La 33ème édition du festival Premiers plans d'Angers est maintenue en ligne du 25 au 31 janvier. En raison du contexte sanitaire, ce festival dédié aux premiers et deuxièmes longs-métrages de jeunes réalisateurs européens, a dû s'adapter. Entretien avec Claude-Éric Poiroux, son fondateur, délégué général et directeur artistique.
Comment le festival s'est-il adapté à la fermeture des salles de cinéma ?
On avait comme objectif de faire le festival dans des salles de cinéma au Centre de Congrès et dans les salles d’Angers, c’est vraiment notre ADN. Évidemment, il faut tenir compte des contraintes et on a trouvé une solution : le festival va se dérouler sur six mois, on va le commencer à la date prévue sous une forme inattendue, c'est à dire en ligne mais il va évoluer puisque les salles vont rouvrir. On espère bien que pendant le semestre jusqu'à la fin du mois d'août on aura l'occasion de présenter tout ou partie de la sélection cette année au public.
Dès que ce sera possible, une partie du festival se déroulera donc en salles ?
J’espère bien que dans les semaines ou les mois qui viennent les salles vont rouvrir. Nous, on a envie d’aller dans des salles de cinéma, avec des vrais écrans, des fauteuils et du monde rassemblé. On a la chance d’avoir des dizaines de salles dans notre région de très grande qualité et qui peuvent accueillir le festival de façon un peu événementielle.
Pourquoi avez-vous choisi de maintenir le festival avec une partie en ligne et de ne pas l'annuler ?
On s’est dit que si on annulait c’était pour refaire autre chose à un autre moment dont on n'était pas sûr non plus. On a donc fait trois choix : ce soir on va voir en ligne dans une salle virtuelle les films de la compétition. Tous les jours à 18h et à 20h30 pendant la semaine on va présenter des courts-métrages et des longs-métrages. Ces films vont être diffusés en ligne à la même heure. Le public ne va pas être rassemblé dans une salle mais il va y avoir quand même une communauté. A la fin du film, ils pourront rencontrer le réalisateur.
Pour revenir un peu à l’idée du festival Premier plans. Vous avez fondé ce festival en 1989, quelle était votre ambition au départ ?
Il y a quelque chose qui nous manque quand on est dans une salle de cinéma traditionnelle c’est le fait de pouvoir aller vers un peu plus de découverte, de faire partager au public des films qui ne sont pas forcément sur le marché. Cela a permis de lancer l'idée d'un festival où on pourrait faire des découvertes de films qui seraient inconnus, pas encore distribués et qui peut-être ne le seront pas.
Pourquoi vouloir mettre en lumière de jeunes réalisateurs européens ?
En 1989, on avait l’idée d'avoir une dimension européenne. A l'époque, l'Europe avait commencé à s'investir dans le domaine des médias, de la culture. On voulait montrer que l’Europe est constituée de pays mais aussi de cultures et de capacités d’imaginaire, de sujets qui ont tous quelque chose de commun : ils participent à l’Europe d’aujourd’hui. Presque tous ces pays ont une histoire du cinéma et ils ont tous un intérêt pour le cinéma. Il y a intérêt à réunir les cinéastes européens dans quelque chose qui leur est commun, pas seulement le territoire mais une conception du cinéma. Il ne faut pas oublier qu'après le cinéma américain, c'est le cinéma européen qui est le plus vu dans le monde. On est un lieu de production très diversifié, il y a beaucoup de jeunes cinéastes, il y a beaucoup d'écoles de cinéma. On a une capacité de renouvellement qu’on voulait refléter mais on voulait aussi agir sur les conditions d'apparition de ces cinéastes.
Rendez-vous dès ce soir sur la plateforme en ligne du Festival Premiers Plans d'Angers et jusqu'au 31 janvier.