De grandes révélations sont sorties hier dans la presse ! Le Consortium International des Journalistes d’Investigation vient de publier une enquête sur son site, les FinCen files. Selon le rapport, de grandes banques comme HSBC, Deutsche Bank ou ING sont impliquées dans un scandale de blanchiment d’argent à l’échelle internationale.
Ce sont des révélations spectaculaires. Le rapport du Consortium parle de montants allant jusqu’à 2000 milliards d’argent sale. Ce sont environ 2500 documents qui ont fuité. Ces types de documents sont des formulaires que les banques envoient aux autorités américaines lorsqu’elles suspectent un comportement illicite. Les autorités financières américaines décident alors ou non d’intervenir. Ces documents qui couvrent les années 2000 à 2017 montrent que les banques continuent de voir passer des montants considérables d’argent sale. Pourtant, celles-ci n’agissent pas toujours.
Si les banques révèlent des comportements illicites aux autorités américaines, que peut-on alors leur reprocher ?
C’est là le problème. Les autorités américaines poursuivent très rarement les grandes banques ou donnent seulement de petites amendes. L’enquête du Consortium affirme que de 2000 à 2017, ces banques ont fait part de ces comportements illicites au ministère des finances américain tout en continuant à en profiter.
Parmi les institutions pointées du doigt, il y a 3 banques européennes : HSBC, Deutsche Bank et ING. Elles seraient impliquées dans des mécanismes de blanchiment d’argent ou de fraude. L’enquête révèle que ces mécanismes ont notamment profité à des oligarques russes, des terroristes et des criminels.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?
Et bien, par exemple, la banque JPMorgan a permis le mouvement d’un milliard de dollars sans savoir qu'ils appartenaient à l’un des criminels les plus recherchés aux Etats-Unis. Ou encore, le média américain Buzzfeed écrit que la Deutsche Bank aurait laissé des réseaux criminels blanchir jusqu’à dix milliards de dollars à travers ses comptes. Enfin, l’enquête révèle aussi que de l’argent lié à un proche du président russe, Vladimir Poutine, a servi à financer le parti conservateur anglais, cela depuis 2016.
Ces révélations ont du déclenché une réaction forte au niveau européen ?
L’Union européenne n’a pas encore réagi mais cela devrait arriver dans les jours qui viennent. Par contre, le parti socialiste européen a appelé l’Union à sanctionner les grandes banques européennes impliquées dans ces mécanismes frauduleux. La gauche européenne a également demandé à la Commission de contrôler davantage les institutions bancaires.
L’enquête est disponible en totalité sur le site du Consortium Internationale des Journalistes d’Investigation.
Nous allons parler maintenant d’un autre rapport, publié par Oxfam, l’ONG qui lutte contre la pauvreté. Le rapport pointe les inégalités liées aux émissions de CO2. De quoi s’agit-il exactement ?
Selon Oxfam, de 1990 à 2015, les 10% les plus riches de la population mondiale, 623 millions d'individus, ont émis 52% des émissions de CO2 dans l’atmosphère. Alors que les 50% les plus pauvres, 3 milliards de personnes, sont responsables de 7% seulement. Les couches fortunées de la population mondiale ont un impact plus lourd sur l’environnement. La crise du Covid a fait diminuer les émissions totales de CO2 sur une courte durée mais la tendance générale va vers une augmentation de celles-ci.
Ces chiffres viennent s’ajouter à l’augmentation des inégalités économiques ?
Tout à fait, malgré l’augmentation générale du confort dans le monde, les inégalités se sont accentués dans les dernières années. En 2017, Oxfam avait déjà montré que les couches pauvres de l’humanité souffrent davantage des effets du réchauffement climatique. Elles sont plus vulnérables aux catastrophes climatiques comme les tempêtes ou les inondations. Elles doivent donc plus souvent se déplacer. Cela a donc un impact sur la migration internationale.
Dans le sillage de ce rapport, Oxfam appelle la France et l’Europe à développer une économie plus juste et plus verte. Pour le volet climatique, je rappelle que la Commission européenne a dévoilé son ambition de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030. Le parlement européen exige lui une réduction de 60%.
Nous nous tournons maintenant vers l’Italie où un vote historique vient de se tenir. Le pays comptabilisait le nombre le plus élevé de parlementaires au sein de l’Union européenne avec un total de 950 députés. Les électeurs ont pour la grande majorité décidé de réduire ce nombre à 600.
Exactement, l’Italie compte maintenant 600 parlementaires répartis entre ses deux chambres. 400 à la chambre basse et 200 au Sénat. Il s’agissait d’une promesse de longue date du Mouvement 5 étoiles. Un parti qui a toujours fait campagne sur des idées dites « anti-système » et qui gouverne aujourd’hui avec le parti de centre-gauche. La réduction du nombre de députés devrait permettre d’économiser 500 millions d’euros.
La question du nombre de députés n’était pas la seule posée aux italiens lors de ce scrutin. Se tenaient également des élections régionales. Matteo Salvini, le leader de la Ligue du Nord, l’extrême droite italienne, espérait prendre à la gauche la présidence de plusieurs régions.
Tout à fait, la coalition gouvernementale est relativement fragile et subit la concurrence féroce de l’alliance entre le centre-droit et l’extrême droite. Cette alliance contrôle maintenant 14 régions italiennes contre 5 pour les deux partis au pouvoir.
Contrairement à l’apparente domination de la droite, des divisions internes apparaissent suite au scrutin. Matteo Salvini, leader extravagant de l’extrême droite, est de plus en plus concurrencé. Notamment, par Luca Zaia, maire de Venise, célébré pour sa bonne gestion de la crise du Covid. Georgia Meloni, a pris la région des Marches à la gauche. Sa popularité commencerait à faire de l’ombre à Salvini, le leader du parti d’extrême droite populiste.
Affaire à suivre !
Victor D'Anethan - Thomas Kox