Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 5 décembre

© European Union 2023 Aujourd'hui en Europe - Mardi 5 décembre
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Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.

Au programme : 

  • Nouveau coup de frein pour l'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur
  • Une réunion des extrêmes droite européennes à Florence
  • La livraison de camion blindés français à l'Arménie

Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant le nouveau report de l’accord de libre échange UE-Mercosur.

Ces discussions qui ont été ouvertes en l’an 2000 étaient pourtant censées enfin aboutir cette semaine. L’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le groupe d’États d’Amérique du Sud est une des arlésiennes du monde des négociations diplomatiques et économiques de ces dernières années. Un accord de principe existe depuis 2019, mais la ratification se fait encore attendre. 

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen était supposée se rendre à Rio de Janeiro cette semaine pour enfin sceller l’accord, mais le Mercosur a décidé de mettre une nouvelle fois en pause le processus.

Pourquoi le Mercosur a-t-il annulé le rendez-vous ?

Un événement a chamboulé les discussions : l’élection de Javier Milei comme président de la république d’Argentine. D’extrême droite, connu pour son extravagance et hostile au Mercosur, ce nouveau dirigeant est très critique vis-à-vis de cet accord. L’Argentine a donc fait savoir à ses homologues du Mercosur qu’elle refusait que le texte soit ratifié avant l’investiture de Javier Milei, prévue le 10 décembre.

Avec ce nouveau président en Argentine, il semble peu probable que l’accord soit conclu dans les prochaines semaines.

Oui Javier Milei a expliqué vouloir trouver un nouvel accord. Lui et son prédécesseur Alberto Fernandez, sont notamment inquiets du manque de protections pour le secteur agricole argentin, ainsi que pour le secteur automobile. Ils déplorent également un texte qui serait trop à l’avantage de l’industrie européenne. Le futur président étant hostile au Mercosur, il pourrait même quitter purement et simplement l'organisation.

Des négociations d’autant plus ardues qu’en Europe aussi cet accord divise.

Tout à fait, ce texte est particulièrement critiqué par la France qui s’interroge sur les conséquences écologiques d’un tel traité. Le président Emmanuel Macron a notamment une nouvelle fois remis cet accord en question pendant la COP 28. Néanmoins il est relativement isolé sur la question en Europe, la plupart de ses homologues souhaitant voir enfin aboutir cet accord.

En quoi ce texte est si important pour l’Union européenne ?

Principalement pour réduire le plus possible la dépendance à la Chine concernant ce que les 27 appellent les “matières premières critiques”. Ce sont des matériaux dont l’approvisionnement est difficile compte tenu de leur rareté et qui sont principalement présents en dehors de l’Europe. On pense notamment au tungstène dont plus de 80% de la production mondiale appartient à la Chine ou encore au cuivre très présent en Amérique du Sud. 

Ces matériaux sont et seront essentiels dans le cadre de la transition écologique et numérique. L’Allemagne et Olaf Schulz en particulier tiennent donc à la mise en place rapide de cet accord. Une rencontre entre le chancelier et le président brésilien Lula a d’ailleurs eu lieu à ce sujet lundi 4 décembre.

Poursuivons ce journal en nous rendant à Florence, où l’extrême droite européenne a lancé sa campagne pour les élections européennes qui, rappelons-le, se tiendront au mois de juin prochain. 

Un rendez-vous à l’initiative de Matteo Salvini, leader de la Lega italienne et allié de la Première ministre Giorgia Meloni. L’intégralité des partis membres du groupe Identité et Démocratie au Parlement européen étaient donc conviés à Florence le 3 décembre pour je cite “donner naissance à une nouvelle Europe”. Des leaders du Rassemblement National, de la Lega ou encore de l’Alternative pour l’Allemagne étaient donc présents.

En revanche, quelques grands noms manquaient à l’appel. Notamment Geert Wilders, occupé aux Pays-Bas à chercher de potentiels alliés pour former une coalition gouvernementale majoritaire, ou encore Marine Le Pen qui est intervenue en vidéo pour dénoncer une Commission européenne qui agirait, je cite “contre nos peuples et nos libertés”.

Le mot d’ordre principal de ce meeting : “libérer l’Europe”.

Oui Matteo Salvini appelle tous ses alliés à faire face à la gauche et aux partis écologistes d’Europe. Pour lui, son alliance est pour la première fois “en mesure de gagner” les élections européennes et de, je cite “libérer Bruxelles de ceux qui l’occupent illégalement”. 

Et pour sa lutte contre la gauche, Matteo Salvini tend la main au Parti Populaire européen le groupe majoritaire au parlement .

Oui, dans son discours le chef de la Lega appelle à l’union des partis “de centre-droit”. Une union dans laquelle il inclut également les partis du groupe Identité et Démocratie, pourtant habituellement placés très à droite sur l’échiquier politique et très durs sur les politiques migratoires. Un nouvel exemple de cette tendance de l’extrême droite européen à vouloir montrer une image plus lissée.

Concluons ce journal en évoquant la livraison par la France de 50 véhicules de combat blindés à l’Arménie.

Oui après la conquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan en septembre, le président Emmanuel Macron l’avait annoncé : “la France ne lâchera pas l’Arménie”. Dans un rapport sénatorial, Paris annonce la livraison de 50 véhicules blindés, ainsi que de canons d'artillerie CAESAR. 

D’autres livraisons d’armements devraient avoir lieu dans les prochains mois, pour protéger l’Arménie d’une potentielle nouvelle attaque de la part de Bakou. Un scénario que Nikol Pachinian, le Premier ministre arménien, juge “très probable”. Le 4 décembre encore, un soldat arménien a été tué par l’armée azerbaïdjanaise non loin de la frontière entre les deux pays.

Et la nouvelle cible de l’Azerbaïdjan pourrait bien être le corridor de Zanguezour.

Oui, cette région arménienne qui sépare l’Azerbaïdjan de son enclave du Nakhitchevan pourrait bien être la cible d’une attaque dans les mois à venir. La perte de cette région serait catastrophique pour l’Arménie, qui peine déjà à accueillir les quelque cent mille réfugiés qui ont fui le Haut-Karabakh.

Il s’agit en outre de la région qui donne accès à la seule frontière que partage Erevan avec son voisin et allié iranien.

Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana