Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- La Russie, quelques jours après la mort de l’opposant Alexeï Navalny
- Les difficultés de l’armée ukrainienne, qui après des mois de lutte, s’est retirée de la ville d’Avdiivka
- La Slovaquie, alors que la Présidente Zuzana Caputova a annoncé contester la réforme du code pénal voulue par le gouvernement
Bonjour Joris, démarrons ce journal en Russie, quelques jours après la mort de l’opposant Alexeï Navalny.
Un pays encore sous le choc après l’annonce du décès le 16 février de ce leader d’opposition incarcéré depuis deux ans. Selon l’organisation de défense des droits humains en Russie ovd-info, près de 400 personnes auraient été arrêtées le 18 février pour avoir voulu lui rendre hommage. Rien qu’à Saint-Pétersbourg, au moins 150 auraient été condamnées à des peines de prison pour leur participation à des rassemblements non-autorisés.
Alexeï Navalny était l'opposant le plus célèbre à Vladimir Poutine depuis des années.
Oui il était particulièrement virulent à dénoncer la corruption du pouvoir russe. Il avait été interdit de se présenter à l’élection présidentielle de 2018, la faute à de multiples accusations et condamnations d’une justice aux ordres du Kremlin. Même si son parti est aujourd’hui interdit, ses soutiens sont restés relativement nombreux en Russie, y compris après son incarcération.
Les causes de sa mort restent toujours un mystère aujourd’hui
L’autorité pénitentiaire explique qu’il aurait perdu connaissance après une promenade, mais la cause de la mort reste encore à déterminer. La santé d’Alexeï Navalny inquiétait depuis son incarcération en janvier 2021, pour je cite “extrémisme”, notamment à cause d’une grève de la faim et des conséquences d’un empoisonnement en 2020. Un empoisonnement que l’opposant et de nombreux observateurs internationaux ont imputé au pouvoir russe. Le président du conseil européen Charles Michel tient ainsi le régime poutinien pour “seul responsable” de la mort de l’opposant.
Le pouvoir russe refuse de rendre la dépouille de l’opposant à sa famille, expliquant vouloir je cite “établir la cause du décès” en premier lieu.
Après avoir disparu des radars pendant 2 jours après son décès, le corps de Alexeï Navalny aurait été retrouvé dans un hôpital de Sibérie, dans la région de son centre pénitentiaire, selon le journal Novaïa Gazeta Europe. En revanche, d’après le média en exil en Lettonie, aucune autopsie n’aurait encore été pratiquée. Les proches n’ont quant à eux toujours pas été autorisés à accéder au corps.
Poursuivons ce journal en évoquant les difficultés de l’armée ukrainienne, qui après des mois de lutte, s’est retirée de la ville d’Avdiivka.
C’est un retrait symbolique pour Kiev près de deux ans après le début de l’offensive de Moscou. L’armée russe avait débuté un siège acharné sur cette ville autrefois peuplée de 30000 habitants, mais dont les derniers résidents ont été contraints de quitter les lieux. Une défaite douloureuse pour l’armée ukrainienne qui aura malgré tout coûté extrêmement cher à l’armée russe. Au total, ce sont 222 tanks russes qui ont été détruits sur ce front. A titre de comparaison c’est autant que le nombre de chars Leclerc dont dispose au total l’armée française.
Cela faisait pourtant plusieurs semaines que l’armée ukrainienne était en difficulté dans la ville.
Principale cause de ces difficultés : le manque de munitions des forces ukrainiennes. Le Président Volodymyr Zelensky a expliqué vouloir je cite “sauver le plus de vies possibles”. Les soldats présents sur places vont donc se retrancher dans des positions plus à l’ouest afin de tenter de ralentir et d’user l’armée russe au maximum en attendant l’arrivée notamment de ces précieuses munitions et de nouvelles armes à longue portée.
Le président Zelensky était d’ailleurs en visite en Europe ces derniers jours pour demander un plus important soutien de la part de ses alliés occidentaux.
Il était notamment de passage à Paris, où il a signé un accord de sécurité avec son homologue français Emmanuel Macron. La France s’engage ainsi à fournir 3 milliards d’euros d’aide supplémentaire à Kiev sur l’année 2024, après en avoir transmis 2,1 milliards en 2023.Volodymyr Zelensky s’est également rendu en Allemagne, où le chancelier Olaf Scholz a annoncé débloquer un milliard d'euros d’aide supplémentaire. Les deux pays souhaitent d’ailleurs inscrire ces accords sur le long terme, en attendant l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN à laquelle Paris et Berlin se sont montrés favorables à terme.
En revanche, les tant attendus 60 milliards de dollars d’aide américaine sont toujours bloqués par le Congrès.
Joe Biden se veut pourtant rassurant, répétant régulièrement être persuadé que cette aide finira par arriver. En revanche, les Républicains disent ne pas être pressés de ratifier ce texte. Selon le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, l’absence de l’aide américaine a cependant déjà des conséquences sur le champ de bataille.
Nous nous rendons en Slovaquie pour conclure ce journal, alors que la Présidente Zuzana Caputova a annoncé contester la réforme du code pénal voulue par le gouvernement.
Cette réforme, pointée du doigt pour les manquements qu’elle pourrait entraîner à l’État de droit, a été approuvée il y a quelques jours par le parlement slovaque. Un parlement constitué à majorités de députés de la coalition du Premier ministre eurosceptique récemment élu, Robert Fico. De nombreuses manifestations ont d’ailleurs eu lieu dans le pays pour demander le retrait de cette réforme. La présidente pro-Europe Caputova a donc annoncé ce week-end qu’elle contesterait ce texte devant la cour constitutionnelle.
Que modifierait cette réforme si elle était adoptée ?
La mesure centrale est la suppression du bureau du procureur spécial en charge de la gestion des crimes graves allant de la corruption au crime organisé. Il inclut également des réductions des peines notamment pour la corruption, un délit pour lequel plusieurs soutiens du premier ministre eurosceptique Robert Fico ont été condamnés ces dernières années. Le gouvernement a d’ailleurs souhaité faire passer ce texte à l’aide d’une procédure accélérée, ce qui implique des débats plus courts au parlement mais surtout une absence d’analyse dans le détail du texte par des experts, une procédure pourtant obligatoire pour la plupart des textes législatifs.
Un journal de Joris Schamberger et Thomas Kox.