Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Programme du jour :
- Rencontre des 27 ministres des Finances de l’Union Européenne
- La question sécuritaire en Europe après les attentats d’Arras et de Bruxelles
- L’ouverture d’une antenne du Collège d’Europe à Tirana
Ouvrons ce journal en évoquant la réunion des 27 ministres des finances de l’Union européenne, ces 16 et 17 octobre. Une réunion importante pour tenter d’avancer vers un compromis sur la réforme des règles budgétaires de l’Union européenne.
Oui, cette réunion est l’occasion pour les ministres de discuter de la réforme des règles budgétaires de l’Union. Pour rappel, depuis la mise en place du pacte de stabilité et de croissance en 1997, les États membres sont supposés rester sous les 3% de déficit budgétaire et leur dette ne doit pas excéder 60% de leur PIB.
Dans les faits, les crises de 2008 et du début des années 2020 ont mis à mal cet accord et les plafonds prévus ont largement explosé. Le pacte de stabilité est d’ailleurs suspendu depuis 2020 à cause de la pandémie de Covid-19 et des coûteux plans de relance que les Etats ont dû mettre en place en 2020-2021. La plupart des pays ont ainsi largement dépassé les limites prévues par l’accord. Chiffre assez parlant : la dette moyenne des pays de l’UE était de 83% du PIB au premier trimestre 2023, bien au-dessus de la limite établie par le pacte. Certains sont même à plus de 130 %, notamment l’Italie.
Les États membres sont donc unanimes sur la nécessité de réformer ce pacte.
Oui la question n’est pas de savoir s’il faut réformer ce pacte de stabilité mais de savoir quelle réforme on met en place. Les principaux sujets de discussions vont tourner autour d’une adaptation de la règle en fonction des situations de chacun des Etats membres. La présidence espagnole du conseil européen souhaite parvenir à un nouvel accord dès cette semaine, d’autant que la suspension du pacte est supposée s’achever le 1er janvier. Cependant vu les enjeux il est très peu probable que les discussions aboutissent dans les prochains jours.
Et qu’est-ce qui ralentit le processus ?
La plupart des désaccords tournent autour de la souplesse laissée aux États quant au respect du pacte. L’Allemagne souhaiterait que les règles soient très contraignantes pour pousser les États à revenir dans les normes le plus vite possible. La France défend à l’inverse une position beaucoup plus souple.
La commission avait notamment proposé d’exiger une baisse de 0,5% du déficit par an pour les pays au-delà de la limite des 3%. Une proposition qui avait les faveurs de Berlin mais pas de Paris.
Un sujet de discorde supplémentaire entre la France et l’Allemagne…
Oui, de nombreux observateurs s’accordent pour faire état de tensions récurrentes entre les deux pays. Une rencontre entre leurs gouvernements a eu lieu la semaine dernière, dans le but de donner une image, d'aplanir des tensions de plus en plus difficiles à cacher, sans grand succès.
Plus largement cette division sur le sujet de la dette, marque une opposition entre les pays du sud de l’Europe, souvent surendettés, et les pays du nord, qui prônent une discipline budgétaire beaucoup plus forte.
Poursuivons en évoquant la situation sécuritaire en Europe qui suscite des inquiétudes sur fond de guerre entre Israël et Gaza
Oui, depuis l’attaque particulièrement meurtrière que le Hamas a menée contre Israël le 7 octobre et la riposte particulièrement violente que Tel-Aviv mène contre l’enclave de Gaza, beaucoup s’inquiètent en Europe d’une possible contagion. Dans une allocution le président français Emmanuel Macron avait d’ailleurs appelé au calme alors que la France est le pays d’Europe qui compte les plus plus grosses communautés juives et musulmanes d’Europe.
La France encore sous le choc du meutre d’un enseignant à Arras
Oui sans que l’on sache encore exactement si ce meutre est totalement lié au contexte de la guerre entre Israël et le Hamas le contexte a certainement joué dans le passage à l’acte de ce ressortissant russe originaire de Tchétchénie dont l’ensemble de la famille s’était radicalisée. La France où toute manifestation pro-palestinienne a été interdite par le Ministère de l’Intérieur est également le théâtre d’une vague d’actes antisémites depuis le début de la guerre qui fait craindre de nouvelles violences.
La Belgique est aussi touchée par une fusillade
Oui, une fusillade a éclaté lundi soir dans le nord de Bruxelles en marge d’un match de football entre la Belgique et la Suède. Deux supporters suédois ont été tués alors qu’un autre individu est blessé. Cette fusillade pourrait être liée à la résonance internationale qu’a eu, il y a quelques mois, l’affaire des autodafés lors desquels un ressortissant irakien réfugié en Suède avait publiquement brûlé des Corans, suscitant l’indignation dans le monde musulman et attirant sur la Suède, accusée d’avoir laissé faire, des menaces de représailles.
Concluons ce journal en revenant sur l’ouverture d’un troisième collège d’Europe, à Tirana en Albanie.
Le Collège d’Europe est un établissement d’enseignement supérieur fondé en 1949 à Bruges, sorte d’ENA européenne, qui offre diverses formations en relations internationales ou en droit de l’Europe par exemple. C’est la voie royale pour intégrer les institutions européennes.
Depuis 1992, une antenne existe déjà à Natolin, en Pologne.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen s’est rendue à Tirana pour le lancement des inscriptions dans ce nouvel établissement.
Une nouvelle ouverture symbolique au cœur des Balkans
Oui et singulièrement en Albanie considérée depuis des années comme le bon élève parmi les candidats à l’intégration. Le premier ministre Edi Rama, en poste depuis dix ans maintenant, fait d’ailleurs de l’intégration à l’Europe un des piliers de sa politique. Le pays a par exemple complètement restructuré son système judiciaire et ses progrès sont régulièrement soulignés par les rapports annuels de la commission européenne.
Malgré ce signe de soutien de l’Union la perspective d’une adhésion de l’Albanie à l’UE semble cependant encore lointaine
Oui et d’ailleurs le premier ministre Rama le reconnaît lui-même. Il ne cache pas son scepticisme quant à une adhésion de son pays à l’UE à court terme et a encore déclaré récemment qu’il avait appris à ne plus faire confiance aux délais indiqués par l’Union.
Et de fait, si l'Albanie fait d’indéniables progrès depuis 10 ans, il lui reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur le front économique mais aussi dans le domaine des libertés, le premier ministre étant régulièrement accusé de diriger son pays d’une main de fer.
Un journal de Joris Schamberger et Paul Thorineau