Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- Entrée en vigueur des surtaxes américaines : la riposte de l’UE.
- Allemagne : accord de gouvernement entre conservateurs et sociaux-démocrates.
- “Le continent de l’IA” : un rêve européen.
Bonjour Assia, on ouvre ce journal en revenant sur les suites de la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Ce mercredi 9 avril, ce sont près de 60 partenaires commerciaux qui ont vu entrer en vigueur la hausse des taxes douanières annoncée par la Maison Blanche. L’Union européenne subit quant à elle des droits de douane de 25% sur l’acier et l’aluminium.
Oui en effet, la Commission européenne s’était engagée pour la mise en œuvre d’une réponse “ferme et proportionnée”. Les 27 se sont donc tous accordés, en rétorsion, ce mercredi 9 avril, à l’exception de la Hongrie, sur la taxation de près de 300 produits américains. Cette réponse européenne a vocation à s’appliquer de manière graduelle. Ainsi, dans un premier temps, 25% de taxes seront appliqués sur des produits tels que le maïs ou le riz dès le 15 avril. À partir du 15 mai d’autres produits seront quant à eux ciblés, à l’instar des motos ou encore du plastique. Enfin, à partir du 1er décembre 2025 le soja devrait subir une hausse de taxes.
Notons par ailleurs que Bruxelles affirme vouloir ne pas aggraver la guerre commerciale en cours en se déclarant prêt à suspendre ces mesures en cas d’accord “juste et équilibré avec Washington”.
Effectivement, cette liste a été élaborée dans le but de respecter les règles de l'Organisation Mondiale du commerce. De plus, certains produits phares des importations européennes ne sont pas visés par la hausse des droits de douane. C’est le cas du très remarqué bourbon qui devait initialement être visé face aux menaces de Washington de taxer à hauteur de 200% les alcools européens.
Une concession obtenue par la France, qui craignait des répercussions conséquentes sur le champagne ou le cognac en cas d’escalade des droits de douane sur l’alcool.
Mercredi soir, le président américain Donald Trump a finalement changé sa ligne de conduite en annonçant sur son réseau Truth Social, la suspension des droits de douane sur 90 jours pour une soixantaine de pays.
Oui la Maison Blanche, sous la pression des marchés et alors même qu’elle affichait jusqu’alors une position particulièrement intransigeante, a finalement fait volte face en ramenant les droits de douane à 10 % pour l’ensemble des pays du monde, à l’exception de la Chine, pénalisée, elle, à hauteur de 125 %. Cette dernière avait, pour rappel, répondu aux décisions de Washington par une surtaxe de 84% entrée en vigueur ce jeudi.
La présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen a salué cette suspension ce jeudi. Elle a par ailleurs réitéré sa volonté d’obtenir un “accord tarifaire de zéro à zéro entre l’Union européenne et les Etats-Unis ».
On poursuit ce journal Assia, en faisant le point sur la situation en Allemagne. Alors que le chancelier entrant Friedrich Merz admet que le pays “est confronté à des défis historiques”, le conservateur a dévoilé, ce mercredi, son accord de gouvernement avec les sociaux-démocrates.
Oui, le chef de file de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) devait obtenir un accord de coalition nécessaire pour entrer en fonction. Une alliance avec le parti social-démocrate a donc été conclue afin de préserver le cordon sanitaire face au parti d'extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AFD) alors que ce dernier a fait un score historique de 20% aux dernières élections.
C’est donc un mois et demi après ces élections que les conservateurs et les sociaux-démocrates se sont entendus sur les enjeux majeurs auxquels ils vont devoir faire face, dans un contrat de coalition de 140 pages.
Oui tout d’abord, le futur gouvernement promet, je cite, “un soutien complet” à l’Ukraine face à l’invasion russe à laquelle il fait face depuis plus de 3 ans désormais. Les dépenses de la défense seront quant à elles fortement augmentées au cours des prochaines années.
La coalition prévoit, par ailleurs, de mettre fin à l’immigration irrégulière mais aussi de freiner très fortement le regroupement familial. Un nouveau cap dans la politique migratoire allemande alors que, pour rappel, Friedrich Merz avait déjà obtenu, fin janvier dernier, une motion – appelant à un tour de vis sur l’immigration – grâce aux voix de l'extrême droite allemande représentées par l’AFD.
Enfin, la nouvelle coalition met fin à l'orthodoxie budgétaire sur laquelle les conservateurs avaient pourtant fait campagne.
Oui et c’est une révolution, l'Allemagne prévoit d’assouplir son “frein à l’endettement” avec notamment la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur 12 ans pour moderniser les infrastructures et soutenir l’économie.
On clôture ce journal en évoquant le plan très ambitieux de la Commission européenne face aux mastodontes chinois et américains de l’Intelligence artificielle. L'exécutif européen a en effet proposé ce mercredi son projet de faire de l’Europe, je cite, “le continent de l’intelligence artificielle (IA)”
Oui en effet, alors qu’aujourd’hui aucun des grands acteurs de l’IA n’est européen, la commission tend bel et bien à s’affirmer dans ce secteur. Si treize “AI factories” ou “usines d’IA” co-financées par les Etats membres et la Commission sont d'ores et déjà en cours de construction, l’Union souhaite maintenant les accompagner par la création de cinq “AI giga factories”.
Ces dernières dotées d’environ 100 000 puces de pointe devraient servir à entraîner des modèles d’IA beaucoup plus complexes. Un investissement chiffré à une vingtaine de milliards d’euros via le financement de l’UE, des Etats membres et de l’aide de la Banque européenne d'investissement.
Alors que l'exécutif européen souhaite “tripler la capacité des centres de données de l’UE au cours des cinq à sept prochaines années”, la Commission se dit prête à alléger la législation européenne
En effet, l’UE se distinguait jusque-là par son arsenal juridique avec une approche fondée sur le risque. Adopté en mars 2024 et prévu d’entrer en vigueur en 2036, le règlement sur l’IA visait les entreprises innovant sur des systèmes d’IA à haut risque, à l’instar de l’éducation ou du maintien de l’ordre, en les soumettant à des obligations plus strictes pour évaluer leurs menaces. La Commission a pourtant annoncé ce mercredi qu’elle était prête à “rationaliser” sa législation en matière de données.
Un journal de Assia Patel, Paul Thorineau et Isaline Feller.