Le 18 juillet 2021 sera célébré le bicentenaire de la naissance de la cantatrice et compositrice française Pauline Viardot. L’occasion pour cette figure emblématique de la musique classique européenne de revenir sous les feux des projecteurs.
Thomas Cousin, diplômé du Collège d’Europe et membre associé du conseil scientifique du Centre européen de la musique, nous présente cette figure d'exception.
Qui est Pauline Viardot ?
Thomas Cousin : Pauline Viardot est une figure fondamentale de l'opéra romantique. Elle est née en 1821 et a traversé le XIXe siècle pour finalement mourir en 1910 à la veille de la Première guerre mondiale. Elle est une figure historique qui a traversé un siècle dont elle fut à la fois témoin et à l’avant-garde.
Pauline Viardot est à la fois cantatrice, compositrice, pianiste, costumière, dessinatrice, caricaturiste… Elle a un panel de possibilités exceptionnel. C’est une cosmopolite polyglotte qui parle six langues et qui a porté le répertoire européen de Madrid à Saint-Pétersbourg - en passant par Londres, Paris, Vienne, Berlin - devant toutes les cours européennes et têtes couronnées du moment.
De par sa dimension exceptionnelle, elle était au centre des grands réseaux artistiques, culturels et intellectuels européens du XIXe siècle et c'est incroyable qu'elle ne soit pas connue aujourd'hui !
Pauline Viardot accueillait tous ces artistes et intellectuels dans des salons : où étaient-ils et qui les fréquentait ?
TC : Ses salons à Paris, à Baden-Baden et à Bougival étaient des lieux uniques de dialogues, de musique, de rencontres entre toute l'Europe culturelle du XIXe siècle.
Il y avait dans ces salons : Chopin, Liszt, Rossini, Verdi, Flaubert, Zola, Tourguéniev, Tchaikovsky, Wagner, Clara Schumann, Georges Sand ... Toute la quintessence de l'Europe culturelle.
La culture et la musique étaient-elles en avance sur la construction européenne ?
TC : La musique est un langage universel, elle établit des ponts entre les hommes, entre les cultures, entre les différentes communautés. Le développement des routes et des infrastructures au XIXe siècle a permis à de plus en plus d'intellectuel.le.s et d'artistes à l'avant-garde de cette conscience européenne, de voyager partout en Europe et de dépasser les frontières.
L'avenir de l'Europe passe t-il par une meilleure visibilité des femmes qui ont fait son histoire ?
TC : Exactement ! On pousse actuellement à faire reconnaitre dans l’histoire européenne plus de femmes dont les destins d’exception n’ont rien à envier au destin de certains
grands hommes. C’est un sujet de plus en plus d’actualité. Mais il y a encore énormément de travail à faire. La postérité n’a pas reconnu Pauline Viardot alors qu’on a affaire ici à un joyaux du XIXe siècle !