Nantes et l'Europe face au défi migratoire

 Nantes et l'Europe face au défi migratoire
Comme annoncé hier par Euradio, ce matin, l’heure était à l’incertitude pour les migrants du square Daviais. Encadrés dès 8h par la police nationale et la gendarmerie, ils ont été déplacés vers 5 différents gymnases dans la ville. Retour sur une journée agitée…  

Selon les chiffres donnés par la mairie:

[wp-svg-icons icon="truck" wrap="i"]  Au total, 698 personnes ont été évacuées depuis 8h ce matin.

[wp-svg-icons icon="users" wrap="i"]  668 ont été “mises à l’abri” par la commune.

[wp-svg-icons icon="notification" wrap="i"]  Parmi les migrants se trouvaient 28 personnes vulnérables et 2 mineurs isolés.


Concernant la question du transfert des personnes vulnérables, une membre de l’association Enfants Etrangers présente sur le terrain a manifesté dans la matinée son inquiétude: Ecouter : Il y'a une famille, je ne sais pas de quelle origine exactement... mais il y'a un petit garçon qui est quand même dans la poussette qui doit avoir 7 ou 8 ans, qui est complètement handicapé ! Qui non seulement... on voit bien, il a de toutes petites jambes... il peut pas...voila c'est pas normal qu'il soit là ! (si vous ne pouvez pas cliquer sur le texte, pour écouter le son, merci d'actualiser la page) Riverains et membres d’associations (L’Autre Cantine et la Cimade par exemple) étaient présents dès l’aube sur le camp afin de veiller au bon déroulement de l’évacuation. 
[caption id="attachment_17434" align="alignleft" width="150"] width= Johanna Rolland ©Jpjp12[/caption] L’opération de ce matin a eu lieu dans le calme s’est félicitée la maire de Nantes. Nous ne tolèrerons plus à l'avenir une occupation sauvage de l'espace public explique Johanna Rolland !
Un recours en référé avait été déposé par la municipalité en début de semaine pour mener à bien l’opération d’évacuation du camp. Cette démarche avait été critiquée par une partie de l'opinion et du monde associatif. Ils avaient dénoncé une volte-face dans la politique d'accueil des migrants de la ville.

 

Logistiquement, comment s'est déroulé le transfert ?

