Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Jeudi 21 mars

@OECD / ITF 2012 / Marco Urban Aujourd'hui en Europe - Jeudi 21 mars
@OECD / ITF 2012 / Marco Urban

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme :

- Le Premier ministre irlandais Leo Varadkar a annoncé sa démission

- La colère des agriculteurs qui ne faiblit pas en Pologne comme en Europe

- Le rapport de la Fédération européenne du transport qui pointe la place croissante des transports dans les émissions de gaz à effet de serre en Europe

Bonjour, démarrons ce journal en Irlande, où le Premier ministre Leo Varadkar a annoncé sa démission le mercredi 20 mars.

Une décision qui a surpris bon nombre d’observateurs. Élu en décembre 2022 le leader du parti  Fine Gael a décidé de mettre fin prématurément à son mandat de Premier ministre. Il abandonne également son rôle à la tête de sa formation de centre droit.

Pour le moment, aucune date d’élection anticipée n’a été annoncée. Le Fine Gael devrait nommer un remplaçant en attendant les prochaines législatives qui devront être organisées avant février 2025.

Et comme raison de son départ, le Premier ministre évoque des raisons « personnelles et politiques »

Il estime également ne plus être « la meilleure personne pour ce poste ». Une annonce qu’on pourrait lier à un récent échec d’une forte violence symbolique : l’échec du référendum pour une modification de la constitution. Le but était de donner une place plus moderne à la femme et une définition plus moderne à la notion de famille. Deux modifications qui n’avaient pas mobilisé les foules, et qui n’avaient satisfait ni les associations féministes, ni les conservateurs.

Autre source de mécontentement pour les Irlandais : la très forte crise immobilière que connaît le pays depuis plusieurs années.

Oui, trouver un logement à un prix décent n’a jamais été aussi dur en Irlande, tant les prix ont flambé ces 15 dernières années. Entre 2010 et 2022 leur prix moyen a augmenté de 90% selon Eurostat. Un constat qui touche particulièrement la jeunesse et les étudiants qui ont de plus en plus de mal à poursuivre leurs études, faute d’appartements abordables.

Une crise que certains associent également à la politique migratoire du gouvernement, jugée trop laxiste.

Le pays a accueilli environ 100 000 Ukrainiens depuis 2023, tout en ayant vu le nombre de demandeurs d’asiles multiplié par 5 depuis 2019. Des protestations violentes ont d’ailleurs été organisées par l’extrême droite locale, et se sont conclues par des pillages de magasins ou encore des incendies criminels dans des centres d'accueil de migrants.

Après cette déroute de Léo Varadkar et du Fine Gael, un parti se frotte les mains en vue des prochaines élections : les unionistes du Sinn Fein. 

Le parti de gauche, déjà majoritaire au parlement d’Irlande du Nord, et qui souhaite la réunification de l’île, est désormais favori pour les prochaines élections générales. Selon Europe Elects, les derniers sondages donnent en moyenne 27% d’intentions de vote pour Sinn Fein et seulement 19% pour le Fine Gael. 

Poursuivons notre tour de l’actualité en Pologne où la colère des agriculteurs ne faiblit pas. Depuis mercredi, certaines routes à la frontière avec l’Ukraine sont de nouveau paralysées. Des blocages qui durent depuis plusieurs mois maintenant et qui font écho aux mouvements de protestations qui se sont généralisés dans toute l’Europe.

Oui, les agriculteurs polonais ont installé des centaines de barrages à travers leur pays pour protester contre ce qu’ils qualifient de « concurrence déloyale ». Pour rappel, afin de soutenir Kiev sur le plan économique, les 27 se sont accordés en 2022 sur la suppression des droits de douanes pour les marchandises ukrainiennes transitant vers l’UE. Des exemptions qui pénalisent les produits locaux et suscitent de vives protestations.

A moins de 3 mois des élections européennes, Bruxelles tente de calmer la fronde agricole. Dans la nuit de mardi à mercredi, les Etats membres et le Parlement européen se sont entendus pour réviser cet accord.

Tout à fait, si les exemptions sont prolongées "jusqu'en juin 2025", l’accord trouvé prévoit également la mise en place de “mécanismes de sauvegarde” afin de limiter l’impact sur l’agriculture européenne. Concrètement, l’idée est de plafonner le volume d’importations. Au-delà d’un certain seuil, les marchandises telles que les œufs, la volaille, le sucre, mais aussi l'avoine, le maïs ou encore le miel seront de nouveau taxés. En plus de cela, les eurodéputés ont obtenu de la Commission un engagement à réagir fermement et rapidement en cas de hausse subite des importations.

Malgré les annonces la colère des agriculteurs européens ne semble pas s’apaiser

Selon le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel "même si ces nouvelles mesures vont dans le bon sens, ça ne va pas assez vite. » Il regrette également que le blé et l’orge demeurent exclus de ces mécanismes de sauvegarde.  

Concluons ce journal en évoquant un rapport de la Fédération européenne du transport et de l’environnement publié le 20 mars. Le groupe d’ONG pointe la place croissante des transports dans les émissions de gaz à effet de serre en Europe.

Alors que les émissions de l’Europe sont en baisse continue depuis plus de 30 ans, le secteur des transports émet lui plus de CO2 aujourd’hui qu’en 1990. Après avoir atteint un pic en 2007, la quantité de gaz qu’il génère a entamé une baisse très lente, 3 fois moins rapide que celle du reste de l’économie. Le directeur exécutif de la Fédération du transport et de l’environnement déplore qu’à ce rythme, en 2030, près de la moitié des émissions du continent seront liées aux déplacements.

Toujours selon ce rapport, à ce rythme l’Europe ne pourra pas atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici à 2050.

Non, les émissions du secteur des transports ne devraient baisser que de 62% d’ici à 2050. Principale source de ce pessimisme : l’aviation dont les émissions ont doublé au cours des trente dernières années. Le groupe d’ONG demande la réduction du nombre de vols pour voyages d’affaires ainsi que la fin de l’augmentation de la taille des aéroports. 

Une recommandation qui a peu de chance d’être écoutée à court terme. Le nombre de vols par an est en augmentation de 10% en 2023, dépassant les 10 millions de décollages. 

Un journal d'Ariane Dana.