Politique de santé 5,1 milliards d'euros alloué au programme européen EU4Health ; une campagne de promotion du boeuf européen créent la polémique ; historique, pour la première fois un médecin légiste conclut que le décès d'une jeune fille au RU en 2013 est en partie dû à la pollution de l'air.
Pour cette édition, intéressons-nous à la politique européenne en matière de santé. Le Conseil de l’UE et le Parlement européen ont trouvé un accord sur les fonds qui seront alloués aux Etats. Le but est d’accroître la capacité des systèmes nationaux à gérer de futures crises sanitaires.
C’est donc un budget de 5,1 milliards qui sera alloué au programme EU4Health, l’UE pour la santé. Le programme est structuré sur la période 2021-2027. Naturellement, la pandémie de covid-19 a mis les enjeux sanitaires sur le devant de la scène. L’UE veut donc rendre les systèmes de santé plus résistants et résilients. Outre des fonds supplémentaires, le programme prévoit la création de réserves stratégiques de médicaments essentiels et de vaccins. Une agence européenne spéciale sera établie pour gérer les crises sanitaires. Elle coordonnera notamment les efforts nationaux.
La pandémie a révélé les difficultés de coordination entre les Etats membres dans la gestion de la crise sanitaire. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen a appelé à la création d’une Europe de la Santé. Pourtant, la santé reste une compétence nationale.
En effet, l’UE a surtout des compétences générales qui lui permettent de compléter les compétences nationales. Elle peut par exemple favoriser la coopération ou coordonner les actions des Etats membres. Elle peut adopter des textes légaux. C’est par exemple l’UE qui a défini le seuil de nicotine et de goudron contenu dans les cigarettes. Il existe aussi une agence européenne des médicaments qui octroie les autorisations de mise sur le marché.
Mais comme vous l’avez dit, les Etats ont l’essentiel des compétences. Ils organisent leur système de santé et leurs services de soins comme ils le veulent. Néanmoins, des voix s’élèvent pour communautariser ce qui a une importance transnationale. Par exemple, les enjeux sanitaires liés à la pollution, au réchauffement climatique.
Toujours en matière de santé, une initiative crée la polémique en Europe. 34 eurodéputés critiquent le deux poids deux mesures de la Commission européenne. En cause, le financement d’une campagne de promotion de la viande européenne. Une initiative déplacée selon ces eurodéputés, alors que la Commission promeut une réduction de la consommation de viande.
Tout à fait, l’initiative s’appelle « Devenez boeufatarien ». Elle fait partie d’une campagne plus large de promotion du bœuf européen. L’initiative en tant que telle a bénéficié de 3.6 millions d’euros. Elle est menée par deux organisations d’éleveurs bovins, l’une espagnole, l’autre belge.
A travers une vidéo promotionnelle, l’initiative incite à manger carnivore mais local ! En consommant du bœuf européen, les citoyens soutiennent l’agriculture durable. Dans la vidéo, il est également mentionné qu’un « boeufatarien » n’hésite pas à commander du bœuf comme accompagnement pour ses asperges.
Selon des eurodéputés écologistes et de gauche, le financement de cette initiative contredit les grands projets de la Commission. Notamment le projet appelé « de la ferme à la fourchette ».
En effet, « de la ferme à la fourchette » est intégré dans le pacte vert européen. Dans ce cadre, la Commission promeut une alimentation durable davantage végétarienne, tant pour l’environnement que pour la santé des citoyens européens. Les eurodéputés dénoncent le caractère hypocrite et contre-productif de cette mesure. Pour les organisations écologistes, l’industrie de la viande est en effet en grande partie responsable du réchauffement climatique, notamment à cause de la déforestation massive qu’elle engendre. Au niveau de la santé, de nombreuses études démontrent le caractère cancérigène d’une consommation élevée de viande rouge.
Néanmoins, le Commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski a déclaré que la Commission n’entendait pas dire aux citoyens ce qu’ils doivent manger. L’objectif est surtout de promouvoir une alimentation durable. Dans ce cadre, le Comité européen des régions insiste sur l’importance des circuits courts et de la production locale et régionale.
Terminons en évoquant une grande première en matière judiciaire ! Au Royaume-Uni, un Coroner, l’équivalent d’un médecin légiste, a conclu que la mort d’une jeune fille de 9 ans était bien due en partie à la pollution de l’air. C’est la première fois au Royaume-Uni que la pollution de l’air est reconnue comme une cause de mortalité par la justice.
Oui, la petite Ella Adoo-Kissi-Debrah est décédée en février 2013 d’un arrêt cardiaque du à des difficultés respiratoires. C’est grâce à un professeur d’université en immunopharmacologie que la mère décide de porter plainte. Stephen Holgate a parcouru tout le dossier médical. Il conclut que les crises respiratoires de la petite fille correspondent aux pics de pollution dans la zone de Londres où elle vit.
En 2014, un premier tribunal a jugé que sa mort a été causée par une insuffisance respiratoire due à un asthme sévère. Néanmoins, la mère demande une nouvelle enquête avec le soutien du maire de Londres. Le médecin légiste confirme l’intuition du professeur d’université Stephen Holgate. Il considère la pollution de l’air comme une contribution matérielle à la mort de la jeune fille.
Le tribunal doit rendre son jugement dans un mois. S’il suit l’avis du légiste, cette décision aura des conséquences juridiques. Notamment, elle pourrait engager la responsabilité des autorités.
Victor d'Anethan – Thomas Kox
Image par Peggy und Marco Lachmann-Anke de Pixabay