Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Gaspard Timmermans, Robin Job Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- Israël-Iran : le Guide suprême, Ali Khamenei, promet des « dommages irréparables » si les Etats-Unis interviennent militairement en Iran
- L'UE rend les voyages sans visa plus stricts pour les États membres qui enfreignent les lois sur les droits de l'homme, Israël risque de voir son statut d'exemption de visa suspendu
- Dépénalisation de l’avortement tardif au Royaume Uni
Bonjour Assia, on ouvre ce journal en revenant sur le conflit entre l’Iran et Israël, qui se poursuit depuis le début de l’offensive israélienne sur ce pays, le 13 juin. Le président américain Donald Trump a d’ailleurs exhorté l’Iran, ce mardi, à je cite, une “capitulation sans conditions”, tout en déclarant que les États-Unis « savent exactement où se cache le soi-disant Guide suprême »mais ne comptent pas l’éliminer du moins pour le moment” a t-il ajouté.
Oui Isaline, la Maison Blanche entretient un certain flou sur ses intentions : mercredi, le président américain s’est montré évasif quant à d’éventuelles frappes américaines contre l’Iran. Le Guide suprême iranien a mis en garde Washington contre les « dommages irréparables », que pourraient créer une implication directe des Etats-Unis, affirmant que le peuple iranien « ne se soumettra à personne ».
Et Assia l’Agence internationale de l’énergie atomique affirme avoir reçu des informations selon lesquelles deux sites de production de centrifugeuses en Iran ont été touchés par les frappes israéliennes. Le site de Natanz a été endommagé ainsi qu’un réacteur inachevé à Arak.
Oui et en rétorsion, Téhéran a lancé plus de 400 missiles balistiques et plus de 1 000 drones sur Israël depuis jeudi soir, selon l’armée israélienne. 24 personnes ont été tuées en Israël depuis le début du conflit. Côté iranien, 585 personnes ont été tuées selon un bilan établi par l’organisation iranienne basée à Washington Human Rights Activists.
« Pour l’Iranien que je suis, rien ne justifie l’atteinte à l’intégrité territoriale de mon pays. » Ces mots du philosophe Anoush Ganjipour, publiés le 18 juin dans Le Monde, illustrent le dilemme auquel sont confrontées les démocraties occidentales : comment soutenir un allié tout en respectant le droit international.
Alors que Londres, Berlin ou Paris ont apporté leur soutien à Israël depuis le début de cette offensive, Emmanuel Macron affirmant son “droit à se protéger”, l’offensive menée par l’État hébreu relève d’une guerre dite “préventive”. Une justification qui n’est pas reconnue par le droit international et ne relève pas de la légitime défense définie par la Charte de l’ONU.
Les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont certes constaté les avancées du programme nucléaire iranien, mais sans preuves d’un aboutissement prochain. Parallèlement, des médias iraniens affirment qu’Israël a brièvement piraté la télévision d’État pour y diffuser des images de manifestations, appelant la population à descendre dans la rue, tentant ainsi d'instrumentaliser la lutte du peuple iranien contre le régime.
Les Européens ont d’ailleurs des points de vue différents sur la situation.Si le chancelier allemand Friedrich Merz a exprimé ce mardi 17 juin, lors d’une interview, son je cite “plus grand respect pour le fait que l’armée israélienne ait eu le courage" de faire "ce sale boulot", le président français a quant à lui déclaré le même jour: “la plus grande des erreurs aujourd’hui, c’est de chercher par la voie militaire à faire un changement de régime en Iran ».
Oui Isaline, et à l’issue d’un conseil de défense tenu ce 18 juin, l’Elysée a publié un communiqué affirmant qu’ “Un règlement durable du programme nucléaire et balistique ne pourra être atteint que par la négociation». Une nouvelle réunion du Conseil de sécurité de l’ONU est quant à elle prévue ce vendredi 20 juin sur l’escalade du conflit entre Israël et l’Iran.
On continue ce journal en revenant sur une nouvelle réforme des règles de visa de l’Union européenne, qui pourrait notamment suspendre l’accès sans visa d’Israël aux États membres de l’UE.
Oui, en effet. Le 11 juin, l’Union européenne a réformé un mécanisme permettant de décider si un pays peut perdre son droit d’accès sans visa à l’UE. Jusqu’à présent, les ressortissants de 61 pays — dont Israël, l’Australie, le Brésil et le Royaume-Uni — pouvaient voyager dans l’UE pour un court séjour de 90 jours sur une période de 180 jours.
Mais désormais, de nouvelles règles ont été temporairement approuvées par le Parlement et le Conseil européen. Elles rendent le déclenchement du mécanisme de suspension plus facile et les critères d’éligibilité au régime sans visa plus stricts. Et ces nouvelles règles semblent viser Israël.
Oui, en effet. Depuis le 11 juin, les motifs de suspension d’un pays incluent les violations des droits de l’homme, les crimes de guerre et les violations de la Charte des Nations unies. Cela signifie qu’Israël pourrait être l’un des pays ciblés par cette réforme, puisque Tel-Aviv a été accusé de crimes de guerre à Gaza par l’ONU.
Pour activer le mécanisme, la Commission européenne doit proposer de suspendre le privilège d'entrer sans visa d’un pays pour une durée d’un an. Les pays membres de l’espace Schengen ainsi que le Parlement européen peuvent également faire des propositions. Cette proposition doit ensuite être approuvée par la majorité des États membres de l’UE.
On conclut ce journal Assia en revenant sur la dépénalisation de l’avortement tardif au Royaume-Uni.
Oui Isaline, c’est une avancée historique. Par 379 voix contre 137, les députés britanniques ont voté ce mardi 17 juin la dépénalisation de l’avortement au-delà de 24 semaines de grossesse en Angleterre et au Pays de Galles. Jusqu’ici, les femmes risquaient des poursuites pénales en vertu d’une loi de 1861, adoptée par un Parlement exclusivement masculin.
L’amendement, porté par la travailliste Tonia Antoniazzi, vise à “éloigner les femmes du système de justice pénale parce qu’elles sont vulnérables et qu’elles ont besoin de notre aide”.
Ce dernier fait suite à une série de cas judiciaires ayant ému le pays, dont celui de Carla Foster, condamnée en 2023 pour avoir avorté à huit mois de grossesse après avoir commandé des pilules en ligne. Sa peine avait été réduite en appel.
“Ce n’est pas de la justice, c’est de la cruauté et cela doit cesser”, a plaidé la députée. Selon elle, plus de 100 femmes ont été visées par des enquêtes pour avortement illégal en cinq ans, parfois après une fausse couche ou en enfant mort-né.
Pour Louise McCudden, cheffe de MSI Reproductive Choice, il s’agit d’une “étape cruciale dans la lutte pour les droits génésiques” face aux reculs observés ailleurs, notamment aux Etats Unis. Les opposants eux, dénoncent l’ouverture à l’avortement sur demande à n’importe quel stade de la grossesse.
Un journal de Thomas-Jan Meekers, Isaline Feller, Assia Patel