Aujourd’hui en Europe

aujourd'hui en Europe - jeudi 8 octobre

aujourd'hui en Europe - jeudi 8 octobre

A Bruxelles, le président ukrainien Zelensky annonce vouloir approfondir les relations commerciales et la coopération sectorielle avec l'Union; en Grèce, le parti d'extrême droite Aube Dorée reconnu coupable d'organisation criminelle; la France quant à elle doit limiter les émissions de gaz à effet de serre "importées".

Mardi, le président ukrainien, Volodymyr Zelenskyy était à Bruxelles pour le 22e sommet entre l’Union européenne et l’Ukraine. L’Ukraine est un partenaire privilégié de l’Union depuis 2014, lorsque des manifestations pro-européennes avaient fait tomber le président pro-russe. L’Ukraine avait fait alors le choix de se tourner vers l’Europe. L’Union européenne soutient depuis plusieurs années la démocratisation et le développement économique du pays. Quels ont été les thèmes abordés lors de ce sommet ?

Bonjour Thomas, oui cela fait plusieurs années que l’Union européenne maintient une relation privilégiée avec l’Ukraine dans le cadre du partenariat oriental. L’Union apporte son soutien notamment financier au programme de réformes engagées par le pays. Le président du Conseil de l’UE, Charles Michel a salué les efforts réalisés sous la présidence de Zelenskyy notamment concernant le système bancaire et la libéralisation du système foncier, encore récemment basé sur des régulations datant de l’ère soviétique. Néanmoins, le pays fait toujours face à des graves problèmes de corruption.

De son côté, le président Zelenskyy a annoncé vouloir approfondir les relations commerciales et la coopération sectorielle avec l’Union. Il a aussi accueilli positivement l’établissement d’une évaluation de la mise en œuvre de l’accord d’association. Il s’agit d’un traité de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine entré en vigueur en 2017. Le but de cet accord est d’intégrer progressivement l’Ukraine dans le marché intérieur européen.

Suite à son tournant résolument pro-européen, l’Ukraine est engluée dans un conflit qui oppose, dans l’Est du pays, son armée à des rebelles pro-russes, soutenus par Moscou. La question a été, je l’imagine, lors de ce sommet ?

Tout à fait, le conflit à l’est de l’Ukraine a fait maintenant plus de 10.000 morts et oppose les forces ukrainiennes à deux républiques sécessionnistes auto-proclamées et soutenues par Moscou. Depuis 2014, l’Union européenne et l’OTAN soutiennent l’Ukraine dans ce conflit. Mardi, les européens ont reconduit les sanctions économiques prises en 2014 suite au comportement agressif de la Russie.

L’une des grandes promesses de campagne du président Zelenskyy était d’ailleurs de résoudre ce conflit qui dure depuis 6 ans. Néanmoins, le processus reste timide avec peu de véritables avancées dans le processus de paix, dont font partie notamment la France et l’Allemagne.

Tournons-nous maintenant vers la Grèce ! Un procès fleuve s’est terminé mercredi. La procédure qui a démarré en 2015 visait le parti d’extrême droite grec, Aube dorée. Ce parti est tristement célèbre pour ses positions extrêmement radicales sur la question des réfugiés, ainsi que pour sa sympathie pour l’idéologie néo-nazie. Dans l’attente du verdict, jusqu’à 15.000 manifestants anti-fascistes étaient massées devant la cour pénale d’Athènes. Quelle a été l’issue de ce procès long de cinq ans ?

Et bien, 68 membres du parti Aube dorée faisait face à la justice grecque. D’anciens députés, des cadres du parti, et le fondateur du parti, Nikos Michaloliakos, connu pour ses positions négationnistes et son admiration du national-socialisme, l’idéologie nazie, ont été reconnu coupable de diriger une organisation criminelle. Ils recevront leur peine lors d’une audience ultérieure, celles-ci pourraient aller jusqu’à 15 ans de prison.

A l’annonce du verdict, la foule rassemblée dehors a applaudi l’issue de ce procès qui totalise plus de 400 audiences, et a vu passé 150 témoins et une cinquantaine d’avocats. De nombreux manifestants brandissaient des pancartes appelant à la condamnation du parti.

La cour pénale d’Athènes n’a pas seulement délibéré sur la qualification du parti en organisation criminelle. Le procès mêlait plusieurs affaires ?

Tout à fait, les 68 membres du parti répondaient de multiples chefs d’accusation : possession illégale d’armes, blanchiment d’argent. Surtout, l’un des membres d’Aube dorée a été reconnu coupable du meurtre de Pavlos Fyssas. Il s’agissait d’un rappeur anti-fasciste grec, assassiné à l’arme blanche en septembre 2013. Son assassin a reconnu les faits et risque la prison à perpétuité. Le fondateur du parti, avait nié toute responsabilité pénale dans ce meurtre. Néanmoins, il en avait revendiqué la responsabilité politique. D’autres membres du parti ont été reconnu coupable de tentative de meurtre sur des réfugiés égyptiens.

Ce jugement de la cour porte un sérieux coup à ce parti. Il avait prospéré dans le cadre de la crise économique à laquelle faisait face la Grèce en 2010.

En effet, le parti Aube dorée, créé en 1993, est resté un obscure groupuscule jusqu’à la crise économique qui l’a vu devenir le troisième parti politique au parlement en 2012. Il avait trouvé un terreau propice à ses idées en visant les couches les plus touchées par les conséquences de la crise. Le parti est connu pour ses positions islamophobes, antisémites, et homophobes. Il prône notamment, le « droit du sang », c’est-à-dire, que la nationalité grecque ne peut être attribuée qu’aux descendants de grecs.

Le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, a accueilli la nouvelle du jugement comme une victoire pour la démocratie. Le commissaire européen aux affaires intérieures, Margaritis Schinas, grec lui aussi, a considéré que la décision de la cour pénale d’Athènes envoie un message fort à ceux qui critiquent l’Etat de droit et les valeurs de l’Union.

Terminons par un point sur les ambitions climatiques de la France. En vertu de l’accord de Paris de 2015 qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1.5 degré Celsius, la France doit limiter les émissions de gaz à effet de serre « importées ». Pouvez-vous nous expliquer ce que cela représente ?

Oui, pour calculer l’empreinte carbone d’un pays, il faut ajouter les émissions de gaz à effet de serre causées par la production des biens que ce pays importe. Pour la France, les émissions de gaz à effet de serre pour les produits importés sont 70% plus élevées que les émissions strictement nationales. Depuis 2005, la France a réduit ses émissions nationales de gaz à effet de serre mais pas celles des produits importés.

Outre les efforts réalisés par l’Union européenne en la matière, ces politiques ne seront pas tout à fait abouties tant qu’elles ne s’attaqueront pas à la pollution engendrée par les autres Etats du globe pour livrer des produits en Europe. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, la Commission européenne veut taxer l’empreinte carbone des produits qui arrivent l’Union pour progressivement favoriser les produits européens et inciter les autres pays à moins polluer.

Une excellente nouvelle pour la fin ! Le Parlement européen a voté en séance plénière une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 60% pour 2030 ! Le Parlement rehausse l’objectif de 55% adopté par la Commission.

Victor D’Anethan – Thomas Kox

Photo: Capri23auto