  [caption id="attachment_17419" align="alignleft" width="300"] width= Le schéma reçu par les migrants avant l'embarquement jeudi matin.[/caption] Les migrants ont été acheminés par bus vers 5 gymnases de la ville. Avant d'embarquer dans les différents bus, un schéma leur a été distribué pour expliquer ce qui les attend à l'arrivée. Même si les tentes n'ont pas été détruites, les migrants ont embarqué avec seulement le minimum. Dans le gymnase Joël Paon, situé rue des Hauts-Pavés, deux associations humanitaires sont en charge avec la ville du bon accueil des migrants: l’ANEF Ferrer et l’Aurore. Gehanno Philippe, directeur général de l’ANEF, témoigne: Ecouter : Et bien pour l'instant cela se passe très bien ! Nous avons déjà deux cars qui sont arrivés... donc pour une centaine de personnes. Il y'a un autre car qui va arriver avec 60/70 personnes. On a une capacité d'accueil de 160 à 170 personnes. L'équipement : on a installé à l'intérieur du gymnase des tentes, des espèces de barnums qui permettent de faire des petites chambres. Il y'a 160 personnes donc ce n'est pas rien ! Mais enfin chacun ou plutôt à 4 ou 5 aura des endroits un peu protégé et tout un espace pour prendre le petit déjeuner ! Les conditions sanitaires devraient donc être meilleures dans les prochains jours pour les migrants. Le 16 septembre 2018, quatre associations nantaises (La Cimade, la Ligue des droits de l'Homme, Le Mrap et l'Association de soutien au collectif enfants étrangers) avaient saisi la justice pour obtenir de meilleures conditions de vie et un droit à un hébergement décent pour les migrants. Un réfugié déplore les conditions de vie inhumaines dans le camp: Ecouter : « On peut aussi réclamer le droit qu’ils nous prennent en charge, il ne faut pas qu’ils nous laissent comme ça, dormir comme ça. La première priorité c’est notre santé. Même s’ils trouvent là où aller, là où ils ont une meilleure sécurité pour nous. Ce n’est pas facile. Les conditions que nous vivons ici sont déplorables. Ce qu’il y a de plus dur est de laisser sa propre maison. Un Africain venu dormir dehors ici, ça fait mal… »   [caption id="attachment_17421" align="alignleft" width="300"] width= Gendarmes et Police nationale étaient mobilisés toute la journée.[/caption] Une majorité des acteurs locaux (ANEF, agents de municipalité etc.) se félicitent du bon déroulement de cette évacuation mais souligne le caractère temporaire de ces solutions d’hébergement. “La mise à l’abri des migrants dans les gymnases ne doit pas durer au delà du début du mois d’octobre” a déclaré ce midi Johanna Rolland en ajoutant “L’Etat doit désormais prendre le relai. C’est sa responsabilité”.   Autre acteur majeur dont la responsabilité est primordiale dans la gestion de la crise migratoire sur la scène internationale selon la maire : l’Europe. Johanna Rolland, maire de Nantes explique: Ecouter : Deux choses: sur le principe je l’ai dit je suis favorable au droit d’asile européen. Deuxième chose: je vais pas rentrer trop dans les détails mais vous avez sans doute entendu parler de la question des dublinés. Les dublinés se sont ces hommes et ces femmes qui ont par exemple fait leur demande d’asile en Italie et parce que ils sont arrivés en France ils n’arrivent pas à refaire leur demande d’asile. Aujourd’hui, tous les gens qui travaillent sur ce sujet nous disent dans leur travail « Les dublinés ça ne fonctionne pas » Tout le monde le dit, au delà des sensibilités etc. Maintenant il faut passer du diagnostique à la résolution. Puisque les dublinés ça ne marche pas. Qu’est-ce qu’on fait ? Comment on agit ? Comment les règles doivent évoluer ? Donc oui, je crois que l’Europe a un rôle majeur à jouer d’abord au niveau des instances européennes mais aussi dans l’échange entre les villes européennes. Le règlement de Dublin est un règlement européen qui va affecter à l’un des états membres de l’Union selon certains critères la responsabilité ou non d’examiner une demande d’asile d’un ressortissant européen. Un dubliné est donc une personne à qui s’applique ce règlement. Yves Pascouau, chercheur à l’université spécialisé dans les questions migratoires, relate les difficultés que suscitent ce règlement. Ecouter : Très peu de demandeurs d’asile sont dans des procédures Dublin mais surtout très peu de demandeurs d’asile sont effectivement transférés en application des règles de Dublin. Donc en réalité on a un dispositif qui est assez inégal puisqu’en théorie il fait peser la responsabilité sur les Etats de la périphérie et en plus en pratique c’est un dispositif qui est particulièrement cher, qui est complexe, qui a pour effet d’allonger les procédures d’asile et même si ces procédures d’asile sont allongées en plus il est pas très efficace parce qu’il ne fonctionne pas très bien. Il y a des transferts mais le nombre de transferts de demandeurs d’asile d’un pays A à un pays B est assez faible par rapport au nombre total de demandeur d’asile. La députée européenne Cécilia Wikström a proposé de renverser un petit peu les critères et de prendre aussi en considération la volonté ou le caractère subjectif du demandeur d’asile. C’est à dire que certains demandeurs d’asiles ont plutôt envie d’aller dans tel Etat ou dans tel autre par qu’ils y ont de la famille élargie, parce qu’ils y ont une communauté mais aussi des perspectives d’intégration plus larges.  

La question migratoire en Italie par Riccardo Lucarno

Matteo Salvini, le nouveau ministre de l’intérieur italien fort du soutien obtenu en s’appuyant sur la thématique sensible de l’immigration, marque un tournant à 180° sur la question: fermeture totale des ports italiens. En juin, Salvini refuse l’Acquarius, bateau allemand avec 629 migrants à l’intérieur qu'il avait sauvé en mer; le navire a finalement dévié vers Valence, en Espagne. Des semaines plus tard, Salvini refuse d'autoriser 144 migrants à débarquer d'un navire de la garde côtière italienne. Salvini menace maintenant de suspendre complètement les procédures d'asile jusqu'à ce que l’E.U. s'accorde sur une répartition équitable des réfugiés. Une question qui a été bloquée à Bruxelles pendant des années. Cependant, la répartition équitable est, ironiquement, ce que les alliés européens de Salvini du bloc Visegrád (Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie) veulent absolument éviter. Ils ont eux-mêmes averti qu'ils n'acceptent aucun migrant débarqué en Italie.
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