Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 11 juin 2024

Hémicycle de l'Assemblée nationale © : Site officiel de l'Assemblée nationale Aujourd'hui en Europe - 11 juin 2024
Hémicycle de l'Assemblée nationale © : Site officiel de l'Assemblée nationale

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde. 

Au programme : 

  • Emmanuel Macron dissout l’Assemblée nationale, les partis français préparent la prochaine élection législative. 
  • Le triple scrutin du 9 juin en Belgique.
  • Le parti allemand, AfD arrive à la seconde place aux élections européennes. 

Démarrons ce journal en évoquant la dissolution de l'Assemblée nationale annoncée par le Président français Emmanuel Macron à la suite de la lourde défaite de son parti lors des élections européennes.

L’annonce a surpris tout le monde, que ce soit à Paris ou en Europe. Après la très large victoire du Rassemblement national, parti d’extrême droite dont la liste était menée par Jordan Bardella, le président a décidé d’appeler à nouveau les Français au vote. Le scrutin aura donc lieu le 30 juin et le 7 juillet, et pourrait, au vu des tendances, permettre au RN d’être en mesure de former le prochain gouvernement.

Les jeux d’alliances entre les différents partis ont démarré à peine quelques heures après l’annonce d’Emmanuel Macron.

La gauche, très désunie lors du scrutin européen, s’est mise d’accord dans la nuit du 10 au 11 juin pour organiser un “front populaire” pour ces élections législatives. Une initiative similaire avait déjà permis aux formations de gauche de se renforcer lors des élections de 2019. 

Et à droite aussi les discussions vont bon train. Le RN a ouvert la porte à une alliance avec les partis Républicains et Reconquête. Si une union des droites n’est pour le moment qu’au stade d’hypothèse, elle pourrait grandement menacer un camp présidentiel déjà très affaibli.

En Europe aussi cette annonce a provoqué beaucoup de remous.

Notamment au sein des pays candidats à l’adhésion à l’Union européenne, comme la Moldavie. Le Rassemblement national étant ouvertement opposé à l’élargissement de l’UE, on craint dans ces États que le processus soit fortement entravé par la formation d’un gouvernement d’extrême droite en France. D’autant que ce parti est régulièrement dénoncé pour ses proximités avec la Russie.

En Estonie et en Allemagne, la Première ministre Kaja Kallas et le chancelier Olaf Scholz font également face à des demandes de dissolution du Parlement.

La cheffe du gouvernement s'est trouvée dans une situation assez proche de celle d’Emmanuel Macron. Elle aussi est une des grandes perdantes des élections européennes dans son pays, arrivée à une décevante troisième place. Et comme en France, l’opposition avait réclamé il y a quelques semaines la convocation de nouvelles élections législatives dans le pays. En revanche, contrairement à son homologue français, la Première ministre a immédiatement déclaré qu’elle ne convoquerait aucune élection. 

Même chose en Allemagne, où la CDU largement vainqueur de l’élection exige que la coalition majoritaire se soumette à un vote de confiance. Lequel pourrait provoquer la dissolution du Bundestag, si le chancelier Olaf Scholz acceptait de l’organiser.

Poursuivons ce journal en Belgique, où plusieurs élections se sont tenues en parallèle des Européennes le 9 juin.

La journée électorale était plutôt chargée pour les Belges qui devaient également élire leurs députés régionaux et fédéraux. Des élections particulièrement scrutées dans ce pays qui avait dû attendre plus d’un an avant de voir un gouvernement se former à la suite des dernières législatives en 2019.

Ce scrutin a avant tout été marqué par la sévère défaite du parti libéral du Premier ministre Alexander de Croo. Un échec si retentissant qu’il a immédiatement annoncé sa démission.

Une démission acceptée par le roi des Belges le 10 juin, après un scrutin plus que décevant pour l’homme à la tête du gouvernement depuis 2020. Seulement 5,8% de voix lors du scrutin européen, contre 10 au niveau fédéral en 2019. Le résultat est également  catastrophique pour les législatives, puisque le parti n’occupera que 7 sièges sur les 150 que compte le Parlement fédéral.

Ce scrutin a également montré une tendance plus marquée à droite sur l’ensemble du territoire belge. Bien qu’en Wallonie et à Bruxelles l’extrême droite soit presque absente de la scène politique.

Oui, malgré un timide rapprochement, de fortes divisions continuent de séparer  la Flandre de la Wallonie sur le plan politique. La partie néerlandophone, région la plus riche du pays, a largement porté les partis populistes. Tandis qu’en région francophone c’est le parti de droite, le Mouvement Réformateur, déjà historiquement très fort qui progresse. 

Le PS est quant à lui à la seconde place alors que l’extrême droite est cantonnée aux seconds rôles. Ces divisions inquiètent donc de nombreux observateurs qui craignent une nouvelle longue période de négociations avant d’enfin parvenir à former un nouveau gouvernement.

Concluons ce journal en Allemagne, où le parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland a obtenu de très bons résultats à l’élection européenne. Et pourtant sa tête de liste, Maximilian Krah ne sera pas eurodéputé.

L’homme habitué aux polémiques et déjà mis de côté pendant la campagne ne sera finalement pas eurodéputé. D’après ses propres dires, la décision viendrait du reste de la délégation du parti, qui a obtenu 15 sièges au Parlement européen, se plaçant ainsi à la deuxième place en Allemagne lors du scrutin du 9 juin. 

Bien évidemment cette décision n’a pas plu à Maximilian Krah, qui dénonce l’influence d’un “parti étranger” sur son exclusion de la délégation.

Pour rappel, l’AfD a été exclu il y a quelques semaines du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen, sous l’impulsion du Rassemblement national. En cause : une déclaration de Maximilian Krah qui expliquait que tous les SS n’étaient, je cite, “pas forcément des criminels”. Le débordement de trop, pour cet ancien eurodéputé également accusé d’espionnage pour le compte de la Russie et de la Chine. Son parti espère donc récupérer sa place au sein du groupe ID en se débarrassant de cette tête de liste devenue trop encombrante.

Un journal de Paloma Biessy et Alizée Lambin