Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 11 avril

Budapest Pride 2017 Aujourd'hui en Europe - Mardi 11 avril
Budapest Pride 2017

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.

Au programme du jour :

- La Hongrie dans un conflit sur l’état de droit avec le reste de l’Union européenne.

- La Commission veut restaurer les habitats terrestres et marins.

Bonjour à toutes et à tous ! Pour commencer ce journal, tournons du côté de la Hongrie. En décembre dernier, la Commission européenne attaquait le pays de Viktor Orban en justice pour non-respect des valeurs fondamentales de l’UE. En cause : une loi adoptée par Budapest visant, je cite, à “interdire la promotion de l’homosexualité” auprès des mineurs. 

Oui, la Hongrie se retrouve une fois de plus empêtrée dans un conflit sur l’état de droit avec le reste de l’Union européenne. Pour cause, vous l’avez dit, un projet de loi visant, dans le texte, à “renforcer l’efficacité de la prévention, de la détection et de la répression des infractions sexuelles commises à l’encontre de mineurs”. Une loi plutôt respectueuse des droits humains sur le papier, mais qui a fait l’objet de nombreux amendements introduits tardivement par le Parlement hongrois. Ainsi, cette loi de protection s’est finalement transformé en législation visant à interdir aux mineurs d’accéder, je cite, à “tout contenu qui promeut ou représente une divergence par rapport au sexe de naissance, au changement de sexe ou à l’homosexualité d’une personne”. Le texte de loi dit “anti propagande LGBT” a finalement été mis en place en juillet 2021, et est toujours en vigueur aujourd'hui.

Une loi vivement critiquée par les groupes de défense des droits de l’homme mais aussi par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, qui a même qualifié le projet hongrois de “honteux”.

Absolument. Jugée discriminatoire à l’égard des personnes LGBTQIA+, cette loi a finalement été saisie en fin d’année dernière par la Commission européenne, qui a renvoyé la Hongrie devant la cour de justice de l’UE. Pour la Commission, à l’initiative, mais aussi pour le Parlement européen, ces dispositions “bafouent (...) la dignité humaine, la liberté d’expression et d’information, le droit au respect de la vie privée ainsi que le droit à la non-discrimination".

Jeudi dernier, juste avant la date butoir, les représentants des gouvernements français et allemand ainsi que de la Slovénie ont annoncé se joindre à la Commission et à 12 autres pays européens dans l’action en justice intentée contre la Hongrie face à la cour de justice européenne. Une première pour la France. 

Oui de nombreux pays avaient déjà annoncé leur soutien bien plus tôt, à l’instar de la Belgique, du Luxembourg ou les Pays-Bas. En tout, ce sont 15 pays et le Parlement européen qui se sont joints à l’action. Pour la première fois de son histoire, la France intervient dans un procès amené devant la Cour de justice de l’UE. Un signal fort pour l’eurodéputé français Pierre Karleskind du groupe Renew qui expliquait que la France et l’Allemagne, le “moteur de l’Europe ne laisserait jamais passer un seul recul sur les valeurs qui fondent l’UE”. L’affaire est vite devenue la plus grande affaire en matière de droits de l’homme de l’histoire juridique de l’UE, ce qui ne semble pas faire peur à la Hongrie pour autant. Le Fidesz de Viktor Orban ne semble pas vouloir faire machine arrière. Pour Judith Varga, ministre hongroise de la Justice, il s’agit surtout de protéger les enfants et les valeurs traditionnelles et chrétiennes du pays. Elle expliquait en début de semaine dernière : "Nous irons jusqu’au bout s’il s’agit de protéger nos enfants". 

Continuons ce journal en nous intéressant au travail de la Commission européenne. Il y a tout juste un an, l’exécutif européen adoptait une loi ambitieuse pour protéger les écosystèmes. 

Oui, la Commission veut restaurer les habitats terrestres et marins dégradés par l’activité humaine et rétablir les populations d’animaux et insectes sauvages. Une décision historique, car c’est la première fois qu’une loi européenne cherche à protéger directement les écosystèmes et la biodiversité alors qu’ils sont pourtant aujourd’hui grandement menacés par l’agriculture et l’urbanisation intensive. On le rappelle, selon WWF, un tiers de la population des abeilles et des papillons en Europe est aujourd’hui en déclin.

Et en quoi consiste concrètement cette stratégie ?

La stratégie de l'UE pour la biodiversité à l'horizon 2030 est basée sur deux objectifs principaux. La Commission veut dans un premier temps protéger et restaurer la biodiversité en Europe, en obligeant par exemple les États membres à restaurer 20% de la nature sur l’ensemble du territoire européen. Pour ce faire, le texte entend mettre en place des objectifs contraignants, notamment concernant l’accroissement du nombre d’oiseaux et d’insectes pollinisateurs. Autres points importants : le rétablissement de 25 000 km de rivières naturelles, la réduction de moitié de l’usage de pesticides ou encore la mise en place d’une stratégie de reboisement avec l’objectif de planter trois milliards d’arbres d’ici à 2030. Le deuxième objectif est plus global, la commission entend faire de l’UE un leader en matière de protection de la biodiversité mondiale. Cela passe, notamment, par l’intégration de la dimension environnementale dans tous les choix économiques et commerciaux faits sur son territoire, mais aussi en matière d’action extérieure, l’UE s’étant même engagée à intégrer le respect de la biodiversité dans “tous ses engagements bilatéraux ou multilatéraux”.

Et depuis un an, la loi ne fait pas l’unanimité au sein des États membres et du Parlement.

Oui, sans surprise les mesures concernant l’agriculture sont celles qui font le plus débat au sein du Parlement. Plusieurs États membres et députés européens considèrent en effet que les mesures en faveur de l’agriculture durable pourraient - entre autres - aggraver la crise de la souveraineté alimentaire dans l’UE. Des craintes rejetées par le commissaire chargé de l’environnement selon qui il est nécessaire d’investir dès aujourd’hui dans la protection de notre biodiversité. Il faudra donc encore attendre plusieurs mois avant que la stratégie ne soit votée au Parlement et qu’elle atterrisse dans les mains des États pour validation finale.

Merci à toutes et tous pour votre attention !