Pardonnez moi le barbarisme, mais il est des lieux plus manichéens que d’autres. Auschwitz ? Mal. Un cinéma ? Bien. Le cabinet d’un dentiste ? Mal. Chez soi avec le chauffage et un plaid l’hiver ? Bien. Parmi les autres, le doute est permis, c’est le cas des lieux à double fonction : à l’école, on s’y ennuie mais on progresse, à l'hôpital, on y guérit mais on risque d’y rester quand on y entre, au zoo, on regarde des animaux en cage, animaux qui auraient peut-être disparu sans zoo.
Mais au fait, d’où ça vient, les zoos ?
Les premières ménageries apparaissent au Moyen-âge en Europe. L’empereur Charlemagne en personne en possédait trois. Il y logeait ses éléphants, lions et autres chameaux, cadeaux raffinés offerts par des souverains étrangers. De Guillaume le conquérant à la famille Médicis en passant par Saint-Louis et Elisabeth 1ere du nom. Il n’est alors pas rare de voir un ours dans une ménagerie du monde arabe, des girafes détenus par des aristocrates germaniques ou encore des rhinocéros qui meurt en mer dans le transit, au large de l’Italie. Versaille dispose d’ailleurs d’une impressionnante collection d’oiseaux exotiques, dont la cour de France est friande. Louis XIV fit même construire une ménagerie pour animaux féroce, afin d’offrir aux ambassadeurs des combats spectaculaires et mortels entre par exemple, des tigres et des éléphants.
Ces établissements témoignent, à l’époque, de la richesse et du raffinement de grandes familles fortunées, aristocratiques, voire royales.
L’exotisme fait recette, au point de voir apparaître des ménageries itinérantes, qui sillonnent l’Europe dès le 18e siècle. L'encyclopédie de Diderot en parle d’ailleurs je cite comme des “établissements de luxe et de curiosité.” Le remplacement des aristocratie par des classes bourgeoise constitue un tournant : les ménageries privées deviennent peu à peu des parcs zoologiques publics. Le 19e siècle apporte un changement profond de philosophie, à Londres, Madrid, en France et en Prusse : une approche scientifique et une visée éducative deviennent des caractéristiques inhérentes aux premiers zoos modernes.
Les ménageries itinérantes n’existent plus que comme périphériques aux grands cirques.
La question se pose aujourd’hui, partout en Europe, d’interdire, à terme les zoos. Au nom du bien-être animal, les opposants à la captivité s’écharpent avec les partisans de zoos responsables, dédiés à la préservation de la biodiversité et à l’éducation des plus jeunes à l’empathie vis à vis des animaux.
A la jonction des deux, on trouve par exemple le parc Pairi Daiza en Belgique. Riche de 7000 animaux issus de 700 espèces répartis sur 70 hectares, il a été réélu meilleur parc zoologique d’Europe en 2019. Le Jardin des mondes, comme il est surnommé là bas, accueille plus de 2 millions de visiteurs chaque année et participe à de très nombreux programmes européens dédiés à la protection des espèces menacées.