Mélanie Rouger, membre de Greenpeace Nantes, explique l'objectif du Livre Blanc pour le climat. Propos recueillis par Julia Natri.
Mélanie Rouger, vous êtes membre de Greenpeace Nantes. Quelles sont les actions que vous menez en ce moment au niveau local ?
"On est en ce moment sur une campagne, alimentation-agriculture, qui vise à réduire la part de protéines animales dans les cantines scolaires, maternelles et primaires. On a aussi une campagne transport pour réduire la place de la voiture, pour augmenter la place du vélo et de la marche à pied."
Avec 18 autres collectifs, vous avez rédigé un Livre Blanc sur le climat. C’est une feuille de route pour les futurs élus de Nantes Métropole, avec un objectif fixé, rester sous la barre des 1,5 degré d’augmentation de la température. D’où vient cette initiative ?
"Nous nous sommes inspirés d’un autre livre blanc similaire mis en place à Marseille. L’idée de base c’est l’urgence climatique. Le GIEC, le Groupement Intergouvernemental sur l’évolution du climat, qui a sorti un rapport en 2018, rappelle que 50 à 70% des mesures à prendre pour rester sous la barre des 1,5 degré, sont à prendre à l’échelon local. Les municipales qui arrivent très prochainement sont cruciales puisque les maires qui seront élus seront en action sur plus de la moitié du temps qui nous reste d’ici 2030. Ce sont les maires qui vont pouvoir prendre des décisions et impulser peut-être un mouvement plus général."
Est-ce que lancer cette impulsion à Nantes permettra d’impliquer plus largement d’autres villes en France et en Europe ?
"Ce Livre Blanc peut donner des idées à d’autres villes de lancer un mouvement similaire. Ca peut donner envie à d’autres citoyens de pousser leur commune à agir plus concrètement pour réduire les gaz à effet de serre par exemple. Agissons à notre échelle, chacun doit faire sa part."
Vous indiquez dans le Livre Blanc qu’il est vraiment possible d’agir à l’échelle locale sur l’alimentation. Vous parlez de la mise en place d’une restauration collective écologique avec des produits bios, des aliments qui sont moins émetteurs de co2, avec moins de viande. Pourquoi c’est très important ?
"A Nantes, 18 000 repas sont servis chaque jour aux élèves des écoles publiques maternelles et primaires. Si on y ajoute les hôpitaux, les Ephad,…toute la restauration collective, ce sont d’énormes contrats qui peuvent être passés avec les producteurs locaux, qui pourraient se développer. Actuellement la cuisine centrale de Nantes, qui s’occupe des repas de cantine, travaille avec Manger Bio 44 qui est une antenne du groupement des agriculteurs biologiques du département. La Loire Atlantique se classe au 4ème rang des départements pour la production bio, réalisée sur seulement 16% de la totalité des terres agricoles utilisée. Donc il y a encore beaucoup de progrès possibles. Par contre pour l’élevage, la région des Pays de la Loire est la première en France pour la production bovine et la deuxième pour les productions de lait, volailles et porcs. A l’échelle mondiale 83% des terres utilisées en agriculture le sont pour l’élevage."
Dans le Livre Blanc vous appelez à travailler sur l’éducation, la citoyenneté pour changer nos pratiques au quotidien. Est-ce que vous pensez que la population est mentalement prête à ce changement ?
"Si les gens sont informés correctement, connaissent les enjeux, les risques et comprennent les bienfaits des mesures qu’on propose dans le Livre Blanc, ils seront d’accord pour faire ces efforts, changer leurs habitudes. Tout passe par l’information."