Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 3 avril

©World Central Kitchen/WCK.org Aujourd'hui en Europe - Mercredi 3 avril
©World Central Kitchen/WCK.org

Tous les jours sur euradio, l'équipe de Géopolis part à la rencontre de celles et ceux qui font l’Europe d’aujourd’hui.

Au programme : 

- Sept humanitaires ont été tués hors des zone de combat par un missile israélien à Gaza
- L'Allemagne tente de décarboner son économie en travaillant à sortir progressivement du charbon
- En Écosse, une loi contre l’incitation à la haine fait beaucoup de remous depuis son entrée en vigueur lundi

Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant la mort de sept humanitaires à Gaza lors d’un bombardement israélien.

Le 2 avril, l’ONG World Central Kitchen s’est dite dévastée d’annoncer la mort de 7 de ses membres, au cours d’une livraison de nourriture dans l’enclave palestinienne. Quatre des victimes étaient originaires d’Europe, les autres australiennes, palestiniennes et américaines. 

Israël déplore une “erreur” à l’origine de l’explosion du camion dans lequel se trouvaient ces sept personnes.

C’est en tout cas ce que déclarent à la fois le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le porte-parole de l’armée de Tsahal. Une explication qui est loin de convaincre les observateurs internationaux. Beaucoup voient en ce nouvel épisode dramatique une nouvelle preuve de la tendance d’Israël à bombarder des positions civiles sans se soucier des populations sur place. 

C’est notamment ce que dénonce José Andrés, chef étoilé espagnol et fondateur de l’ONG World Central Kitchen.

Dans un post sur le réseau social X, le cuisinier dénonce des, je cite, “massacres aveugles” perpétrés par l’armée israélienne. En Espagne, son pays d’origine, les réactions ont également été nombreuses. Notamment de la part du Premier ministre Pedro Sanchez, en déplacement dans un camp de réfugiés palestiniens en Jordanie, qui a demandé expressément à Tel Aviv de faire la lumière sur cette affaire. 

D’ailleurs, lors de ce déplacement Pedro Sanchez a réitéré son souhait que l’Espagne reconnaisse l’existence d’un État palestinien au plus vite.

Une reconnaissance qui pourrait arriver avant cet été selon le Premier ministre espagnol. Cela a d’ailleurs été discuté avec plusieurs de ses homologues européens, notamment la Slovénie, Malte ou encore l’Irlande à la fin du mois de mars. Cette insistance de Madrid en faveur de la Palestine est vue d’un très mauvais œil par Israël. 

La Palestine qui a également relancé les procédures pour devenir membre à part entière de l’ONU.

C’est ce qu’a annoncé l’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour. La demande avait pour la première fois été effectuée en 2011, mais a depuis été mise de côté. Il a donc appelé le Conseil de sécurité à se pencher sur le dossier palestinien dès ce mois-ci. En cas de recommandation du Conseil, l’Assemblé générale devra voter pour la reconnaissance de l’État palestinien. Pour rappel, 140 des 193 États membres de l’ONU reconnaissent déjà l’existence du pays ravagé depuis le 7 octobre par les assauts et bombardements israéliens.

Poursuivons ce journal en Allemagne, où le pays tente de décarboner son économie en travaillant à sortir progressivement du charbon.

Le jour de Pâques, l’Allemagne a fermé une quinzaine de centrales à charbon. Certaines d’entre elles n’étaient déjà plus utilisées depuis plusieurs mois mais étaient maintenues en état de marche par précaution. Mais aujourd’hui, selon le ministre de l’économie Robert Habeck, celles-ci sont d’une utilité “superflue”, d’où la décision de les mettre définitivement fin à leur exploitation.

L’Allemagne poursuit donc toujours son objectif de sortir progressivement du charbon d’ici à 2030.

Pour rappel, le charbon est toujours la deuxième plus importante source d’énergie du pays. Mais son utilisation a tendance à baisser drastiquement; En 2023, 26% de la production du pays était créée dans des centrales à charbon, contre 32% en 2022. L’an dernier la part des énergies renouvelables s’élevait pour la première fois de l’histoire du pays à plus de 50 %. Un chiffre encourageant pour ce pays qui demeure d’assez loin le pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au sein de l’UE.

Cette transition va de pair avec un ralentissement significatif de la hausse des prix de l’électricité dans le pays. 

Oui, l’économie allemande que l’on voyait à la peine depuis plusieurs années pourrait être en train d’amorcer un rebond inespéré. L’inflation est à son plus bas depuis 2021, avec 2,2% de hausse des prix en un an. Le pays qui était particulièrement dépendant au gaz russe et qui a subi de plein fouet les conséquences de la guerre en Ukraine, est toutefois loin d’être sorti d'affaires. La pauvreté était encore en hausse dans le pays en 2023, tandis que les prévisions de croissance en 2024 et 2025 sont toujours relativement pessimistes.

Concluons ce tour de l’actualité en Écosse, où une loi contre l’incitation à la haine fait beaucoup de remous depuis son entrée en vigueur lundi.

Ce texte vise à punir les coupables d’incitations à la haine liées à l'âge, le handicap, la religion ou encore la transidentité. Cette réforme proposée par l’ex Première ministre Nicola Sturgeon est une réponse à un rapport qui pointait du doigt l’augmentation du nombre de crimes de haine dans le pays ces dernières années. 

Objectif : faire en sorte que toutes les plaintes pour incitation à la haine soient enregistrées et étudiées par les forces de l’ordre, ce qui n’était pas nécessairement le cas avant.

Le Premier ministre écossais Humza Yousaf s’est dit “très fier” de la mise en œuvre de ce texte. Il est également confiant quant à la capacité de la police à prendre en compte toutes les plaintes qu’elle recevra suite à la promulgation de cette loi. En revanche, dans les rangs des forces de l’ordre le scepticisme règne pour le moment, lié au potentiel grand nombre de plaintes qu’elles pourraient recevoir. Un nombre qui pourrait être trop élevé pour être géré par les autorités, selon un syndicat de police écossais.

Cette réforme a également provoqué une levée de bouclier de la part des conservateurs du pays.

Avec en cheffe de file la célèbre auteure J.K. Rowling. Transphobe notoire, plusieurs fois pointée du doigt sur les réseaux sociaux pour ses déclarations polémiques, elle a été une des premières à fustiger ce texte. Selon elle, il pourrait nuire à la liberté d’expression des auteurs. Des craintes rejointes à la fois par le parti conservateur d’Écosse et par le Premier ministre britannique Rishi Sunak. Il déclare, je cite, que “personne ne devrait être arrêté pour énoncer de simples faits de biologie”.

Un journal de Ariane Dana et Joris Schamberger