Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- Difficile coopération européenne face au protectionnisme américain : Berlin refuse un emprunt commun
- Sommet UE-Balkans aujourd'hui à Tirana
- UE : nouvelle loi sur l'IA promulgué
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura ouvrons ce journal en analysant la réaction des 27 aux récentes décisions jugées protectionnistes récemment prises par l’administration Biden.
Bonjour Félix, oui nous l’évoquions déjà hier, le plan de relance de Washington, Inflation reduction Act, dont l’objectif affiché est de lutter contre le réchauffement climatique est accusé de très largement favoriser le protectionnisme économique qui met en avant la préférence nationale. Ce plan a de fortes conséquences, les juteuses subventions promises par la maison blanche attirent même des entreprises installées en Europe. Des industriels ont même déclaré réfléchir à s’installer aux Etats-Unis.
Cette situation inquiète fortement les pouvoirs politiques de l’Union.
En effet, et face à ce risque de distorsion de concurrence, la commission européenne promet des décisions à venir. D'abord en musclant son plan RepowerEU mais surtout en mettant en place des réformes financières structurelles. Bruxelles ainsi que certains États membres désirent construire un fond de souveraineté européen. Selon le commissaire du marché intérieur, Thierry Breton, mettre en place cette réponse commune nécessite un financement autour de 2 % de PIB de l’UE, soit environ 350 milliards d’euros. Selon le ministre de l’économie français, Bruno Le Maire, il faudrait même aller plus loin, en parlant d’une préférence européenne. Paris propose également un financement du fonds par une dette commune aux 27.
Néanmoins plusieurs états européens sont farouchement opposés à cette idée.
Oui et c’est notamment le cas de l'Allemagne et des Pays-Bas. La ministre néerlandaise des finances, Sigrid Kaag, a déclaré que les aides déjà fournies étaient suffisantes et à même ajouté "Il serait bon [d’en] faire l’inventaire rapidement" et de voir comment "les redistribuer ou reconcentrer", a-t-elle ajouté. Berlin refuse catégoriquement les idées d’un fond de souveraineté européens ou d’une mutualisation de la dette. Néanmoins l’Allemagne pousserait pour un assouplissement des règles européennes en matière d’aides d’État. Mais cela pourrait avoir des effets secondaires terribles pour le marché unique. Dans la mesure où les pays disposant d’une plus grande puissance fiscale et de taux d’endettement plus faibles seraient en mesure de surpasser leurs homologues européens en dépensant plus d’argent pour attirer ou garder les investisseurs.
Continuons ce journal en évoquant le sommet UE-Balkans qui se déroule dans la capitale albanaise, Tirana.
Oui, les 27 se réunissaient ce mardi en Albanie avec les dirigeants de six pays des Balkans occidentaux pour un sommet dans le but de soutenir un partenariat jugé encore plus essentiel depuis le début de la guerre en Ukraine. Dans ce contexte, la politique d’élargissement est revenue au sommet de l’agenda européen. Le commissaire européen à l’élargissement, Oliver Varhelyi, a appelé à garder cet élan. De leurs côtés, les pays des Balkans expriment une certaine frustration face à la lenteur du processus d’intégration. Une lenteur encore plus mal digérée face à la rapidité avec laquelle l’Ukraine et la Moldavie ont reçu le statut de candidat.
L'intérêt stratégique des Balkans grandit en même temps que l’instabilité géopolitique en Europe.
En effet, la guerre en Ukraine a en outre confirmé l'importance pour les Européens de stabiliser cette région sensible du sud-est de l'Europe, et ce pour de multiples raisons. D’abord pour contrer l'influence de la Russie et de la Chine, qui a investi dans les infrastructures de ces pays, et notamment en Serbie où Pékin cherche depuis longtemps à renforcer sa présence. Mais il y a également la lutte contre l’immigration irrégulière. En 2022 la route des Balkans continue de représenter l’une des principales routes migratoires vers l’Europe, avec une augmentation de passage de près de 170 % par rapport à 2021. Cela a contraint la Commission à présenter un plan d’action lundi, proposant notamment le déploiement de l’agence Frontex dans ces pays.
Mais alors quelles sont les obstacles à l’intégration des pays des balkans occidentaux.
Selon Florent Marciacq, directeur de l’observatoire des Balkans, plusieurs points bloquent l’intégration. Il y a d’abord un blocage au niveau des réformes. Pour intégrer l’UE, il faut adopter un acquis, transformer un appareil légal, démocratiser le système politique et développer l’économie afin d’avoir une convergence avec l’UE. Toujours selon Florent Marciacq cela prend du temps, car il est difficile de transformer les institutions, mais aussi car l’UE change ses règles au fur et à mesure et les rends plus strictes. De plus, il y a la volonté de certains états membres de faire blocage pour des raisons nationales ou territoriales à l’instar de la Bulgarie, mais aussi par peur qu’un élargissement de l’UE vienne diluer le projet européen (France).
Terminons ce journal en nous tournant du côté du conseil de l’UE qui a adopté sa position commune sur la loi relative à l'intelligence artificielle ce mardi 6 décembre.
Oui l’objectif est de faire en sorte que les systèmes d'intelligence artificielle (IA) mis sur le marché de l'UE soient sûrs et respectent la législation existante sur les droits fondamentaux et les valeurs de l'Union. Cette position encourage l'innovation et l'investissement dans l’IA qui est présentée comme un des domaines prioritaire que ce soit dans le civile ou le militaire.
La définition d’un système IA et des pratiques d’IA interdites ont été au centre des discussions.
Oui car cela détermine le champ d’application du règlement. Les 27 redoutaient que les logiciels traditionnels ne soient inclus, et ont donc proposé une définition plus restreinte des systèmes développés par des approches fondées sur l’apprentissage automatique, la logique et la connaissance. En ce qui concerne les pratiques d'IA interdites, le texte étend aux acteurs privés l'interdiction d'utiliser l'IA à des fins de notation sociale. De plus, la clause interdisant l’utilisation d’IA pour exploiter les vulnérabilités d’un groupe spécifique de personnes a été élargie aux personnes vulnérables en raison de leur situation sociale ou économique.
Merci Laura et merci à toutes et à tous pour votre attention.