Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- La proposition de Thierry Breton de créer un fonds de 100 milliards d’euro pour renforcer l'industrie de la défense européenne.
- L’Allemagne, un climat social difficile et la perspective d'une possible récession économique
- La récente décision de la Norvège de se lancer dans l'exploration minière des grands fonds marins
Ouvrons ce journal en évoquant la proposition de Thierry Breton de créer un fonds de 100 milliards d’euro pour renforcer l'industrie de la défense européenne.
Oui, le mardi 9 janvier, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, a dévoilé cette initiative, qui s'inscrit dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle de défense européenne. Dévoilée par la Commission européenne le 27 février prochain, son objectif principal sera de renforcer la capacité de production d'armes et de munitions en encourageant la collaboration transfrontalière entre les États membres, les entreprises et d'autres acteurs clés.
Quelles sont les propositions pour la nouvelle stratégie industrielle de défense européenne ?
La Commission européenne a déjà présenté plusieurs programmes visant à soutenir la production d’armements, comprenant des achats conjoints pour l'Ukraine et des investissements dans la fabrication de munitions. Thierry Breton a d’ailleurs insisté sur la faisabilité de l'objectif fixé par l'UE de produire un million d'obus d'artillerie d'ici mars ou avril, conformément à l'engagement pris l'année dernière envers l'Ukraine. Toutefois, il considère que cela ne serait pas suffisant, et a affirmé que l'UE devait chercher à atteindre un niveau comparable à celui de la Russie dans les deux ans à venir.
Le budget actuel de l'UE ne pouvant pas couvrir pleinement cet objectif, sa réalisation nécessiterait de recourir à des sources de financement privées
Au cours du sommet de décembre dernier, les responsables européens ont une nouvelle fois plaidé en faveur d'une intensification du rôle de la Banque européenne d'investissement en soutien à la sécurité et à la défense de l'Europe. Néanmoins, celle-ci a jusqu'à présent manifesté une certaine réticence à l'idée de financer des projets d'investissement dans le domaine de la défense.
Poursuivons ce tour de l’actualité en Allemagne, où la conjonction d'un climat social difficile et la perspective d'une possible récession économique crée une atmosphère tendue et incertaine.
Oui, après la gronde des agriculteurs allemands en réaction à la politique de subventions agricoles menée par le gouvernement d’Olaf Schulz, c’est au tour des conducteurs de train de paralyser le pays. En effet, ce mercredi 10 janvier, le syndicat allemand des conducteurs de train, le GDL, a annoncé l’organisation de grèves nationales en réponse à des négociations collectives infructueuses avec la Deutsche Bahn, la compagnie ferroviaire nationale.
Le syndicat de cheminots allemands dénonce une mauvaise gestion des négociations et insiste sur la nécessité de défendre les intérêts de ses membres.
Claus Weselsky, dirigeant du GDL, a souligné que cette grève était la seule manière d'attirer l'attention des responsables de la Deutsche Bahn. Mais cette dernière, confrontée à des pertes financières considérables en raison de la grève, a réagi en contestant la légalité du mouvement devant les tribunaux. Des tribunaux qui ont validé la légalité des grèves, mettant en avant le droit des travailleurs à protester. L'impact cumulatif de ces grèves simultanées suscite des inquiétudes croissantes quant à l'économie allemande et à la vie quotidienne des citoyens. Les autorités cherchent actuellement des solutions pour résoudre ces conflits et rétablir la stabilité sociale dans le pays.
En parallèle, l'économie allemande et notamment son commerce extérieur montre des signes de stagnation, voire de déclin, en raison d’un contexte mondial défavorable et des taux d'intérêt élevés.
Bien que selon l’institut national de statistiques allemand Destatis, les exportations aient enregistré une hausse de 3,7% en novembre 2023 par rapport à octobre, la tendance annuelle révèle une baisse de 5%, tandis que les importations ont chuté de 12%. Ces variations sont principalement attribuées à des fluctuations de prix. “Si on corrige les données de l’inflation, les exportations et les importations font plus ou moins du surplace depuis des années “, explique ainsi Vincent Stamer, économiste à l’Institut de Kiel
L'industrie, la construction et le secteur de l'énergie ont quant à eux enregistré ensemble une baisse de production de 0,7%, marquant la sixième année de repli consécutive.
Cette tendance inquiète les experts, qui notent que la dernière spirale négative similaire remonte à la crise financière de 2008-2009. Les entreprises réagissent aux carnets de commandes en diminution, attribuant cela à l'augmentation des taux d'intérêt mondiaux en réponse à l'inflation élevée. Les anticipations d'exportations sont également en baisse, suggérant la fébrilité des entreprises allemandes. Certains économistes prévoient une récession de 0,3% en 2024, avec des conséquences potentielles pour toute l'Europe.
Terminons ce journal en partant en Norvège, souvent citée en exemple pour ses politiques environnementales. Oslo vient de stupéfier les défenseurs de l'environnement avec sa récente décision de se lancer dans l'exploration minière des grands fonds marins.
Oui, cette décision, approuvée par les parlementaires norvégiens le mardi 9 janvier, vise à permettre l'exploitation commerciale des minerais présents dans une vaste zone autour de l'archipel arctique du Svalbard. Les métaux convoités incluent le cuivre, le manganèse, le cobalt et le lithium, des éléments stratégiques indispensables dans la fabrication d'appareils électroniques, de batteries électriques et de turbines d'éoliennes.
Toutefois, cette décision suscite une vive opposition de la part des organisations environnementales et de nombreux experts.
Oui, les opposants craignent que l'extraction minière des grands fonds marins ait un impact "irréversible" sur l'un des derniers écosystèmes préservés des activités humaines.
Le gouvernement norvégien défend cette initiative comme une opportunité d'accélérer la transition énergétique en assurant des approvisionnements en terres rares nécessaires aux technologies vertes. Les partisans du projet soulignent également que l'extraction ne sera autorisée que lorsque des études démontreront qu'elle peut être réalisée de manière durable et responsable.
Pourtant 24 États, dont la France et le Royaume-Uni, demandent un moratoire sur l'exploitation des grands fonds marins en raison des préoccupations environnementales.
La Commission européenne a exprimé ses inquiétudes quant à l'impact environnemental, et le Parlement européen a également appelé à un moratoire international. L'ONU, à travers l'Autorité internationale des fonds marins, devrait discuter de ces activités cette année, et un premier code minier pourrait être voté en 2025.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.