l’homme, "les fusillades augmentent jour après jour", au moins 250 manifestants ont été tuées, peut-être plus, car parmi les milliers de personnes qui ont été arrêtées, beaucoup ont disparu. Enfin selon la BBC, quarante journalistes ont aussi été arrêtés depuis le début de la crise.
L'UE adopte un fonds à 5 milliards d'euros pour la paix.
Continuons à évoquer la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne, en revenant sur l’adoption, lundi 22 mars, par l’UE de la Facilité européenne pour la paix. Ce financement servira à déployer les missions militaires de l’UE à l’étranger, mais aussi à soutenir les armées des pays partenaires.
Ce fonds est doté d’une enveloppe budgétaire de 5 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Selon le ministre portugais des Affaires étrangères Augusto Santos Silva qui participe à la présidence tournante de l’UE, l’objectif est de “ renforcer l’aide aux pays partenaires” en soutenant leurs opérations de maintien de la paix et leur permettant de “garantir la paix et la sécurité sur leur territoire national”. Il a ajouté “Nous ne pouvons garantir une paix durable qu’en investissant dans la stabilité et la sécurité internationale”.
Concrètement, l’UE pourrait fournir à ses partenaires des “équipements militaires ou liés à la défense”, c’est-à-dire des armes. Une perspective qui suscite de nombreuses inquiétudes.
Même si le Conseil de l’UE devra s’aligner sur le Code de conduite de l’UE en matière d’exportation d’armements, le Parlement européen mais aussi des ONG ont vivement critiqué ce nouvel instrument. Ils craignent que les armes terminent aux mains de gouvernements susceptibles de les utiliser contre des opposants internes. La députée européenne écologiste Hannah Neumann a déclaré avoir “besoin de transparence et de droits de contrôle complets pour le Parlement européen”. Selon elle, exporter des armes ne fera que “souffler sur les braises des conflits militaires”.
Les régions "ultrapériphériques" de l'UE demandent un meilleur soutien.
Terminons ce journal en revenant sur l’actualité de la politique régionale de l’Union, en ce qui concerne les régions dites “ultrapériphériques” de l’UE. Au nombre de neuf, elles rassemblent des territoires de l’UE très éloignés comme par exemple la Guadeloupe et la Guyane française, l’archipel portugais des Açores, ou encore les îles Canaries de l’Espagne.
De par leur isolement et un climat souvent difficile, ces territoires souffrent de difficultés économiques. Par conséquent, le président de la région des Açores Vasco Alves Cordeiro n’a pas hésité à recourir à son statut de membre au sein du Comité européen des régions pour obtenir un meilleur soutien. Ce débat a été particulièrement intense en 2020, car l’arrivée de la pandémie et donc de nouvelles exigences de dépenses en matière de santé risquait ainsi de détourner l’attention des Européens d’autres domaines comme le transport maritime, ou le soutien à l’économie des régions ultrapériphériques.
Ces régions ultrapériphériques bénéficient d’un statut particulier au sein de l’UE.
En effet, bien que le droit européen s’applique normalement sur tous ses territoires de la même façon, les régions ultrapériphériques se sont vues octroyer un statut particulier depuis 2004, et depuis 2017, la Commission européenne a également lancé une stratégie pour les régions ultrapériphériques. Concrètement, ce régime spécial octroie certaines dérogations, par exemple pour éviter d’appliquer les mêmes règles douanières que sur le continent, ce qui aurait pour effet par exemple d’isoler encore plus ces territoires. Un accès facilité aux fonds européens a aussi été mis en place, et une partie du Fonds de développement régional, le FEDER, leur est réservé.
Un important projet régional en Guadeloupe vient d’ailleurs de se terminer, grâce à cet accès aux fonds européens. C’est le projet de modernisation de la cité scolaire de Baimbridge.
Oui, la Guadeloupe a bénéficié de près d’un milliard d’euros de fonds européens sur la période 2014-2020, et sur ce projet particulier, la mise aux normes parasismiques de la cité scolaire de Baimbridge a reçu plus de 20 millions d’euros du fonds de développement régional, le FEDER. La Banque européenne d’investissement s’est aussi engagée en faveur de la Guadeloupe en lui octroyant un prêt à long terme pour l’aider dans son développement.
Thomas Kox - Romain L'Hostis
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