Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- L'incarcération d’Ekrem Imamoglu et la mobilisation populaire
- Le bilan du sommet européen : vers un réarmement de l'Europe
- Les pourparlers en Arabie Saoudite entre délégations ukrainiennes et américaines
Bonjour Robin, on ouvre ce journal en évoquant l’annonce, ce dimanche 23 mars, de l'incarcération du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu, interpellé le 19 mars à son domicile. Placé en détention provisoire pour “corruption” ce dimanche matin, le maire d’Istanbul a été depuis “suspendu de ses fonctions” a annoncé le ministère de l’Intérieur turc.
Oui, les magistrats ont retenu des charges de “corruption” contre Ekrem Imamoglu mais aussi contre 20 de ses co-accusés. Ils accusent le maire d’Istanbul d’avoir exploité sa position à des fins lucratives, notamment par l'attribution inappropriée de contrats gouvernementaux. Le sort du reste des soixante dix autres personnes mises en causes avec lui (élus, conseillers municipaux et la quasi entièreté de sa garde rapprochée arrêtée comme lui mercredi dernier) reste quant à lui incertain. Ekrem Imamoglu a qualifié son incarcération “d’exécution extrajudiciaire complète” et de “coup d’état”.
Pour rappel, ces arrestations qui ont toute l’apparence d’une décision politique, sont intervenues juste avant la primaire lors de laquelle Ekrem Imamoglu, personnalité très populaire en Turquie, devait être désigné comme candidat à la présidence de la République du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition à Erdogan. Une primaire qui s’est d’ailleurs déroulée malgré cette annonce. Près de 15 millions de personnes se sont ainsi déplacées dont 13 211 000 pour exprimer leur soutien à Ekrem Imamoglu, seul candidat en lice.
Depuis l’arrestation du maire d’Istanbul mercredi, la mobilisation populaire ne faiblit pas. Les manifestants protestent depuis quatre jours et quatre nuits sans relâche.
Oui en effet, il s’agit de la plus grande vague de protestation qui secoue le pays depuis plus de 10 ans. Alors que les rassemblements ont été interdits depuis mercredi, une interdiction prolongée hier de quatre jours par le gouverneur d’Istanbul, manifestants et forces de l’ordre se font face. La police a procédé vendredi à 343 arrestations dont une majorité d’étudiants selon le ministère de l’intérieur. Cette vague de protestation mobilise des centaines de milliers de personnes dans au moins 55 des 81 provinces turques, selon l’AFP, avec des slogans forts à l’instar de « ensemble contre le fascisme ! » ou « droit, loi, justice ! » alors que le Président turc accuse l’opposition de mener le pays au chaos.
Le gouvernement a réagi fermement à cette mobilisation.
Oui et il a mobilisé un impressionnant arsenal policier contre les manifestants. La presse est également ciblée. On apprend ce matin que neuf journalistes ont été arrêtés à leur domicile pour leur couverture des protestations. Depuis deux nuits, le président du Haut Conseil de la radio-télévision (RTUK), Ebubekir Sahin appelle les chaines télévisées à ne pas diffuser en direct les images des protestations sans quoi leur licence serait suspendue.
L’Union européenne, dont les relations avec le président Erdogan sont depuis longtemps difficiles, a exprimé son inquiétude.
Oui, la présidente de la commission Ursula von der Leyen, a fait part de sa vive préoccupation face à l'arrestation d’Ekrem Imamoglu et a exhorté la Turquie à respecter ses engagements en matière de défense des valeurs démocratiques. "La Turquie est un pays candidat à l'adhésion à l'UE et doit respecter les valeurs démocratiques, en particulier les droits des élus", a-t-elle déclaré.
On continue ce journal en revenant sur le bilan du sommet européen des 20 et 21 mars dernier. Les 27 se sont réunis pour discuter de la défense européenne et de leur soutien à l’Ukraine.
Oui en effet, la réunion des chefs d’Etat et de gouvernement européens, qui se tenait à Bruxelles a été l’occasion pour les 27, à l’exception habituelle du premier ministre hongrois Viktor Orban, de réaffirmer leur volonté de réarmer l’Europe et de s’engager pour un prolongement du soutien militaire à l’Ukraine. La déclaration adoptée, de ce fait, à 26 vise à réaffirmer le soutien à l’Ukraine en prévoyant par exemple de maintenir les actifs russes gelés jusqu'à la fin de l'agression russe en Ukraine. Par ailleurs, plusieurs États membres ont insisté sur la nécessité d'accélérer l'adhésion de l'Ukraine à l'UE.
L’agenda a été dominé par la question du réarmement de l’Europe.
Oui, les 27 ont approuvé le paquet défense de la Commission européenne, un plan de 800 milliards d’euros qui vise à soutenir les 27 dans leurs efforts d’investissements militaires pour faire face aux tensions géopolitiques et aux menaces posées par la Russie. Pour ce faire, le plan présenté par la Commission prévoit d’emprunter 150 milliards d’euros pour aider les Etats membres qui souhaitent investir dans leur défense. Le plan devrait aussi permettre l'activation de clauses nationales dérogatoires au Pacte de stabilité.
Pourtant, bien que les 27 aient affirmé leur volonté d’afficher une image d’une Europe ambitieuse et engagée, beaucoup jugent le plan de la Commission insuffisant.
Oui en effet, plusieurs Etats membres attendent de la Commission des aides directes et non pas uniquement la possibilité d’emprunter davantage. Certains regrettent le fait que derrière un affichage très ambitieux, ce nouveau plan de la commission ne soit en partie que le nouvel affichage d’initiatives déjà programmées.
On clôture ce journal en revenant sur les pourparlers entre les délégations ukrainienne et américaine qui se sont tenues à Ryad en Arabie Saoudite ce dimanche 23 mars.
Oui, les discussions se sont finies tard hier soir et ont été décrites comme “productives”, par le ministre de la défense ukrainien Rustem Umerov. Les pourparlers devaient permettre de discuter d’une hypothétique trêve dans la guerre avec la Russie. “Nous avons abordé des points clés, notamment l’énergie », a déclaré Rustem Umerov. Washington et Kiev visent au moins une suspension temporaire des frappes visant les infrastructures énergétiques.
Signe que le chemin vers une trêve semble encore long, on apprend ce matin que les forces russes ont lancé cette nuit 122 drones d’attaque, selon l’armée de l’air ukrainienne. Ces attaques interviennent alors que les Américains rencontrent aujourd’hui une délégation russe.
Oui d’ailleurs le Kremlin a déjà annoncé que les pourparlers avec la délégation américaine seraient probablement “difficiles”. Si l’Ukraine s’est dite « prête » à un cessez-le-feu « général » et sans conditions, le Kremlin assure quant à lui s’être uniquement mis d’accord avec la Maison Blanche sur un moratoire concernant les bombardements des infrastructures énergétiques. Les pourparlers ont commencé ce matin.
Un journal de Assia Patel, Paul Thorineau et Robin Job.