Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 14 février 2025

CC-BY-4.0: © European Union 2024– Source: EP Aujourd'hui en Europe - 14 février 2025
CC-BY-4.0: © European Union 2024– Source: EP

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Retour sur les annonces de Donald Trump suite à son entretien avec Vladimir Poutine
  • L’Arménie adopte un projet de loi visant à rejoindre l’Union européenne 
  • Le décret de Donald Trump contre des membres de la CPI

Bonjour, on commence ce journal en évoquant les différentes réactions en Europe à la suite de l’annonce surprenante de Donald Trump au sujet de son entretien avec Vladimir Poutine. 

Oui, bonjour Paul. Les réactions n’ont pas tardé à la suite de cet appel du 12 février qui semble menacer de rebattre les cartes de la guerre en Ukraine. Sidéré semble t-il comme la plupart des ministres des affaires des 27 on a entendu la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, pour une fois particulièrement véhémente, s’inquiéter de la mise à l’écart probable des Européens mais même également de l’Ukraine dans ces discussions. 

Lors d’une réunion à l’ambiance glaciale le lendemain au siège de l’OTAN, elle a rappelé qu’aucun accord ne pourrait se faire sans l’Europe. Pour les Européens, la participation de l’Europe et de l’Ukraine est évidemment indispensable pour arriver à un accord.

Une hypothétique absence de l’Ukraine dans les négociations inquiète ses alliés européens qui réclament une place pour Kiev à la table des pourparlers.

Alors que les Américains vont chercher à convaincre les Ukrainiens que le retour aux frontières ukrainiennes d’avant 2014 est un “objectif irréaliste” et qu’ils vont probablement les contraindre à de douloureuses concessions, Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, a lui aussi estimé  le 13 février que l’Ukraine devait être “étroitement engagée” dans tout accord de paix. Les autres représentants européens présents ont pour la plupart abondé dans ce sens.

Face à cette bronca et à la fureur pour l’instant contenue à Kiev mais qui commence à se faire entendre, le président américain a fini par concéder ce jeudi, que l’Ukraine aurait une place lors de ces négociations. 

Quel est l’agenda des suites du processus ?

Théoriquement une délégation américaine doit se rendre prochainement à Moscou, une première depuis des années. Les tractations commencées au téléphone devraient ensuite se poursuivre directement entre les deux chefs d’Etat en Arabie Saoudite. Ces discussions replacent Poutine, jusqu’à présent très isolé sur la scène internationale et inculpé à la Cour pénale internationale, la CPI, dans une position qu’il n’escomptait probablement pas.

Le président Donald Trump est même allé plus loin en déclarant ce jeudi que certaines sanctions infligées à la Russie étaient des erreurs.

Oui et notamment l’exclusion de la Russie du groupe des pays les plus développés en 2014. Il a précisé qu’il “adorerait” voir la Russie réintégrer le G7, baptisé G8 à l’époque. La Russie, rappelons-le, avait été exclue du G8, après son annexion de la province ukrainienne de Crimée début 2014.

On continue ce journal en prenant la direction de l’Arménie qui a adopté un projet de loi visant à rejoindre l’Union européenne.

En très grand froid avec son allié traditionnel russe, les Arméniens veulent se rapprocher des Occidentaux. Ce mercredi, le Parlement arménien a voté en faveur d’une accession à Bruxelles avec 63 voix “pour” et 7 “contre”. Le texte exprimant la volonté d’adhésion devrait être voté en deuxième lecture.

C’est une réorientation stratégique pour l’Arménie qui reproche à Moscou son manque de soutien dans la guerre du Haut-Karabagh qui l’a opposé à l'Azerbaïdjan.

En effet, esseulés dans cette région du Caucase, les Arméniens recherchent du soutien après la guerre qui les a opposés à l'Azerbaïdjan. En automne 2023, le Haut-Karabagh est cédé aux forces armées azerbaïdjanaises suite à une offensive éclair de Bakou.  Erevan comptait sur l’aide de Moscou, présent militairement dans la région et lié par des traités d’assistance à l’Arménie mais Moscou n’est pas intervenue.  En affirmant son objectif de rejoindre l’Europe, ce pays de 2.7 millions d’habitants opère un retournement diplomatique très net.

Fin janvier 2024, l’Arménie a déjà rejoint la CPI, la cour pénale internationale. Une décision évidemment très mal perçue à Moscou.

Oui, malgré les avertissements de Moscou, l’Arménie a tout de même rejoint cette organisation internationale. C’était une condition sine qua non pour un rapprochement avec l’Union européenne. Puisqu’un mandat d’arrêt a été délivré à l’encontre du président russe Vladimir Poutine en mars 2023, l’Arménie devrait théoriquement l’arrêter s’il mettait les pieds sur leur territoire. 

Enfin, revenons une nouvelle fois avec un dossier d’actualité polémique engageant Donald Trump. A la suite du décret émis par le président américain envers des membres de la CPI, la cour pénale internationale, des Etats membres de l’UE ont réagi.

Oui, pour rappel, le 6 février dernier, le président américain a signé un décret contre les représentants de la cour pénale internationale. Soixante-dix-neuf pays ont réagi en publiant une déclaration dans laquelle ils réaffirment leur “soutien indéfectible” envers la CPI. Parmi eux, plusieurs Etats Membres se sont également engagés à protéger la Cour et les personnes qui y travaillent.

Les dirigeants européens Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne et Antonio Costa, le président du Conseil européen ont tous les deux condamnés ce décret. 

Oui, ils ont rapidement réagi à ce décret qui risque de rendre le travail de la CPI plus difficile en entravant les déplacements de ses agents dans le monde et l’accès à des fonds. “La sanction de la CPI menace l'indépendance de la Cour et porte atteinte au système de justice pénale internationale dans son ensemble", a déclaré Antonio Costa.

En signant ce décret, le président américain s’oppose à la CPI pour défendre des alliés comme Israël. 

Oui et la décision s’accompagne de sanctions. Toutes les personnes qui ont ainsi travaillé et collaboré aux enquêtes du tribunal contre des citoyens américains et israéliens sont désormais interdites d’accès au territoire aux États-Unis. Une décision forte qui s’inscrit dans une vision plus large pour affaiblir les mécanismes de droit international. De cette manière, Donald Trump montre son soutien au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ainsi qu’à l’ancien ministre de la Défense israélienne Yoav Gallant, visés par un mandat d’arrêt depuis novembre.

Un journal de Robin Job et Paul Thorineau.